PROGRAMMATION NOVEMBRE 2005
URSS, 1929, 1h05, muet
La vie d'Odessa. La ville s'éveille le matin et l'agitation grandit. À midi, c'est la pause. Le soir tombe. La caméra s'emballe. Les images se bousculent. Un festival d’effets spéciaux donne sa force à ce film manifeste, véritable pilier du septième art.
« À la fois manifeste futuriste et traité de grammaire cinématographiquien, le film se veut l’archétype de ce "ciné-œil" (kino-glaz), défini par le conseil des trois (Vertov, Kaufman et Svilova), refusant pêle-mêle l’art bourgeois, la fiction, le jeu d’acteurs et la facilité des intertitres. Un festival d’effets spéciaux donne sa force à ce film manifeste, véritable pilier du septième art. »
Pierre Murat, Télérama
« L’Homme à la caméra, manifeste cinématographique du "Ciné-Oeil", conçu et réalisé par le "Conseil des trois" (Vertov, Kaufman et Svilova), est d’abord un film destiné à produire d’autres films, dans le but de faire connaître la grammaire des moyens cinématographiques. Comme film manifeste, il s’oppose au cinéma de fiction, au cinéma littéraire, au cinéma qui a recours à l’acteur de théâtre et à la langue écrite ("un film sans intertitre"). C’est une apologie de la technique cinématographique comme moyen de connaissance et d’appréhension du réel : l’homme à la caméra est celui qui engendre la vie, permet au mouvement d’apparaître, à la jeune fille de se dessiller les yeux et d’y voir clair. Le film décline toutes les facettes du processus de la vision, surplombante, en gros plan, accélérée, ralentie, douée d’ubiquité… Mais l’homme à la caméra n’est pas un voyeur, c’est un travailleur qui apporte sa contribution au développement de la production socialiste, au même titre que les mineurs de charbon, les ouvriers des usines électriques, les emballeuses de cigarettes et les téléphonistes. La caméra est un super-œil ; le caméraman, allié à la monteuse, possède les pouvoir du docteur Frankenstein : ils ont la capacité de créer des êtres proprement filmiques, une jeune femme à partir de fragments de mannequins, une ville imaginaire à partir d’éléments d’immeubles, de magasins, d’usines, de cinémas, de bars, de rues et de places. C’est le principe de la "géographie créatrice". C’est la caméra qui décrit le flux de la vie, mêlant les images de la naissance, celles de la mort, du mariage, du divorce, du plaisir et du travail comme plaisir, dans un discours filmique délibérément non linéaire, fondé sur le montage associatif, la métaphore, l’anticipation et le brusque retour en arrière, à l’image de la structure libre d’un poème de Maïakovski… La ville est à l’image d’un corps humain : les rues et les rails des tramways sont ses artères, le sémaphore de la place centrale est son cœur. C’est ce double mouvement métaphorique liant les techniques cinématographiques, le corps humain et le tissu urbanistique d’une ville qui fait la densité extraordinaire de cet hymne à l"homme électrique" du futur. »
Michel Marie, Maître de conférence à Paris III
« À la fois manifeste futuriste et traité de grammaire cinématographiquien, le film se veut l’archétype de ce "ciné-œil" (kino-glaz), défini par le conseil des trois (Vertov, Kaufman et Svilova), refusant pêle-mêle l’art bourgeois, la fiction, le jeu d’acteurs et la facilité des intertitres. Un festival d’effets spéciaux donne sa force à ce film manifeste, véritable pilier du septième art. »
Pierre Murat, Télérama
« L’Homme à la caméra, manifeste cinématographique du "Ciné-Oeil", conçu et réalisé par le "Conseil des trois" (Vertov, Kaufman et Svilova), est d’abord un film destiné à produire d’autres films, dans le but de faire connaître la grammaire des moyens cinématographiques. Comme film manifeste, il s’oppose au cinéma de fiction, au cinéma littéraire, au cinéma qui a recours à l’acteur de théâtre et à la langue écrite ("un film sans intertitre"). C’est une apologie de la technique cinématographique comme moyen de connaissance et d’appréhension du réel : l’homme à la caméra est celui qui engendre la vie, permet au mouvement d’apparaître, à la jeune fille de se dessiller les yeux et d’y voir clair. Le film décline toutes les facettes du processus de la vision, surplombante, en gros plan, accélérée, ralentie, douée d’ubiquité… Mais l’homme à la caméra n’est pas un voyeur, c’est un travailleur qui apporte sa contribution au développement de la production socialiste, au même titre que les mineurs de charbon, les ouvriers des usines électriques, les emballeuses de cigarettes et les téléphonistes. La caméra est un super-œil ; le caméraman, allié à la monteuse, possède les pouvoir du docteur Frankenstein : ils ont la capacité de créer des êtres proprement filmiques, une jeune femme à partir de fragments de mannequins, une ville imaginaire à partir d’éléments d’immeubles, de magasins, d’usines, de cinémas, de bars, de rues et de places. C’est le principe de la "géographie créatrice". C’est la caméra qui décrit le flux de la vie, mêlant les images de la naissance, celles de la mort, du mariage, du divorce, du plaisir et du travail comme plaisir, dans un discours filmique délibérément non linéaire, fondé sur le montage associatif, la métaphore, l’anticipation et le brusque retour en arrière, à l’image de la structure libre d’un poème de Maïakovski… La ville est à l’image d’un corps humain : les rues et les rails des tramways sont ses artères, le sémaphore de la place centrale est son cœur. C’est ce double mouvement métaphorique liant les techniques cinématographiques, le corps humain et le tissu urbanistique d’une ville qui fait la densité extraordinaire de cet hymne à l"homme électrique" du futur. »
Michel Marie, Maître de conférence à Paris III
SEANCE
mardi 15 novembre à 20h30