Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

Archives 2001-2011

ECHO PARK L.A. (QUINCEAÑERA)


de Richard Glatzer et Wash Westmorland



PROGRAMMATION AVRIL 2007

USA, 2005, 1h30, VOSTF
Avec Emily Rios, Chalo Gonzalez, Jesse Garcia, Terah Gisolo, Carmen Aguirre, Art Aroustamian

ECHO PARK L.A. (QUINCEAÑERA)
Magdalena vit au sein de la communauté latinos d¹Echo Park, un quartier de Los Angeles. Avec ses parents, elle prépare sa quinceañera, la grande célébration traditionnelle qui aura lieu pour l'anniversaire de ses quinze ans. Mais Magdalena tombe enceinte. Rejetée par son père, elle est hébergée par son grand oncle Thomas et son cousin Carlos. Ces quelques mois de vie commune marqueront un tournant dans la vie de chacun tout comme le quartier d¹Echo Park, lui aussi en profonde mutation.

« Echo Park, L.A.,( Quinceañera en VO), comme son titre ''français'' l'indique, est un film de quartier.(…). Quinceañera, au-delà de l'histoire intime de plusieurs familles latinas, raconte aussi un quartier à fortes racines traditionnelles qui est en train de se démantibuler sous la pression du commerce, de l'afflux des bobos et du boom immobilier. ''Les tamales sont à mourir !'' font deux pétasses artistes devant un stand de graille clandestin (juste une encoignure de porte qui, effectivement, abrite un étal tous les soirs sur Sunset). Richard Glatzer et Wash Westmoreland ont beau avoir réalisé leur film à toute blinde (trois semaines), le quartier change encore plus vite : Funky Revolution, le magasin de fripes, est devenu une boutique d'antiquaire. Même le cul-de-sac qu'habitent les cinéastes a passablement dérouillé depuis le dernier clap : les voisins de chaque côté d'eux ont été contraints de partir à cause des hausses de loyers. Sur la gauche, un trou béant attend ses quatre condominiums. Il y a encore un an, c'était la maison de l'héroïne, Magdalena. Sur la droite, vivait la famille qui a inspiré les auteurs. En 2004, six mois avant la fête elle-même, elle leur avait demandé d'être les photographes de la quinceañera de sa fille (…) ''On habite ici depuis 2001, et on connaissait toutes les familles de la rue,dit Wash avec un fort accent du Yorkshire. Peut-être parce que c'est un cul-de-sac qui surplombe Sunset. On a filmé dans beaucoup de ces maisons, qu'on n'a pas du tout apprêtées ou habillées. On voulait vraiment donner un portrait du quartier. À part le cimetière, qui est à Hollywood, on a fait ça dans un rayon d'un kilomètre et demi.'' (…) Le quartier d'Echo Park, coincé entre les collines et l'autoroute, Silver Lake et downtown, a toujours été un bastion un peu retors à la colonisation. De vieilles alliances ont changé au cours des ans : dans les années 70, en plus des Hispaniques, le quartier comptait beaucoup plus d'homos. Les saunas et les bars cuir étaient légion, mais, depuis le sida, seul un écriteau ''No cruising'' sur Hyperion rappelle encore cette rage de vivre. Depuis dix ans, les nouveaux arrivants sont les jeunes blancs, tendance artistes ou marginaux, ceux qui ne peuvent pas s'offrir Silver Lake ou Los Feliz, mais aussi beaucoup d'orientaux – complètement absents du quartier hispanisant montré par Westmoreland et Glatzer. Qui n'est pas non plus le ghetto dur et fétichisé que montrait Allison Anders dans son film faiblard de 1993, Mi vida loca. L'a priori voulu de Glatzer et Westmoreland est pourtant défendable, la qualité de leur film étant la modestie de l'entreprise, en plus d'une certaine gentillesse, qui ne tombe jamais dans la douceur ou le sentimental et n'exclut pas les dures vérités. Plusieurs points de l'histoire leur viennent aussi d'une inspiration inattendue : les films anglais des années 60, dont l'American Cinematheque a donné une rétrospective il y a deux ans. Leur boîte de production s'appelle Kitchen Sink Entertainment, d'après ce mouvement ''réaliste'' qu'on avait baptisé à l'époque ''l'école de l'évier''. (…) En fait, plus qu'une esthétique, les cinéastes voient dans l'école Kitchen Sink une sorte de réalisme poétique, pas si engagée politiquement. ''Notre film est une comédie, mais qui dit des choses sérieuses sur pas mal de sujets, ajoute Glatzer. Et aussi, revoir ces films anglais nous a fait prendre conscience à quel point le cinéma indépendant américain évitait le social et le politique, à une époque où, au contraire, la politique de ce pays a le plus grand besoin d'être examinée à la loupe.'' »
Philippe Garnier, Libération

« À l'image de la ville – et plus encore du quartier – où il a été tourné, Echo Park, L.A. est bilingue espagnol/anglais. Détail symbolique : ce petit film indépendant raconte la vie quotidienne à Echo Park, quartier de Los Angeles où se concentre une importante communauté hispanique. À la fois adapté à son environnement immédiat et à ses changements, et ancré dans des racines d'ailleurs, faites de traditions ancestrales, c'est un quartier en pleine mutation. Ceci étant dit, on imagine des histoires de luttes raciales, de drogues et de gangs. Mais non, si toutes ces données sont évoquées en arrière plan, Echo Park est presque exempt de violence, les réalisateurs ayant sans doute choisi de se focaliser plutôt sur les aspects positifs de leur environnement. (…) Echo Park n'est pas un film politique, même si c'est une dimension difficile à évacuer quand on décrit la vie d'un quartier communautaire plus ou moins défavorisé. Il est difficile de parler des hispano-américains sans avoir en tête les questions d'immigration, d'intégration, de racisme... Mais c'est surtout l'esprit de cette communauté qui est analysé, plus que sa confrontation au reste du monde. Entre tolérance et étroitesse d'esprit, adaptation et décalage ou incompréhension, c'est un monde tout en nuances qui est décrit, avec beaucoup d'affection. La construction du récit – la fameuse fête qui ouvre et clôt le film – sur le mode de l'éternel recommencement semble vouloir perpétuer ces traditions. Les petits-enfants reproduisent les rituels de leurs grands parents, mais intègrent – parfois dans la violence – les évolutions du monde, lui permettant d'avancer. La scène d'ouverture montre en effet un rituel assez orthodoxe, quand la fin figure une certaine émancipation du poids des traditions. Le quartier s'adapte à ses mutations. Dans ses références au passé et son ancrage dans le présent, à travers la mise en scène du mélange des cultures, des langues, des générations, Echo Park parle finalement un langage universel. La focale est serrée – une communauté au sein d'un quartier déterminé – mais donne à voir un plan bien plus large. »
Vanina Arrighi de Casanova, Fluctuat.net

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