PROGRAMMATION MAI 2007
France, 1963, 1h46
Avec Jean-Claude Aimini, Yveline Cery, Stefania Sabatini, Vittorio Caprioli
Avec Jean-Claude Aimini, Yveline Cery, Stefania Sabatini, Vittorio Caprioli
Paris, 1960. Michel doit bientôt partir en Algérie pour faire son service. En attendant, il travaille comme machiniste à la télévision, ce qui lui permet de faire croire aux filles qu'il est une vedette... Jacques Rozier saisit merveilleusement les gestes et les mots du quotidien dans leur durée réelle, offrant un instantané précis de la France de l’époque, sur fond angoissant de guerre d’Algérie.
« Réalisé dans la foulée de la Nouvelle Vague, ce film en est l’un des plus caractéristiques. Jacques Rozier l’a conçu comme un reportage sur ses personnages, incarnés par des comédiens non-professionnels, qui improvisent le plus souvent leurs dialogues sur un canevas préalable. Il saisit ainsi merveilleusement les gestes et les mots du quotidien dans leur durée réelle, offrant un instantané précis de la France de l’époque, sur fond angoissant de guerre d’Algérie. »
Joël Magny, Les Cahiers du cinéma
« Cette chronique au jour le jour d'un jeune homme, Michel, éphémère porteur de câbles à la télé, qui drague un soir deux copines, la description de leurs atermoiements sentimentaux, leur recherche d'un travail prestigieux (dans le cinéma, évidemment), les scènes saisies sur le vif, entre filles, entre garçons, en famille, leur départ à trois en vacances en toute immoralité avant que Michel ne rejoigne son régiment, ne font pas une "histoire" au sens classique du terme. Ils font une rivière dansante de moments, de regards de gestes de mots (en réalité laborieusement retrouvés en auditorium par le réalisateur après l'échec des prises en son direct). Malgré la difficulté de vivre, sur laquelle Rozier ne jette aucun voile, passe une vitalité joyeuse, une santé rieuse et tendre, émaillés d'éclats de pure loufoquerie, soudain obscurcie par de sombres bouffées venues d'Algérie, le temps d'un insert sur le film "Montserrat" évoquant la torture, ou du silence d'un copain "qui en revient". Comme dans Les 400 coups de Truffaut, Hiroshima mon amour de Resnais, A bout de souffle de Godard, Le signe du Lion de Rohmer, Ascenseur pour l'échafaud de Malle, Cléo de 5 à 7 de Varda, La jetée de Marker, Lola de Demy, Paris nous appartient de Rivette, Adieu Philippine montre des gens qui marchent qui voyagent et qui partent. Pas parce que l'endroit où vont les gens est important pour l'intrigue, et pas non plus comme séquence de transition. Le plus souvent dans les rues de Paris, ils marchent parce qu'on marche dans la vie, ils marchent parce que le cinéma est un cinéma en mouvement, ils marchent parce que le réalisateur éprouve un tel bonheur de filmer que cette activité devient le signal de l'élan que ces films impriment au cinéma. Avec ces personnages en vadrouille, c'est le monde qui s'engouffre dans le cinéma et sur la bande-son, où bruits du quotidien, voix, in ou off, conversations surprises ou rajoutées, informations de la radio, musiques "de film" ou pas, contribuent non à "l'enregistrement du réel", cette version policière du réalisme, mais au dévoilement d'un monde multiple. Le départ de Michel à la fin de Adieu Philippine n'est pas triste. Le tonus accumulé durant le film, la volonté du réalisateur que ça continue contredisent et dépassent la noirceur de l'événement final. »
Ciné-club de Caen
« Réalisé dans la foulée de la Nouvelle Vague, ce film en est l’un des plus caractéristiques. Jacques Rozier l’a conçu comme un reportage sur ses personnages, incarnés par des comédiens non-professionnels, qui improvisent le plus souvent leurs dialogues sur un canevas préalable. Il saisit ainsi merveilleusement les gestes et les mots du quotidien dans leur durée réelle, offrant un instantané précis de la France de l’époque, sur fond angoissant de guerre d’Algérie. »
Joël Magny, Les Cahiers du cinéma
« Cette chronique au jour le jour d'un jeune homme, Michel, éphémère porteur de câbles à la télé, qui drague un soir deux copines, la description de leurs atermoiements sentimentaux, leur recherche d'un travail prestigieux (dans le cinéma, évidemment), les scènes saisies sur le vif, entre filles, entre garçons, en famille, leur départ à trois en vacances en toute immoralité avant que Michel ne rejoigne son régiment, ne font pas une "histoire" au sens classique du terme. Ils font une rivière dansante de moments, de regards de gestes de mots (en réalité laborieusement retrouvés en auditorium par le réalisateur après l'échec des prises en son direct). Malgré la difficulté de vivre, sur laquelle Rozier ne jette aucun voile, passe une vitalité joyeuse, une santé rieuse et tendre, émaillés d'éclats de pure loufoquerie, soudain obscurcie par de sombres bouffées venues d'Algérie, le temps d'un insert sur le film "Montserrat" évoquant la torture, ou du silence d'un copain "qui en revient". Comme dans Les 400 coups de Truffaut, Hiroshima mon amour de Resnais, A bout de souffle de Godard, Le signe du Lion de Rohmer, Ascenseur pour l'échafaud de Malle, Cléo de 5 à 7 de Varda, La jetée de Marker, Lola de Demy, Paris nous appartient de Rivette, Adieu Philippine montre des gens qui marchent qui voyagent et qui partent. Pas parce que l'endroit où vont les gens est important pour l'intrigue, et pas non plus comme séquence de transition. Le plus souvent dans les rues de Paris, ils marchent parce qu'on marche dans la vie, ils marchent parce que le cinéma est un cinéma en mouvement, ils marchent parce que le réalisateur éprouve un tel bonheur de filmer que cette activité devient le signal de l'élan que ces films impriment au cinéma. Avec ces personnages en vadrouille, c'est le monde qui s'engouffre dans le cinéma et sur la bande-son, où bruits du quotidien, voix, in ou off, conversations surprises ou rajoutées, informations de la radio, musiques "de film" ou pas, contribuent non à "l'enregistrement du réel", cette version policière du réalisme, mais au dévoilement d'un monde multiple. Le départ de Michel à la fin de Adieu Philippine n'est pas triste. Le tonus accumulé durant le film, la volonté du réalisateur que ça continue contredisent et dépassent la noirceur de l'événement final. »
Ciné-club de Caen
SEANCES
mardi 29 mai à 21h
dimanche 3 juin à 19h
dimanche 3 juin à 19h