RÉTROSPECTIVE ERNST LUBITSCH • DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012
USA, 1925, 1h26, muet
Avec Ronald Colman, May MacAvoy, Irene Rich
Avec Ronald Colman, May MacAvoy, Irene Rich
La jeune Lady Windermere vit dans l'insouciance entre un mari amoureux, un soupirant qu'elle repousse coquettement et les réceptions mondaines qu'elle organise. Afin de reconquérir sa place dans la société, sa mère demande à son gendre de l'aider financièrement...
Là où Oscar Wilde tentait de dénoncer par le dialogue théâtral, Lubitsch remplace les mots et les phrases à double sens par des intrusions dans le champ ou des cadres fort audacieux..
"L’Eventail de Lady Windermere est souvent célébré par les spécialistes de Lubitsch (comme N. T. Binh et Christian Viviani, qui le considèrent comme le chef-d’œuvre de sa période muette) pour l’utilisation que le cinéaste berlino-hollywoodien fait des “panneaux” : rideaux, bosquets, colonnes, portes, coins de rue, caches, etc. Tous ces éléments, Lubitsch les fait coulisser pour jeter un voile pudique (sur une scène de séduction dans la rue, par exemple), pour révéler ou pour ellipser, mais aussi pour suggérer ce qu’on ne peut montrer (il est évident que Lubitsch s’amuse à évoquer à un moment du film, à l’aide d’une haie, la possibilité d’une fellation). Or, ces panneaux ont une autre fonction : montrer que les personnages, et surtout Lady Windermere, ne voient que ce qu’ils veulent bien voir, et que leurs décisions n’obéissent qu’à des apparences trompeuses, reflets de leurs désirs les moins avoués. Pour se convaincre que son mari était innocent, il eut suffi par exemple que Lady Windermere se décalât d’une dizaine de centimètres : elle aurait alors constaté que l’homme dissimulé derrière une colonne et qui prenait dans la sienne la main d’une autre femme n’était pas son mari, comme elle le pensait/souhaitait. Bref, c’est génial, courez vite, non voir mais regarder, non !, plutôt déguster L’Eventail de Lady Windermere (ça tombe bien, c’est un film qui prend son temps)."
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
"(...) Car le film est un bijou. De rares cartons explicatifs ponctuent l’intrigue. C’est visuellement – au moyen de ses décors, de ses mouvements de caméra – que Lubitsch parvient à restituer la férocité de la pièce d’Oscar Wilde. Et son amertume. Certes, le dénouement, d’une rare insolence, fait triompher le happy end. Mais la scène qui précède frappe, elle, par sa mélancolie : les deux "déclassés" de l’histoire – l’amoureux transi et la mère socialement indigne – se retrouvent définitivement vaincus et un plan splendide observe alors, de longues secondes, leur désenchantement et leur solitude."
Pierre Murat, Télérama
Là où Oscar Wilde tentait de dénoncer par le dialogue théâtral, Lubitsch remplace les mots et les phrases à double sens par des intrusions dans le champ ou des cadres fort audacieux..
"L’Eventail de Lady Windermere est souvent célébré par les spécialistes de Lubitsch (comme N. T. Binh et Christian Viviani, qui le considèrent comme le chef-d’œuvre de sa période muette) pour l’utilisation que le cinéaste berlino-hollywoodien fait des “panneaux” : rideaux, bosquets, colonnes, portes, coins de rue, caches, etc. Tous ces éléments, Lubitsch les fait coulisser pour jeter un voile pudique (sur une scène de séduction dans la rue, par exemple), pour révéler ou pour ellipser, mais aussi pour suggérer ce qu’on ne peut montrer (il est évident que Lubitsch s’amuse à évoquer à un moment du film, à l’aide d’une haie, la possibilité d’une fellation). Or, ces panneaux ont une autre fonction : montrer que les personnages, et surtout Lady Windermere, ne voient que ce qu’ils veulent bien voir, et que leurs décisions n’obéissent qu’à des apparences trompeuses, reflets de leurs désirs les moins avoués. Pour se convaincre que son mari était innocent, il eut suffi par exemple que Lady Windermere se décalât d’une dizaine de centimètres : elle aurait alors constaté que l’homme dissimulé derrière une colonne et qui prenait dans la sienne la main d’une autre femme n’était pas son mari, comme elle le pensait/souhaitait. Bref, c’est génial, courez vite, non voir mais regarder, non !, plutôt déguster L’Eventail de Lady Windermere (ça tombe bien, c’est un film qui prend son temps)."
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
"(...) Car le film est un bijou. De rares cartons explicatifs ponctuent l’intrigue. C’est visuellement – au moyen de ses décors, de ses mouvements de caméra – que Lubitsch parvient à restituer la férocité de la pièce d’Oscar Wilde. Et son amertume. Certes, le dénouement, d’une rare insolence, fait triompher le happy end. Mais la scène qui précède frappe, elle, par sa mélancolie : les deux "déclassés" de l’histoire – l’amoureux transi et la mère socialement indigne – se retrouvent définitivement vaincus et un plan splendide observe alors, de longues secondes, leur désenchantement et leur solitude."
Pierre Murat, Télérama
Séances
Mercredi 28 décembre 2011 à 20:30
Samedi 31 décembre 2011 à 17:00
Jeudi 5 janvier 2012 à 18:30
Samedi 31 décembre 2011 à 17:00
Jeudi 5 janvier 2012 à 18:30