Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

Archives 2001-2011

LE PARRAIN II (THE GODFATHER PART II)


de Francis Ford Coppola



PROGRAMMATION FÉVRIER 2007

USA, 1974, 3h20, VOSTF
Avec Al Pacino, Robert De Niro, Robert Duvall, Diane Keaton, Lee Strasberg, James Caan, John Cazale

LE PARRAIN II (THE GODFATHER PART II)
La montée en puissance de la famille Corleone dirigée par Michael, lequel, en tentant en vain de ressembler à son père, ne fera preuve que d'une autorité dévastatrice qui peu à peu l'éloignera des personnes qu'il aime, et, parallèlement, l’histoire de Don Vito, depuis son arrivée aux États-Unis au début du siècle, jusqu’à sa réussite maffieuse. Autrement dit, Le Parrain II offre, tout à la fois, le préambule du Parrain I et sa suite…

« Coppola se délecte du statisme de son comédien, de son pas lent et funèbre, de ses mots hachés et servis au compte-goutte. Al Pacino/Michael marche vers la mort. Etonnant personnage, qui, voulant à tout prix conserver le "collectif" qui fonde son existence finit par s’enfermer progressivement dans sa carapace d’individu. Au bout du compte, il ne lui reste plus qu’à contempler les événements de loin et à se promener dans des lieux vides de vie, inexorablement seul. La scène de fin, flashback sur l’apogée de la famille Corleone – du vivant de Sonny, Fredo et Vito – fonctionne ainsi en mouvement circulaire : dix ans auparavant, Michael, engagé dans la seconde guerre mondiale contre l’avis de sa famille, est déjà isolé. L’unique chose qui lui reste – sa conscience – va l’abandonner petit à petit. L’étude psychologique d’un individu aux prises avec son milieu définissait déjà la première partie du Parrain. C’est principalement dans cet aspect que Le Parrain II agit comme une suite, de même que dans la mise en scène "opéresque" qui lui correspond. De l’aveu de Coppola, de nombreuses scènes font écho à la première partie (la fête d’ouverture, déjà citée, la tentative d’assassinat contre le Parrain, la superposition des meurtres). Michael est lui-même une copie presque caricaturale de son père. Il en adopte la posture, les manières, le mystère, et presque la voix. Mais Michael n’est pas Vito. Il ne sait pas réellement où il va. N’ayant pas choisi sa voie, il doute constamment, s’interroge, et fait alors les erreurs que Vito n’aurait jamais commises. La principale innovation de mise en scène du Parrain II réside dans sa construction. L’ombre de Vito est tellement omniprésente dans la destinée de Michael que Coppola a choisi de mettre en parallèle leurs deux vies, à trente ans d’écart, en intercalant l’une dans l’autre. L’objectif avoué du cinéaste étant de ne pas "répéter" son premier opus. On a pourtant le sentiment que Le Parrain II n’est pas un film différent, mais un approfondissement, menant inexorablement à un aboutissement (Le Parrain III, lui aussi non désiré par Coppola). Comme si la trilogie du Parrain avait une vie propre, contre la volonté même de son metteur en scène. Dans la première partie, on voyait la lente déchéance de Vito et l’ascension de son fils. Dans la deuxième partie, c’est l’exact contraire, et le parallèle est confondant de fluidité et de simplicité. Si l’histoire reste celle de Michael (les trois quarts du film lui sont consacrés), on retrouve le statut quasi religieux de Vito, petit immigré orphelin qui est à l’origine de tout. Coppola appuie le contraste entre la vie presque héroïque de Vito (couleurs éclatantes de la Sicile, grandes scènes baroques), et celle, monstrueuse et glauque, de son fils (lumières sombres, atmosphère feutrée et malsaine). Et si, au fond, le flash-back sur la prodigieuse réussite de Vito Corleone n’était pas lui aussi une plongée dans l’inconscient de Michael ? Au terme de sa gloire, Michael revoit à la fois ce qu’il aurait dû être (un père accompli, un homme respecté et craint) et ce qu’il n’a jamais voulu être (un assassin sans conscience). Pris dans l’étau de cet héritage paternel, Michael ne parvient pas encore à s’en détacher. Et lorsqu’il reviendra sur ses actes passés, il sera déjà trop tard. Mais du moins aura-t-il retrouvé sa conscience perdue. »
Ophélie Wiel, www.critikat.com

SEANCES

jeudi 8 février à 20h
samedi 10 février à 21h30 (Nuit du Parrain)
lundi 12 février à 20h