PROGRAMMATION MAI 2009
France-Italie-Russie, 2006, 2h01
Avec Séverin Blanchet, Jacynthe Jacquet,Otar Iosseliani, Lily Lavina, Denis Lambert
Avec Séverin Blanchet, Jacynthe Jacquet,Otar Iosseliani, Lily Lavina, Denis Lambert
Vincent est un ministre tout puissant : un immense bureau, des secrétaires, une limousine avec chauffeur et gardes du corps, une très belle femme Odile qui passe ses journées à dépenser son argent.Soudain, une manifestation gronde sous ses fenêtres, le peuple qu’il a si longtemps ignoré l’oblige à démissionner. Désormais seul, de retour dans l’appartement de son enfance, il redécouvre avec ses amis le plaisir de boire un verre, le goût de la musique, de la séduction amoureuse et la douceur des jardins publics. C’est dans l’authenticité de ces rencontres que Vincent retrouvera la joie de vivre.
« Ode à la liberté, à l’absence d’ambition, à l’abandon aux petits plaisirs hypnotiques de la vie, Jardins en automne est un film doux et jubilatoire. Pourtant, loin de décrire un monde parfait, Iosseliani n’en cache pas la violence : il n’y a pas de bons ni de méchants dans le film, seulement des gens qui agissent au gré des circonstances, avec une sorte de dignité stoïcienne, de fatalisme bonhomme.
Un ton qui passe évidemment par la mise en scène de Iosseliani, son style précis et imprécis à la fois, qui maintient toujours les personnages, leur paroles et les situations à distance (pas de gros plans intempestifs ici), comme pour nous aider à voir que tout cela n’est jamais bien grave, au fond. Il y a aussi des gags visuels, mais ils se font toujours fort discrets ; d’ailleurs on n’est jamais bien sûr qu’ils soient là réellement pour faire rire, juste pour faire sourire. D’où l’absence de recadrages qui les enfermeraient dans une tentative de comique forcément agressive : le cinéma de Iosseliani est sans doute le moins agressif qui soit. Même l’ironie, réelle – vis-à-vis des ambitieux, de ceux prêts à tout pour conquérir et garder le pouvoir, des naïfs qui rêvent de laisser leur trace dans l’histoire –, est teintée d’un petit je m’en-foutisme qui dirait : “Après tout, c’est leur problème, pourquoi m’en préoccuper et me gâcher la vie ?î
Aux excès de violence des bitures mal contrôlées, Iosseliani préfère, c’est évident, la douce (quoique parfois profonde) ivresse partagée, l’indulgence et la complicité des femmes, la volonté de profiter du temps présent (sur fond de photos de famille en noir et blanc, omniprésentes dans tous les appartements montrés), un amusement devant le comportement animal des hommes – parfois – (Jardins en automne contient une ménagerie assez étonnante : éléphants, sangliers, guépard, âne, etc.), une tristesse devant ceux qui ont choisi de faire le/leur malheur (le personnage de l’huissier fâché avec son père – père incarné par Jean Douchet, grand critique et acteur occasionnel chez les plus grands : Truffaut, Godard, Eustache, Monteiro et maintenant Iosseliani). Au malheur, Iosseliani oppose la liberté, un art de vivre peinard, la nonchalance. Jardins en automne est en cela le film le plus curatif, déstressant, qu’on puisse imaginer. Et puis il y a les derniers plans du film : d’abord l’image d’un jardin d’Eden selon Iosseliani, où l’on boit du vin – ce fruit d’une blessure, d’une griffure de la terre – dans un parc public en peignant les femmes qu’on aime, rassemblées derrière une table, et puis surtout ces nuages blancs dans un ciel bleu, le bruit des oiseaux, à la fois rassurant et inquiétant, comme l’est la nature. Comme un testament qui ne voudrait pas avoir la prétention de se dire tel, étranger à toute solennité. On souhaite néanmoins longue vie à Iosseliani : “Santé !" »
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
« Ode à la liberté, à l’absence d’ambition, à l’abandon aux petits plaisirs hypnotiques de la vie, Jardins en automne est un film doux et jubilatoire. Pourtant, loin de décrire un monde parfait, Iosseliani n’en cache pas la violence : il n’y a pas de bons ni de méchants dans le film, seulement des gens qui agissent au gré des circonstances, avec une sorte de dignité stoïcienne, de fatalisme bonhomme.
Un ton qui passe évidemment par la mise en scène de Iosseliani, son style précis et imprécis à la fois, qui maintient toujours les personnages, leur paroles et les situations à distance (pas de gros plans intempestifs ici), comme pour nous aider à voir que tout cela n’est jamais bien grave, au fond. Il y a aussi des gags visuels, mais ils se font toujours fort discrets ; d’ailleurs on n’est jamais bien sûr qu’ils soient là réellement pour faire rire, juste pour faire sourire. D’où l’absence de recadrages qui les enfermeraient dans une tentative de comique forcément agressive : le cinéma de Iosseliani est sans doute le moins agressif qui soit. Même l’ironie, réelle – vis-à-vis des ambitieux, de ceux prêts à tout pour conquérir et garder le pouvoir, des naïfs qui rêvent de laisser leur trace dans l’histoire –, est teintée d’un petit je m’en-foutisme qui dirait : “Après tout, c’est leur problème, pourquoi m’en préoccuper et me gâcher la vie ?î
Aux excès de violence des bitures mal contrôlées, Iosseliani préfère, c’est évident, la douce (quoique parfois profonde) ivresse partagée, l’indulgence et la complicité des femmes, la volonté de profiter du temps présent (sur fond de photos de famille en noir et blanc, omniprésentes dans tous les appartements montrés), un amusement devant le comportement animal des hommes – parfois – (Jardins en automne contient une ménagerie assez étonnante : éléphants, sangliers, guépard, âne, etc.), une tristesse devant ceux qui ont choisi de faire le/leur malheur (le personnage de l’huissier fâché avec son père – père incarné par Jean Douchet, grand critique et acteur occasionnel chez les plus grands : Truffaut, Godard, Eustache, Monteiro et maintenant Iosseliani). Au malheur, Iosseliani oppose la liberté, un art de vivre peinard, la nonchalance. Jardins en automne est en cela le film le plus curatif, déstressant, qu’on puisse imaginer. Et puis il y a les derniers plans du film : d’abord l’image d’un jardin d’Eden selon Iosseliani, où l’on boit du vin – ce fruit d’une blessure, d’une griffure de la terre – dans un parc public en peignant les femmes qu’on aime, rassemblées derrière une table, et puis surtout ces nuages blancs dans un ciel bleu, le bruit des oiseaux, à la fois rassurant et inquiétant, comme l’est la nature. Comme un testament qui ne voudrait pas avoir la prétention de se dire tel, étranger à toute solennité. On souhaite néanmoins longue vie à Iosseliani : “Santé !" »
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
SEANCES
Samedi 2 mai à 21h
Mardi 5 mai à 20h45
Mardi 5 mai à 20h45
