PROGRAMMATION JANVIER 2009
USA, 1955, 1h46, VOSTF
Avec Ralph Meeker, Marian Carr, Cloris Leachman, Albert Dekker, Maxine Cooper
Avec Ralph Meeker, Marian Carr, Cloris Leachman, Albert Dekker, Maxine Cooper
Mike Hammer recueille une jeune femme poursuivie par des gangsters. Ils la retrouvent, la tuent tandis que Mike est envoyé à l'hôpital. A sa sortie, il est bien décidé à trouver la clé de l'énigme. Ainsi commence un thriller terriblement efficace, modèle du film noir des années cinquante, « vertigineuse parabole sur la menace atomique ».
« Là où Mickey Spillane écrivait : « La fille apparut brusquement dans le champ lumineux de mes phares, agitant ses deux bras comme une marionnette, et je lâchai une bordée de jurons qui me laissa les oreilles bourdonnantes », Robert Aldrich convoque l'Épouvante, et l'Émerveillement. Moyennant quoi, En quatrième vitesse – le film – s'ouvre sur le halètement d'une femme, nue sous son imperméable, halètement insupportable et terrifiant. Ici, le cinéma se souvient qu'il est sonore, et que ce qui s'entend compte autant, sinon plus, que ce qui se voit. Godard, qui dédiera À bout de souffle à la Monogram, maison de production dans laquelle Aldrich démarra, ne l'oubliera pas, et, chez lui, comme chez le modèle américain, l'invisible ne sera jamais négligé. Donc, au point de départ, un thriller, pas mal ficelé, mais pauvre en perspectives, et, à l'arrivée, une pure merveille précise et implacable, tel un instantané radiographique. Les gangsters et le privé ont quitté leurs toges viriles, et du statut d'archétypes usés ils se sont hissés au rang de figures prophétiques. Au rebours de la plupart des séries noires, mais sans renier leurs qualités véristes, En quatrième vitesse use de la convention pour parler de ce qui occupait Lancelot et ses compagnons : la quête du vrai, et, mine de rien, du perpétuel. Reste que sans authenticité dans la manière de saisir au vol le banal et le fréquent, sans précision dans la description du milieu, le film tournerait vite au ridicule. Le supplément d'âme n'est possible que par une attention de tous les instants à la vie qui passe, sinon gare au pathos. Dans En quatrième vitesse, il y a des répondeurs téléphoniques, aussi angoissants que les trucages de Cocteau, et des bolides automobiles qui font « va, va, voum », plus emblématiques encore de la vanité humaine que les mannequins de Bergman. Et il y a aussi des visages tuméfiés, des femmes maltraitées, des morts en suspens, en somme les preuves patentes que, contre la décadence, contre la déchéance, le lyrisme seul protège. Qu'importe alors que le film se clôture sur une explosion atomique, puisque la conscience s'entête à résister.»
Dictionnaire des films (Dir. Bernard Rapp&Jean-Claude Lamy), Editions Larousse
« En quatrième vitesse n'est pas qu'une adaptation de plus d'un polar de Mickey Spillane, mais un film exceptionnel, réalisé par l'un des meilleurs cinéastes hollywoodiens de la génération des années 50. Aldrich nous invite à une véritable descente aux Enfers, et le film se transforme en une parabole fulgurante sur le gangstérisme et le monde des ténèbres. Tous les ingrédients du genre sont en place : un privé confronté à une mystérieuse enquête, une atmosphère de violence et l'assortiment habituel de truands, de vamps et de policiers. Comme il se doit, Aldrich a choisi la nuit, l'inquiétante nuit des villes américaines, et en quelques minutes il atomise les conventions du genre, créant d'emblée un chef-d'oeuvre. Mike Hammer a toujours quelques minutes d'avance sur le spectateur, qui, fasciné et stupéfait, suit cette aventure criminelle, dont Aldrich se plaît à brouiller les pistes, sautant un indice et retournant brusquement en arrière. Un film fabuleux. »
André Moreau, Télérama
« Avec ce En quatrième vitesse complètement sadique et paranoïaque, Robert Aldrich prouve son grand intérêt pour les tréfonds de l’âme humaine où se côtoient la délation, la petitesse et la peur d’autrui. Reflet d’une certaine Amérique au début des années 1950, ce film est aussi un vrai bijou de mise en scène, d’une rigueur impitoyable.»
