CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014
USA, 1967, 2h06, VOSTF
avec John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Charlene Holt
VERSION RESTAURÉE
avec John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Charlene Holt
VERSION RESTAURÉE
En arrivant à El Dorado, l’aventurier Cole Thornton retrouve un ancien ami J.P. Harrah, aujourd’hui le shérif de la ville. Engagé par un propriétaire terrien du nom de Jason, Thornton renonce à sa mission quand Harrah lui apprend que l’objectif est de chasser les McDonald de leurs terres… Le but de Howard Hawks est ici de raconter une histoire simple, une histoire d’hommes dans la même veine que celle de Rio Bravo. Hawks transforme l’essai et confirme qu’avec une histoire quasiment identique, on peut réaliser un deuxième film formidable qui évite les maladresses grâce à un art de la variation imparable. Le metteur en scène va donc légèrement décaler les traits de ses personnages, les reconstruire avec des compromis et des différences en conservant la matrice d’origine. El Dorado rend autant hommage au genre auquel il appartient qu’à ces deux légendes du cinéma que sont John Wayne et Robert Mitchum.
Séances
Vendredi 2/01 18:30
Dimanche 4/01 21:00
Vendredi 9/01 18:30
Samedi 10/01 16:30
Dimanche 4/01 21:00
Vendredi 9/01 18:30
Samedi 10/01 16:30
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"Pour El Dorado, titre donné par Hawks à l’adaptation de « The Stars in Their Courses, Leigh Brackett (scénariste du film) estimait qu’elle s’était surpassée. « J’ai écrit le meilleur script de ma vie, le studio l’aimait, Wayne l’aimait et j’étais enchantée. »…
…. Hawks aimait ce premier scénario mais le rejeta : il voulait forcer Brackett à écrire ce qu’elle appelait par dérision Le Retour du fils de Rio Bravo. On peut imaginer diverses raisons à ce rejet : tout d’abord, Hawks fut frappé par la noirceur du scénario : « Je me suis dit, ça va être un de mes plus mauvais films. Je ne sais pas traiter ce genre de truc déprimant. » Il est facile, et peut-être exact, de spéculer que Hawks, dont la valeur commerciale commençait à être mise en question à Hollywood eut simplement envie de se réfugier en terrain connu et de refaire ce qu’il savait être efficace. Mais son refus tenait peut-être aussi au fait qu’il répugnait à tuer un protagoniste intéressant et sympathique. Peut-être aussi se rendait-il compte que sa tendance à accentuer le comique quand il travaillait avec Wayne entrerait en conflit avec la nature âpre et déterministe du roman.
Hawks n’hésita nullement à recycler des idées de Rio Bravo. S’il se pillait lui-même, disait-il, il n’était pas le seul, Hemingway le faisait continuellement. « Si un réalisateur a une histoire qui lui plaît et en tire un film, très souvent il regarde ce film et se dit « Je pourrais faire mieux si je le refaisais… » Si on pense que c’est une copie, je m’en fous, parce que la copie a rapporté plus d’argent que l’original, et j’en suis satisfait . »
Brackett fut la première à s’opposer à ce principe. « J’ai souvent été à couteaux tirés avec lui parce que je n’aime pas refaire la même chose, et lui si. Un jour on était dans son bureau avec lui et Wayne et il a dit on va faire ça et ça. J’ai dit « Mais vous l’avez déjà fait dans Rio Bravo, vous n’allez pas refaire la même chose. » Il a dit : « Pourquoi pas ? » Et Wayne, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, ajoute « Si c’était bien une fois, ça sera aussi bien. » ….
