CINÉMA D'HIER ET D'AUJOURD'HUI • MAI 2013
Italie, 1971, 1h43, VOSTF
avec Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Ely Galleani, Yvonne Furneaux
RÉÉDITION
avec Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Ely Galleani, Yvonne Furneaux
RÉÉDITION
Ce film de Dino Risi est construit sur l'affrontement entre un petit juge progressiste chargé d'une enquête sur la mort suspecte d'une prostituée et un industriel richissime et réactionnaire, corrupteur, pollueur, soupçonné d'en être l'auteur. C'est d'abord un duel entre deux acteurs d'exception Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman alors véritables stars de la comédie italienne, et dont le seul jeu détermine le rythme de la mise en scène. Un portrait de l'Italie ou le monde dépeint avec la cruauté de Risi est l'envers du miracle économique avec des personnages tous irrécupérables.
"Pourquoi Au nom du peuple italien est-il l’une des plus belles réussites de la comédie à l’italienne ?
D’abord parce que le film, du moins dans ses deux premiers tiers, est très drôle, mettant en scène avec un sens de l’observation admirable, qualité reconnue des deux grands scénaristes Age et Scarpelli, des personnages secondaires hauts en couleur et particulièrement bien écrits.
Parce que les idées de gags fusent, que Risi manie la métaphore avec une réelle gaieté (le palais de justice qui tombe en ruine, le petit poisson que le juge réussit à pêcher avec un grand filet, le chef d’industrie interrogé en costume de général romain, etc.), parce que ses deux interprètes principaux sont en pleine forme.
Mais il y a une raison plus profonde à cette réussite évidente. Dino Risi (Une vie difficile, Parfum de femme…) y aborde quasi frontalement l’une des contradictions intellectuelles internes de la comédie italienne : peut-on, idéologiquement parlant, se moquer des revers les plus folkloriques du citoyen italien issu du peuple (son incivilité, son origine régionale, son goût immodéré pour le football, les arrangements financiers et les petites femmes faciles), sans tomber dans le mépris social ? Comment critiquer son propre peuple sans faire dans la moralisation bourgeoise ?
Le récit d’Au nom du peuple italien oppose deux personnages : un juge incorruptible, Bonifazi, droit dans ses bottes, de gauche, qui rêve d’une Italie propre (Ugo Tognazzi), face à Santenocito, un richissime homme d’affaires véreux d’origine sicilienne, menteur, hâbleur, machiste, malhonnête (Vittorio Gassman, dans un de ses rôles favoris).
Le ton semble donné : d’un côté, il y a le bon justicier, et de l’autre l’escroc type, issu du boom économique italien de l’après-guerre par des moyens pas toujours très reluisants et dont l’héritier direct sera l’Homo berlusconus.
Or, petit à petit, Risi brouille les cartes. On retrouve une jeune prostituée morte, et Santenocito la connaissait… Une bonne occasion pour le juge de coincer ce représentant de l’Italie qu’il déteste. Sans jamais glorifier ou condamner tel ou tel, Risi met en avant les préjugés des uns et l’hystérie des autres. Jusqu’à aboutir à un final presque fellinien, d’un profond désespoir et d’une évidente misanthropie."
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
"Pourquoi Au nom du peuple italien est-il l’une des plus belles réussites de la comédie à l’italienne ?
D’abord parce que le film, du moins dans ses deux premiers tiers, est très drôle, mettant en scène avec un sens de l’observation admirable, qualité reconnue des deux grands scénaristes Age et Scarpelli, des personnages secondaires hauts en couleur et particulièrement bien écrits.
Parce que les idées de gags fusent, que Risi manie la métaphore avec une réelle gaieté (le palais de justice qui tombe en ruine, le petit poisson que le juge réussit à pêcher avec un grand filet, le chef d’industrie interrogé en costume de général romain, etc.), parce que ses deux interprètes principaux sont en pleine forme.
Mais il y a une raison plus profonde à cette réussite évidente. Dino Risi (Une vie difficile, Parfum de femme…) y aborde quasi frontalement l’une des contradictions intellectuelles internes de la comédie italienne : peut-on, idéologiquement parlant, se moquer des revers les plus folkloriques du citoyen italien issu du peuple (son incivilité, son origine régionale, son goût immodéré pour le football, les arrangements financiers et les petites femmes faciles), sans tomber dans le mépris social ? Comment critiquer son propre peuple sans faire dans la moralisation bourgeoise ?
Le récit d’Au nom du peuple italien oppose deux personnages : un juge incorruptible, Bonifazi, droit dans ses bottes, de gauche, qui rêve d’une Italie propre (Ugo Tognazzi), face à Santenocito, un richissime homme d’affaires véreux d’origine sicilienne, menteur, hâbleur, machiste, malhonnête (Vittorio Gassman, dans un de ses rôles favoris).
Le ton semble donné : d’un côté, il y a le bon justicier, et de l’autre l’escroc type, issu du boom économique italien de l’après-guerre par des moyens pas toujours très reluisants et dont l’héritier direct sera l’Homo berlusconus.
Or, petit à petit, Risi brouille les cartes. On retrouve une jeune prostituée morte, et Santenocito la connaissait… Une bonne occasion pour le juge de coincer ce représentant de l’Italie qu’il déteste. Sans jamais glorifier ou condamner tel ou tel, Risi met en avant les préjugés des uns et l’hystérie des autres. Jusqu’à aboutir à un final presque fellinien, d’un profond désespoir et d’une évidente misanthropie."
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
Séances
Vendredi 24 mai 2013 à 18h30
Lundi 27 mai 2013 à 21h
Samedi 1er juin 2013 à 19h
Dimanche 2 juin 2013 à 21h
Lundi 27 mai 2013 à 21h
Samedi 1er juin 2013 à 19h
Dimanche 2 juin 2013 à 21h