PROGRAMMATION MAI 2007
France, 1997, 1h30, documentaire
Pour les législatives de 1997 dans les Bouches-du-Rhône, une question taraude la droite : que faire du Front national ?
« Que faire du Front National ? Que faire de l’offensive de Bruno Mégret dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône (Vitrolles, Marignane, Châteauneuf-les-Martigues) ? Ces deux questions se posent moins à gauche (nationalement ou localement) qu’à droite : la question des alliances est toujours brûlante pour la droite parlementaire. Il y a les positions de principe et les réalités du terrain électoral. Les déclarations d’intention, les condamnations publiques sont une chose. Les comportements des électeurs une autre. À quelques jours de la dissolution de l’Assemblée nationale, il apparaît que le problème douloureux mais central de cette nouvelle bataille est bien celui d’une évaluation des rapports de force entre la droite qui gouverne (RPR - UDF) et l’extrême droite (FN). Qui domine qui, qui cède à l’autre? »
Jean-Louis Comolli, Michel Samson, Rétrospective de la série, Centre Pompidou, novembre 2003
« Dans les films sur le Front national, les électeurs ou les cadres de ce parti apparaissent souvent stupides, ridicules... Or, si ses militants sont aussi bêtes, pourquoi ce parti est-il devenu aussi fort ? Lutter contre un ennemi puissant en le caricaturant est une idée extrêmement faible. Cela revient à mettre tout le monde du bon côté et à faire comme s’il n’y avait pas de problème. Regarder l’ennemi avec la plus grande attention me semble beaucoup plus intéressant. Je trouve plus juste, plus dialectique et plus profond de le faire apparaître pour ce qu’il est, c’est-à-dire au meilleur de lui-même. Même si c’est le pire pour moi. Le danger vient du fait que le Front national représente une force dans la société française. C’est cette force qu’il faut montrer, pas une figure de cire grimaçante. Prendre l’ennemi au sérieux, c’est aussi prendre la lutte politique au sérieux. Sinon, il faut faire autre chose, du divertissement, du spectacle... Pourtant, cette démarche, qui a été la mienne et celle de beaucoup d’autres, me paraît aujourd’hui insuffisante. Je pense qu’il ne faut plus filmer le Front national frontalement car on l’isole, on le met sur une scène où il est seul. Or, toute la question politique est : il n’est pas seul, il est un peu partout. Et il y a les ''autres'' : alliés, amis, complices. Dans Jeux de rôles à Carpentras je développais déjà cette idée : filmer le Front national de manière oblique, en suivant les tours et les détours du chemin qui mène à cette idéologie. »
Jean-Louis Comolli. Propos recueillis par Céline Leclère dans ''Jean-Louis Comolli, la politique à l’usage du temps'', La Pensée de midi n°12, printemps 2004
« Que faire du Front National ? Que faire de l’offensive de Bruno Mégret dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône (Vitrolles, Marignane, Châteauneuf-les-Martigues) ? Ces deux questions se posent moins à gauche (nationalement ou localement) qu’à droite : la question des alliances est toujours brûlante pour la droite parlementaire. Il y a les positions de principe et les réalités du terrain électoral. Les déclarations d’intention, les condamnations publiques sont une chose. Les comportements des électeurs une autre. À quelques jours de la dissolution de l’Assemblée nationale, il apparaît que le problème douloureux mais central de cette nouvelle bataille est bien celui d’une évaluation des rapports de force entre la droite qui gouverne (RPR - UDF) et l’extrême droite (FN). Qui domine qui, qui cède à l’autre? »
Jean-Louis Comolli, Michel Samson, Rétrospective de la série, Centre Pompidou, novembre 2003
« Dans les films sur le Front national, les électeurs ou les cadres de ce parti apparaissent souvent stupides, ridicules... Or, si ses militants sont aussi bêtes, pourquoi ce parti est-il devenu aussi fort ? Lutter contre un ennemi puissant en le caricaturant est une idée extrêmement faible. Cela revient à mettre tout le monde du bon côté et à faire comme s’il n’y avait pas de problème. Regarder l’ennemi avec la plus grande attention me semble beaucoup plus intéressant. Je trouve plus juste, plus dialectique et plus profond de le faire apparaître pour ce qu’il est, c’est-à-dire au meilleur de lui-même. Même si c’est le pire pour moi. Le danger vient du fait que le Front national représente une force dans la société française. C’est cette force qu’il faut montrer, pas une figure de cire grimaçante. Prendre l’ennemi au sérieux, c’est aussi prendre la lutte politique au sérieux. Sinon, il faut faire autre chose, du divertissement, du spectacle... Pourtant, cette démarche, qui a été la mienne et celle de beaucoup d’autres, me paraît aujourd’hui insuffisante. Je pense qu’il ne faut plus filmer le Front national frontalement car on l’isole, on le met sur une scène où il est seul. Or, toute la question politique est : il n’est pas seul, il est un peu partout. Et il y a les ''autres'' : alliés, amis, complices. Dans Jeux de rôles à Carpentras je développais déjà cette idée : filmer le Front national de manière oblique, en suivant les tours et les détours du chemin qui mène à cette idéologie. »
Jean-Louis Comolli. Propos recueillis par Céline Leclère dans ''Jean-Louis Comolli, la politique à l’usage du temps'', La Pensée de midi n°12, printemps 2004
SEANCE UNIQUE
vendredi 25 mai à 19h