Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

du vendredi 5 au dimanche 7 février 2016


Out 1 : noli me tangere



WEEK END OUT 1 • FÉVRIER 2016

de Jacques Rivette
France, 1971, 12h35, 8 épisodes, version intégrale
avec Jean-Pierre Léaud, Michael Lonsdale, Bernadette Lafont, Éric Rohmer, Bulle Ogier, Barbet Schroeder, Juliet Berto, Françoise Fabian, Jean-François Stévenin
NUM • VERSION RESTAURÉE

8 ÉPISODES
1. De Lili à Thomas (90 mn)
2. De Thomas à Frédérique (110 mn)
3. De Frédérique à Sarah (108 mn)
4. De Sarah à Colin (106 mn)
5. De Colin à Pauline (89 mn)
6. De Pauline à Émilie (101 mn)
7. D’Émilie à Lucie (98 mn)
8. De Lucie à Marie (73 mn)

OUT 1
OUT 1
Paris, 13 avril 1970. Deux troupes de théâtre d’avant-garde répètent chacune une pièce d’Eschyle. Un jeune sourd-muet fait la manche dans les cafés en jouant de l’harmonica. Une jeune femme séduit des hommes pour leur soutirer de l’argent. Alors qu’une conspiration se dessine, des liens se tissent entre les différents protagonistes…

Membre fondateur de la Nouvelle Vague avec Jean-Luc Godard, François Truffaut, Éric Rohmer et Claude Chabrol, Jacques Rivette a toujours été l’électron libre à l’esthétique la plus radicale. Out 1, son quatrième long-métrage et l’apogée de son art, en est le meilleur exemple. Jean-Pierre Léaud y interprète un jeune homme fantasque qui reçoit des messages anonymes le mettant sur la piste d’un mystérieux groupe de conspirateurs.

Fondé sur un concept unique, notamment l’absence de scénario et des clins d’œil à Honoré de Balzac et Lewis Carroll, Out 1 est demeuré presque invisible pendant plus de quarante ans. Out 1 : noli me tangere, la version intégrale, en huit épisodes, et Out 1 : Spectre, la version courte, sont enfin disponibles en versions restaurées 2K supervisées par le chef-opérateur Pierre-William Glenn (La Nuit américaine). Les personnages hauts en couleurs que Léaud rencontre au cours de sa quête sont interprétés par Juliet Berto, Michael Lonsdale, Bernadette Lafont, Bulle Ogier, Françoise Fabian, Jean-François Stévenin et autres icônes de la Nouvelle Vague, avec des apparitions d’Éric Rohmer et Barbet Schroeder.

Voyage en immersion totale à la croisée du cinéma, de la littérature et du théâtre, Out 1 est considéré comme le Graal du cinéma français contemporain !


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> Tarif pass week end : Réduit : 20 € / Plein : 24 €

> Tarifs habituels par épisode


Un coffret prestige Out 1 DVD / Blu-Ray à gagner en achetant un pass dès maintenant au Cinématographe.*

*Un tirage au sort aura lieu avant la projection du premier épisode le vendredi 5 février à 21:00.

En partenariat avec Carlotta Films.


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LA BEAUTÉ DU GESTE, ÉLOGE DE JACQUES RIVETTE

L’expression « éloge funèbre » ne convient pas à Jacques Rivette. Eloge, peut-être, funèbre, non. Jacques était un rieur. Je me souviens voir son rire pour ainsi dire détaché de son visage, flottant, le rire du chat d’Alice, insituable. Ni mépris, ni supériorité, un étonnement, seulement, celui d’un enfant qui aimait filmer les femmes et qui n’avait pour cela besoin d’aucun laissez-passer de scénario. Peut-on même parler d’improvisation quand, toute fascination écartée, l’on s’aperçoit que Rivette filme à peu près toujours les mêmes situations, la seule même situation : celle de l’improbable rencontre de chacun (chacune) avec son autre ? Les chemins se croisent et les corps s’évitent, et voilà pourquoi ça dure, pourquoi ça n’a pas de fin. Tout est aimanté, chez Rivette, les corps, les paroles, les gestes, les nuages, tout s’attire sans s’atteindre. Peut-être le cinéaste comptait-il sur la beauté contrariée de ses personnages féminins, portés par des comédiennes aussi géniales que Bulle Ogier ou Juliet Berto, Jane Birkin ou Sandrine Bonnaire, pour parvenir à des intensités de pur cinéma, au-delà de l’intrigue, au-delà du récit, au-delà de la pertinence, au-delà même de l’invocation rituelle à la cohérence, à la justification, à la logique, à la nécessité, qui sont l’ordinaire de notre temps, et qu’un seul plan-séquence de quinze minutes avait le pouvoir de dissoudre jusqu’à la sortie du cinéma. Jacques Rivette m’aura appris à aimer le presque-rien du temps qui passe en devenant, sur un écran, presque tout. Autrement dit, laisser libre la fiction de devenir documentaire.

Jean-Louis Comolli, 29 janvier 2016.
Publié sur cesfilmsapart

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David Mazhari, bénévole au Cinématographe, était présent sur ce week end spécial et a tiré un très joli texte de cette expérience, à lire cliquant ici