PROGRAMMATION JUIN 2011
Iran, 1996, 1h39, VOSTF
avec Homayoun Ershadi, Ahdolrahman Bagheri, Safar Ali Moradi
avec Homayoun Ershadi, Ahdolrahman Bagheri, Safar Ali Moradi
Un homme d'une cinquantaine d'années cherche quelqu'un qui aurait besoin d'argent pour effectuer une mission assez spéciale. Au cours de sa quête, il rencontre dans la banlieue de Téhéran un soldat, un étudiant en théologie et un gardien de musée, vivant à la limite de la marginalité. Chacun va réagir à sa proposition de façon différente. Kiarostami pose les codes d'un art qui lui est propre pour offrir une fable philosophique d'une extrême beauté...
« (...) Par la voix d'un vieux Turc, le cinéaste tient la mort en respect et parle du goût des mûres. II est inutile d'en dire d'avantage, sinon qu'une fois encore Kiarostami nous fait don d'une sagesse de haute tradition poétique, mêlant la douleur et l'ivresse. Il n'est plus sûr du tout que ce soit la dépression et les lacunes de la vie qui font aborder les rivages de la mort, mais, au contraire, le sentiment d'un trop- plein, d'un excès qui bientôt vous anéantit. Ce vitalisme indéfectible du maître iranien agissait déjà dans ses précédents films, contre toutes les catastrophes, contre tous les échecs. Mais Le Goût de la cerise marque une rupture de style importante. Kiarostami y abandonne ses habituelles structures en abyme pour un filmage frontal de la situation. Le cinéaste ne veut plus que l'on se perde dans le labyrinthe de la représentation, mais plutôt nous enterrer vivant sous ses images. Comme si des tonnes de terre tombaient de l'écran dans le tombeau de la salle. Il fallait cette violence faite au spectateur pour ensuite faire couler le flot suave d'un espoir retrouvé.
Dans un texte de la revue Tasvir, daté de 1993, Kiarostami raconte que, se promenant un jour avec l'un des ses fils, ce dernier lui dit: «Papa, l'oeil, c'est une chose bizarre, hein!» «Pourquoi?», lui demande son père. «Parce que deux verres ronds et très petits peuvent voir toutes ces choses si grandes.» Le Goût de la cerise pratique un montage incroyablement subtil entre le petit et le grand, le zéro et l'infini, va et vient du détail au tableau, bouleversant toutes les perspectives, et nous laisse à peu près dans cet état d'enfance émerveillé. Alors, oui, l'oeil est une chose bizarre. »
Didier Péron, Libération
« Des hommes qui parlent dans une voiture qui roule. Une pensée qui chemine. En art, on utiliserait le mot installation : ici, c'est un procédé narratif quasi hypnotique. Il faut s'accrocher : mais, à l'arrivée, l'esprit est stimulé. Pas besoin d'être un habitué des films de Kiarostami pour goûter à la richesse de cette fable, Palme d'or 1997. Face à l'embrigadement du soldat et au dogme du religieux, le héros du Goût de la cerise cherche à exercer son libre arbitre. Rarement mise en scène aura été aussi évidente. Tout fait sens, ouvre le champ des interprétations. Et il suffit de quelques plans pour composer un magnifique regain, rappeler la beauté du ciel, le chuchotement de la pluie, bref, vanter le « goût de la cerise » qui ramènera, peut-être, le héros vers la vie. Un film qui fait le pari de l'intelligence. »
Aurélien Ferenczi, Télérama
« (...) Par la voix d'un vieux Turc, le cinéaste tient la mort en respect et parle du goût des mûres. II est inutile d'en dire d'avantage, sinon qu'une fois encore Kiarostami nous fait don d'une sagesse de haute tradition poétique, mêlant la douleur et l'ivresse. Il n'est plus sûr du tout que ce soit la dépression et les lacunes de la vie qui font aborder les rivages de la mort, mais, au contraire, le sentiment d'un trop- plein, d'un excès qui bientôt vous anéantit. Ce vitalisme indéfectible du maître iranien agissait déjà dans ses précédents films, contre toutes les catastrophes, contre tous les échecs. Mais Le Goût de la cerise marque une rupture de style importante. Kiarostami y abandonne ses habituelles structures en abyme pour un filmage frontal de la situation. Le cinéaste ne veut plus que l'on se perde dans le labyrinthe de la représentation, mais plutôt nous enterrer vivant sous ses images. Comme si des tonnes de terre tombaient de l'écran dans le tombeau de la salle. Il fallait cette violence faite au spectateur pour ensuite faire couler le flot suave d'un espoir retrouvé.
Dans un texte de la revue Tasvir, daté de 1993, Kiarostami raconte que, se promenant un jour avec l'un des ses fils, ce dernier lui dit: «Papa, l'oeil, c'est une chose bizarre, hein!» «Pourquoi?», lui demande son père. «Parce que deux verres ronds et très petits peuvent voir toutes ces choses si grandes.» Le Goût de la cerise pratique un montage incroyablement subtil entre le petit et le grand, le zéro et l'infini, va et vient du détail au tableau, bouleversant toutes les perspectives, et nous laisse à peu près dans cet état d'enfance émerveillé. Alors, oui, l'oeil est une chose bizarre. »
Didier Péron, Libération
« Des hommes qui parlent dans une voiture qui roule. Une pensée qui chemine. En art, on utiliserait le mot installation : ici, c'est un procédé narratif quasi hypnotique. Il faut s'accrocher : mais, à l'arrivée, l'esprit est stimulé. Pas besoin d'être un habitué des films de Kiarostami pour goûter à la richesse de cette fable, Palme d'or 1997. Face à l'embrigadement du soldat et au dogme du religieux, le héros du Goût de la cerise cherche à exercer son libre arbitre. Rarement mise en scène aura été aussi évidente. Tout fait sens, ouvre le champ des interprétations. Et il suffit de quelques plans pour composer un magnifique regain, rappeler la beauté du ciel, le chuchotement de la pluie, bref, vanter le « goût de la cerise » qui ramènera, peut-être, le héros vers la vie. Un film qui fait le pari de l'intelligence. »
Aurélien Ferenczi, Télérama
Séances
jeudi 16 juin à 19h
samedi 18 juin à 18h
dimanche 19 juin à 21h
samedi 18 juin à 18h
dimanche 19 juin à 21h