Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Johnny s'en va-t-en guerre (Johnny Got His Gun)


de Dalton Trumbo



EN GUERRES • OCTOBRE 2013

USA, 1971, 1h50, VOSTF
avec Timothy Bottoms, Don 'Red' Barry, Peter Brocco, Donald Sutherland

Johnny s'en va-t-en guerre (Johnny Got His Gun)
Joe Bonham est un jeune Américain plein d'enthousiasme qui décide de s'engager pour aller combattre sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Au cours d'une mission de reconnaissance, il est gravement blessé par un obus et perd la parole, la vue, l'ouïe et l'odorat. On lui ampute ensuite les quatre membres alors qu'on croit qu'il n'est plus conscient. Allongé sur son lit d'hôpital, il se remémore son passé et essaie de deviner le monde qui l'entoure à l'aide de la seule possibilité qui lui reste : la sensibilité de sa peau. Lorsque le personnel médical comprend que son âme et son être sont intacts sous ce corps en apparence décédé, ils doivent prendre une décision médicale selon les valeurs et les croyances de l'époque.

"Johnny revient de la guerre. Ou plutôt, ce qu'il reste de lui : son tronc, extirpé d'un trou d'obus, quelque part entre 1914 et 1918. Ni bras ni jambes ; plus d'yeux, pas de bouche : un légume, parqué dans une obscure chambre d'hôpital. Pourtant, sous son drap-linceul, Johnny est vivant, Johnny pense, se souvient, cauchemarde... Publié trois jours avant la Seconde Guerre mondiale, le roman de Trumbo fut retiré de la vente à la demande de son auteur pour empêcher l'extrême droite américaine de récupérer le martyre de Johnny. Le propos est pourtant sans ambiguïté : un brûlot contre l'abjection de la guerre. Ecrivain et scénariste engagé, Trumbo devint ensuite une victime du maccarthysme. L'adaptation au grand écran de son effrayante parabole devait être confiée à Buñuel. Après quelques avanies financières, Trumbo passa derrière la caméra.

Le résultat est saisissant : au fil des "évasions" mentales de Johnny, le cinéaste nous claustre dans ce corps mutilé, "enterré" vivant. La violence choque les esprits plus que les yeux : scènes oniriques ou tendres souvenirs alternent avec l'horreur des tranchées et l'angoisse du présent. Devenu "monstre", Johnny, cloué sur son lit de douleur, est caché comme une dangereuse pièce à conviction. Seule une infirmière parvient à communiquer avec lui... Entre férocité et compassion, ce film a la puissance des chefs-d'œuvre. "

Cécile Mury, Télérama

Séances

Samedi 12 octobre 2013 à 15h45
Dimanche 20 octobre 2013 à 21h