CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016
Philippine, 1976, 1h35, VOSTF
avec Hilda Koronal, Mona Lisa, Ruel Vernal
NUM • VERSION RESTAURÉE
avec Hilda Koronal, Mona Lisa, Ruel Vernal
NUM • VERSION RESTAURÉE
Accueilli à la Quinzaine des réalisateurs en 1978, Insiang est le premier film philippin présenté à Cannes. Il aura permis de révéler un immense cinéaste : Lino Brocka. Considéré comme un des films les plus significatifs d'une œuvre prolifique - cinq à six films chaque année -, le cinéaste y affirme une âpreté de regard sans concession pour la réalité des fanges de Manille où toute barrière morale semble s'effacer. Convoquant les conventions des récits populaires auxquels le public est habitué, Brocka subvertit leur orientation mélodramatique pour raconter à travers des histoires simples la crudité des relations humaines que la misère et la promiscuité des bas-fonds organisent.
"La sortie d’une version d’Insiang (1976) restaurée par la Cineteca de Bologne est un événement qui permet enfin aux nouvelles générations de découvrir le travail du grand Lino Brocka, cinéaste essentiel dont l’œuvre est restée indisponible pendant près de trente ans. Lino Brocka, né en 1939, mortellement fauché à 52 ans par une voiture, fut une étoile filante du théâtre et du cinéma philippins, et l’un de leurs principaux héros, en ceci qu’il s’est opposé courageusement, à travers ses œuvres, à la loi martiale de Ferdinand Marcos.
Premier cinéaste de l’archipel à atteindre une envergure internationale par sa présence, dès 1978, au Festival de Cannes (fait d’armes du grand découvreur Pierre Rissient), Brocka était pris d’une fièvre intarissable de création : au terme de vingt ans de carrière, sa filmographie avoisinait les soixante titres (soit en moyenne trois films par an). Il a fait partie d’une génération de rénovateurs du cinéma philippin, ayant su conquérir leur indépendance à l’intérieur d’une économie de genres solidement constituée. Loin de chercher à s’en distinguer, Brocka œuvra selon les codes du cinéma populaire, dont il sut convertir la force émotionnelle en puissant levier de contestation politique." Mathieu Macheret, Le Monde
"La page Wikipédia d’Insiang (1976) de Lino Brocka renvoie le film à son genre supposé, celui du rape and revenge, un tiroir du cinéma d’exploitation des années 70 qui en est venu, par l’intermédiaire de la critique de cinéma américaine, à embrasser un corpus plus large. On peut en résumer rapidement la formule : un viol donne lieu à une vengeance, de préférence sanglante. La fascination envers l’idée de justice expéditive (se soutenant de celle, tout aussi théologique, de culpabilité absolue) est bien un sous-genre de la cinéphilie, qui aura trouvé en Tarantino ou Haneke d’inviolables magistrats. Insiang, on s’en doute, fait tout autre chose. S’il relie en effet la vengeance à un questionnement sur la justice, c’est pour faire deux choses étonnantes : poser la question et y répondre. Lino Brocka (1939-1991), le grand homme du cinéma philippin, appartient à une lignée de cinéastes (ou plutôt une ligne, enfin moins une généalogie qu’un ensemble de traits communs) pour lesquels le seul critère de la justice est le bonheur, soit quelque chose qui a le monde entier contre lui. C’est une ligne de révolte, et des gens très bien l’ont comparé à Pasolini ou à Fassbinder. C’est aussi une ligne de désespoir : ni le crime ni sa vengeance ne participent au rétablissement du bonheur, pas plus qu’à l’établissement de la culpabilité." Luc Chessel, Libération
"La sortie d’une version d’Insiang (1976) restaurée par la Cineteca de Bologne est un événement qui permet enfin aux nouvelles générations de découvrir le travail du grand Lino Brocka, cinéaste essentiel dont l’œuvre est restée indisponible pendant près de trente ans. Lino Brocka, né en 1939, mortellement fauché à 52 ans par une voiture, fut une étoile filante du théâtre et du cinéma philippins, et l’un de leurs principaux héros, en ceci qu’il s’est opposé courageusement, à travers ses œuvres, à la loi martiale de Ferdinand Marcos.
Premier cinéaste de l’archipel à atteindre une envergure internationale par sa présence, dès 1978, au Festival de Cannes (fait d’armes du grand découvreur Pierre Rissient), Brocka était pris d’une fièvre intarissable de création : au terme de vingt ans de carrière, sa filmographie avoisinait les soixante titres (soit en moyenne trois films par an). Il a fait partie d’une génération de rénovateurs du cinéma philippin, ayant su conquérir leur indépendance à l’intérieur d’une économie de genres solidement constituée. Loin de chercher à s’en distinguer, Brocka œuvra selon les codes du cinéma populaire, dont il sut convertir la force émotionnelle en puissant levier de contestation politique." Mathieu Macheret, Le Monde
"La page Wikipédia d’Insiang (1976) de Lino Brocka renvoie le film à son genre supposé, celui du rape and revenge, un tiroir du cinéma d’exploitation des années 70 qui en est venu, par l’intermédiaire de la critique de cinéma américaine, à embrasser un corpus plus large. On peut en résumer rapidement la formule : un viol donne lieu à une vengeance, de préférence sanglante. La fascination envers l’idée de justice expéditive (se soutenant de celle, tout aussi théologique, de culpabilité absolue) est bien un sous-genre de la cinéphilie, qui aura trouvé en Tarantino ou Haneke d’inviolables magistrats. Insiang, on s’en doute, fait tout autre chose. S’il relie en effet la vengeance à un questionnement sur la justice, c’est pour faire deux choses étonnantes : poser la question et y répondre. Lino Brocka (1939-1991), le grand homme du cinéma philippin, appartient à une lignée de cinéastes (ou plutôt une ligne, enfin moins une généalogie qu’un ensemble de traits communs) pour lesquels le seul critère de la justice est le bonheur, soit quelque chose qui a le monde entier contre lui. C’est une ligne de révolte, et des gens très bien l’ont comparé à Pasolini ou à Fassbinder. C’est aussi une ligne de désespoir : ni le crime ni sa vengeance ne participent au rétablissement du bonheur, pas plus qu’à l’établissement de la culpabilité." Luc Chessel, Libération
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vendredi 30/09 18:30 - - dimanche 2/10 16:30 - - lundi 3/10 20:30
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