…. La façon dont Hawks plie le matériau à ses propres fins apparaît dès les premières minutes. Au lieu de commencer par une violente attaque, le film établit d’abord solidement l’élément le plus important aux yeux du réalisateur : l’amitié entre le gunman et le shérif (Wayne et Mitchum)… La seule scène importante conservée du roman et du scénario original est celle où Thornton, se croyant attaqué, blesse un des fils de McDonald, qui se suicide pour échapper à la douleur. Thornton ramène le cadavre du jeune garçon au ranch de son père et lui explique ce qui s’est passé : c’est une des manifestations les plus puissantes dans l’oeuvre de Hawks de l’attitude d’un stoïque devant la mort…
… A partir de là, l’intrigue et les personnages revoient directement à Rio Bravo, avec des situations et caractéristiques généralement inversées…. Pendant tout le film l’accent est mis sur la douleur physique, les infirmités, le vieillissement et la peur de perdre ses forces et son savoir-faire. Hawks avait traité de tels sujets dès son premier film. … Même s’il n’est pas aussi accompli que Rio Bravo ou divers autres films plus anciens de Hawks, El Dorado s’approche de ce que les critiques considèrent comme un chef-d’oeuvre de vieillesse, un film somme montrant qu’un grand cinéaste conserve toujours la faculté de s’exprimer éloquemment."
Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy
…. Hawks aimait ce premier scénario mais le rejeta : il voulait forcer Brackett à écrire ce qu’elle appelait par dérision Le Retour du fils de Rio Bravo. On peut imaginer diverses raisons à ce rejet : tout d’abord, Hawks fut frappé par la noirceur du scénario : « Je me suis dit, ça va être un de mes plus mauvais films. Je ne sais pas traiter ce genre de truc déprimant. » Il est facile, et peut-être exact, de spéculer que Hawks, dont la valeur commerciale commençait à être mise en question à Hollywood eut simplement envie de se réfugier en terrain connu et de refaire ce qu’il savait être efficace. Mais son refus tenait peut-être aussi au fait qu’il répugnait à tuer un protagoniste intéressant et sympathique. Peut-être aussi se rendait-il compte que sa tendance à accentuer le comique quand il travaillait avec Wayne entrerait en conflit avec la nature âpre et déterministe du roman.
Hawks n’hésita nullement à recycler des idées de Rio Bravo. S’il se pillait lui-même, disait-il, il n’était pas le seul, Hemingway le faisait continuellement. « Si un réalisateur a une histoire qui lui plaît et en tire un film, très souvent il regarde ce film et se dit « Je pourrais faire mieux si je le refaisais… » Si on pense que c’est une copie, je m’en fous, parce que la copie a rapporté plus d’argent que l’original, et j’en suis satisfait . »
Brackett fut la première à s’opposer à ce principe. « J’ai souvent été à couteaux tirés avec lui parce que je n’aime pas refaire la même chose, et lui si. Un jour on était dans son bureau avec lui et Wayne et il a dit on va faire ça et ça. J’ai dit « Mais vous l’avez déjà fait dans Rio Bravo, vous n’allez pas refaire la même chose. » Il a dit : « Pourquoi pas ? » Et Wayne, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, ajoute « Si c’était bien une fois, ça sera aussi bien. » ….
…. La façon dont Hawks plie le matériau à ses propres fins apparaît dès les premières minutes. Au lieu de commencer par une violente attaque, le film établit d’abord solidement l’élément le plus important aux yeux du réalisateur : l’amitié entre le gunman et le shérif (Wayne et Mitchum)… La seule scène importante conservée du roman et du scénario original est celle où Thornton, se croyant attaqué, blesse un des fils de McDonald, qui se suicide pour échapper à la douleur. Thornton ramène le cadavre du jeune garçon au ranch de son père et lui explique ce qui s’est passé : c’est une des manifestations les plus puissantes dans l’oeuvre de Hawks de l’attitude d’un stoïque devant la mort…
… A partir de là, l’intrigue et les personnages revoient directement à Rio Bravo, avec des situations et caractéristiques généralement inversées…. Pendant tout le film l’accent est mis sur la douleur physique, les infirmités, le vieillissement et la peur de perdre ses forces et son savoir-faire. Hawks avait traité de tels sujets dès son premier film. … Même s’il n’est pas aussi accompli que Rio Bravo ou divers autres films plus anciens de Hawks, El Dorado s’approche de ce que les critiques considèrent comme un chef-d’oeuvre de vieillesse, un film somme montrant qu’un grand cinéaste conserve toujours la faculté de s’exprimer éloquemment."
Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy