LOI DU GENRE • NOVEMBRE 2016
USA, 1970, 1h45, VOSTF
avec Barbara Loden, Michael Higgins, Dorothy Shuppnes
avec Barbara Loden, Michael Higgins, Dorothy Shuppnes
Mariée à un mineur de Pennsylvanie et mère de deux enfants, Wanda ne s’occupe ni d’eux ni de sa maison, et passe la majeure partie de ses journées affalée sur le canapé du salon, en peignoir et bigoudis. Sans personnalité ni volonté, elle se laisse "divorcer".
« "Le héros d'un road movie peut aller à la dérive, mais il impose l'attention, c'est sa volonté qui structure l'espace. Il n'y a pas de comparaison avec la solitude, la désolation, suggérées par la marche quasi sur-réaliste de Wanda." En cinéaste, Barbara loden part de son expérience, part d'elle-même ("personne d'autre ne pouvait jouer ce rôle") pour exprimer un état féminin de la soumission et pour s'en différencier, pour s'en extraire. tourné caméra à l'épaule en 16 mm, en dix semaines, avec un tout petit budget, une équipe technique de quatre personnes, deux acteurs professionnels et le reste des rôles pris sur place et dans la rue, le film ne raconte rien que le vagabondage d'une femme dans les espaces violemment non hollywoodiens, sa dérive (to wander : errer) dans l'Amérique des "pauvres Blancs" de Pennsylvanie et du Connecticut : "...les personnages tournent en rond et ne vont nulle part. Wanda n'est pas socialement mobile, son histoire et non directionnelle." Wanda à l'air hagarde, une morte vivante, sans volonté, une déclassée comme du temps de Charlot et de la Dépression, et de fait tout paraît se détacher d'elle, l'abandonner : maison, mari et enfants, travail, argent. Quand elle a tout perdu et qu'il ne reste que son corps, elle s'accroche à des hommes de passage pour "profiter" de leur mouvement, jusqu'à devenir une sorte de compagne et de complice d'un braqueur sans avenir : "j'ai écrit le script dix environ avant Bonnie and Clyde. Je n'ai pas aimé ce film, parce qu'il n'était pas réaliste et qu'il présentait les personnages sous un jour séduisant. Ce genre de personnage ne se trouverait jamais dans ces situations, ne mènerait pas ce genre de vie : ils étaient trop beaux (...) Wanda est l'anti-Bonnie and clyde." Rien de moins glamour en effet que les lieux, les situations et les personnages de Wanda. Wanda elle-même nait de la fiction recouverte d'un drap, enfouie dans une maison au fond d'une mine à ciel ouvert, elle semble souvent l'ensevelissement quel que soit le milieu, à deux doigts de sombrer dans le plan : figure minuscule repérée au zoom dans un paysage de terrils, souvent couchée, recroquevillée sur une banquette, tassée dans une voiture, le visage dans ses mains, des habits sans forme. L'espace convenu du road movie, ces vues depuis un véhicule sur des paysages qui défilent (comme pour dire que ça valait le déplacement), a disparu lui aussi, il n'en reste que des lambeaux quelconques derrière les visages du conducteur et de sa passagère, tout parait à deux doigts de passer tout le temps , monde instable et précaire, et elle la première Wanda ou comment consister. Et, pourtant, Wanda se défait de son environnement autant qu'il se détache d'elle et, sans conscience de la subversion de son geste, refuse son unique destin d'épouse "modèle". Bernard Benoliel et Jean-Baptiste Thoret, Road Movie, USA, éditions Hoëbeke, 2011
« "Le héros d'un road movie peut aller à la dérive, mais il impose l'attention, c'est sa volonté qui structure l'espace. Il n'y a pas de comparaison avec la solitude, la désolation, suggérées par la marche quasi sur-réaliste de Wanda." En cinéaste, Barbara loden part de son expérience, part d'elle-même ("personne d'autre ne pouvait jouer ce rôle") pour exprimer un état féminin de la soumission et pour s'en différencier, pour s'en extraire. tourné caméra à l'épaule en 16 mm, en dix semaines, avec un tout petit budget, une équipe technique de quatre personnes, deux acteurs professionnels et le reste des rôles pris sur place et dans la rue, le film ne raconte rien que le vagabondage d'une femme dans les espaces violemment non hollywoodiens, sa dérive (to wander : errer) dans l'Amérique des "pauvres Blancs" de Pennsylvanie et du Connecticut : "...les personnages tournent en rond et ne vont nulle part. Wanda n'est pas socialement mobile, son histoire et non directionnelle." Wanda à l'air hagarde, une morte vivante, sans volonté, une déclassée comme du temps de Charlot et de la Dépression, et de fait tout paraît se détacher d'elle, l'abandonner : maison, mari et enfants, travail, argent. Quand elle a tout perdu et qu'il ne reste que son corps, elle s'accroche à des hommes de passage pour "profiter" de leur mouvement, jusqu'à devenir une sorte de compagne et de complice d'un braqueur sans avenir : "j'ai écrit le script dix environ avant Bonnie and Clyde. Je n'ai pas aimé ce film, parce qu'il n'était pas réaliste et qu'il présentait les personnages sous un jour séduisant. Ce genre de personnage ne se trouverait jamais dans ces situations, ne mènerait pas ce genre de vie : ils étaient trop beaux (...) Wanda est l'anti-Bonnie and clyde." Rien de moins glamour en effet que les lieux, les situations et les personnages de Wanda. Wanda elle-même nait de la fiction recouverte d'un drap, enfouie dans une maison au fond d'une mine à ciel ouvert, elle semble souvent l'ensevelissement quel que soit le milieu, à deux doigts de sombrer dans le plan : figure minuscule repérée au zoom dans un paysage de terrils, souvent couchée, recroquevillée sur une banquette, tassée dans une voiture, le visage dans ses mains, des habits sans forme. L'espace convenu du road movie, ces vues depuis un véhicule sur des paysages qui défilent (comme pour dire que ça valait le déplacement), a disparu lui aussi, il n'en reste que des lambeaux quelconques derrière les visages du conducteur et de sa passagère, tout parait à deux doigts de passer tout le temps , monde instable et précaire, et elle la première Wanda ou comment consister. Et, pourtant, Wanda se défait de son environnement autant qu'il se détache d'elle et, sans conscience de la subversion de son geste, refuse son unique destin d'épouse "modèle". Bernard Benoliel et Jean-Baptiste Thoret, Road Movie, USA, éditions Hoëbeke, 2011
Séances
mercredi 9/11 20:30 - - samedi 12/11 14:30 - - vendredi 18/11 18:30 - - samedi 19/11 21:00
> Programmé à l'occasion du cycle L'Amérique des marges en octobre-novembre au Cinématographe
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