Le Cinematographe
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Dispositifs scolaires

Nanouk l’esquimau

de Robert J. Flaherty


USA, 1922, 50 min, muet, Noir et Blanc

École et Cinéma 2015/16 – 3ème trimestre – Cycle 2

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Nanouk l’esquimau
La vie de Nanouk, un esquimau qui vit dans le Grand Nord canadien avec sa femme Nyla et leurs enfants. Ils nous font découvrir leurs coutumes, la construction d'un igloo, la chasse au phoque, les chiens de traîneau et les longues tempêtes de neige : la vie quotidienne d’une famille d’Esquimaux avec, au fil des saisons, la lutte contre le froid et la perpétuelle recherche de nourriture. Dans ce paysage de neige et de glace, cette vie quotidienne devient épopée.

« Plutôt que de chanter toujours la même antienne, « Flaherty est le père du documentaire » – répétez après moi ! C’est un alexandrin, la césure est après Flaherty (source de tous les mal-entendus) – écrivons autrement l’histoire d’un commencement : Nanook of the North est une matrice suprême. Flaherty’s Nanook/Matrix. Quand il rédige avec fièvre les linéaments de son récit pour donner corps à ses intentions, mots enlevés de verve, pochade en prose – sa fresque est pressante, ils’accommode mal de son impatience –, Flaherty se doute-t-il qu’il établit, là, l’américanissime thématique hollywoodienne – Walsh l’exaltera jusqu’à l’incandescence avec Objective, Burma ! – ordonnée autour d’un noyau narratif qui aimante et irradie chaque geste – chaque geste – de ses Inuits : le déplacement d’un petit groupe humain dans un environnement hostile ? Ce petit collectif, isolé dans un milieu extrême, menace obsédante pour sa survie, est une famille. Flaherty n’imagine pas de plus beau sujet, plus décanté, plus dramatique. Peu ou pas d’enfants qui découvriront le film vous diront le contraire. Ceux qui le connaissent, qui l’ont déjà vu, laisseront éclater leur joie à l’idée de le revoir encore une fois. Nanouk ! L’homme du Pôle magnétise les enfants. Que cette famille ne les laisse pas indifférents nous éclaire sur leurs désirs. Pourquoi se soudent-ils autour de celle de Nanouk ? Elle vit une vie surprise à son origine, filmée sous une lumière directe ; le soleil source de la vie (et de toute philosophie). Le moindre de ses actes apparaît indispensable à son existence. Pas un geste superflu n’embrouille ses rapports au monde. Gestes quotidiens et cependant fondamentaux. Gestes exemplaires. Ils magnifient le génie de ce petit groupe humain. Une famille peut-elle devenir épique ? Cet univers de l’extrême nécessité les sidère. Nanouk est au monde. Tout simplement. Il s’accorde à la place qui lui a été faite. Il l’accepte. Il accomplit ce pourquoi il a été fait. Sans tricher, sans mensonge. L’affectivité de chacun s’harmonise avec un geste authentique, rien moins que vital. Pas de désirs inutiles, pas de chantage affectif, rien qui poisse psychologiquement, ni culpabilise. Et puis que voient-ils aussi ? Un père qui prend le temps de jouer avec ses enfants ! À peine vient-il de finir la construction de leur maison. Mon élève Sylvester, ombre portée de son île Marie-Galante, vidé de toute mémoire immédiate – tous les matins, nous remplissons ensemble le tonneau des Danaïdes – , se remémore, plus de dix mois après avoir laissé Nanouk à sa mélancolie du Grand Nord, toutes les séquences du film ! Avec une précision de gestes qui en dit long sur sa soif d’y voir clair dans ses émotions pour (re)donner du sens à sa vie. Un sourire fend son visage quand il raconte la construction de l’igloo. Mais là n’est pas l’essentiel pour lui. Une émotion s’élève du fond de son âme quand il se penche vers le sol pour imiter Nanouk taillant le bloc de vraie glace qui deviendra la fenêtre. Elle étrangle les mots dans sa gorge quand il cherche son vocabulaire sommaire pour aller jusqu’au bout de son frémissement. Nanouk rajoute le dernier élément qui l’émerveille : un écran de glace, scellé perpendiculairement à la fenêtre, renvoie la lumière à l’intérieur de l’igloo. Nanouk se montre l’égal d’un Titan. Il capte et détourne la lumière du Soleil. Il l’infléchit vers l’intérieur de l’igloo. Admirable séquence, en effet. Elle doit moins à un film documentaire et davantage à l’imaginaire flamboyant de Robert Flaherty. »
Pierre Gabaston, extrait du Cahier de notes École et Cinéma sur Nanouk, l’esquimau

SÉANCES PUBLIQUES

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NANTES - Le Cinématographe - dim 20/09 14:30
ST NAZAIRE - Salle Jacques Tati - mer 16/09 15:00