Clément Graminiès, « Sadisme et paranoïa»,
« Là où Mickey Spillane écrivait : « La fille apparut brusquement dans le champ lumineux de mes phares, agitant ses deux bras comme une marionnette, et je lâchai une bordée de jurons qui me laissa les oreilles bourdonnantes », Robert Aldrich convoque l'Épouvante, et l'Émerveillement. Moyennant quoi, En quatrième vitesse – le film – s'ouvre sur le halètement d'une femme, nue sous son imperméable, halètement insupportable et terrifiant. Ici, le cinéma se souvient qu'il est sonore, et que ce qui s'entend compte autant, sinon plus, que ce qui se voit. Godard, qui dédiera À bout de souffle à la Monogram, maison de production dans laquelle Aldrich démarra, ne l'oubliera pas, et, chez lui, comme chez le modèle américain, l'invisible ne sera jamais négligé. Donc, au point de départ, un thriller, pas mal ficelé, mais pauvre en perspectives, et, à l'arrivée, une pure merveille précise et implacable, tel un instantané radiographique. Les gangsters et le privé ont quitté leurs toges viriles, et du statut d'archétypes usés ils se sont hissés au rang de figures prophétiques. Au rebours de la plupart des séries noires, mais sans renier leurs qualités véristes, En quatrième vitesse use de la convention pour parler de ce qui occupait Lancelot et ses compagnons : la quête du vrai, et, mine de rien, du perpétuel. Reste que sans authenticité dans la manière de saisir au vol le banal et le fréquent, sans précision dans la description du milieu, le film tournerait vite au ridicule. Le supplément d'âme n'est possible que par une attention de tous les instants à la vie qui passe, sinon gare au pathos. Dans En quatrième vitesse, il y a des répondeurs téléphoniques, aussi angoissants que les trucages de Cocteau, et des bolides automobiles qui font « va, va, voum », plus emblématiques encore de la vanité humaine que les mannequins de Bergman. Et il y a aussi des visages tuméfiés, des femmes maltraitées, des morts en suspens, en somme les preuves patentes que, contre la décadence, contre la déchéance, le lyrisme seul protège. Qu'importe alors que le film se clôture sur une explosion atomique, puisque la conscience s'entête à résister.»
Dictionnaire des films (Dir. Bernard Rapp&Jean-Claude Lamy), Editions Larousse
« En quatrième vitesse n'est pas qu'une adaptation de plus d'un polar de Mickey Spillane, mais un film exceptionnel, réalisé par l'un des meilleurs cinéastes hollywoodiens de la génération des années 50. Aldrich nous invite à une véritable descente aux Enfers, et le film se transforme en une parabole fulgurante sur le gangstérisme et le monde des ténèbres. Tous les ingrédients du genre sont en place : un privé confronté à une mystérieuse enquête, une atmosphère de violence et l'assortiment habituel de truands, de vamps et de policiers. Comme il se doit, Aldrich a choisi la nuit, l'inquiétante nuit des villes américaines, et en quelques minutes il atomise les conventions du genre, créant d'emblée un chef-d'oeuvre. Mike Hammer a toujours quelques minutes d'avance sur le spectateur, qui, fasciné et stupéfait, suit cette aventure criminelle, dont Aldrich se plaît à brouiller les pistes, sautant un indice et retournant brusquement en arrière. Un film fabuleux. »
André Moreau, Télérama
« Avec ce En quatrième vitesse complètement sadique et paranoïaque, Robert Aldrich prouve son grand intérêt pour les tréfonds de l’âme humaine où se côtoient la délation, la petitesse et la peur d’autrui. Reflet d’une certaine Amérique au début des années 1950, ce film est aussi un vrai bijou de mise en scène, d’une rigueur impitoyable.»
Clément Graminiès, « Sadisme et paranoïa»,
SEANCES
Vendredi 2 janvier à 18h30
Dimanche 4 janvier à 20h30
Dimanche 4 janvier à 20h30