PROGRAMMATION DÉCEMBRE 2010
France-Angleterre, 1993, 2h, documentaire
Une autre acception du mot "tombeau" est celle d'une œuvre poétique composée en l'honneur d'un disparu. Ce disparu-là est le cinéaste russe Alexandre Ivanovitch Medvedkine. Lequel, au fil des ans, reprochait affectueusement à son homologue et ami Chris Marker de ne jamais lui écrire. En deux parties ("Le Royaume des ombres" ; "Les Ombres du royaume") et cinq lettres envoyées à titre posthume, Marker rattrape le temps perdu.
En un temps où "le sport à la mode est de trouver les coupables de tant de malheurs déversés en un siècle sur la Russie", Marker rend hommage à l'un d'eux. Son ami russe a 17 ans à la Révolution d'Octobre. Sa foi en un avenir socialiste radieux va survivre aux grandes purges, aux procès fabriqués des années 1930, à l'exécution d'Isaac Babel, l'ami de toujours. Mais, comme le rappelle Marker, Medvedkine ne fut jamais un propagandiste normalisé. Ses films extravagants aux héros déphasés, aux kolkhoziens cocasses nous en convainquent aisément, tout comme les témoignages, notamment celui de sa fille. Par petites touches et commentaires ciselés, le portrait s'affine, émaillé par les autres "livres d'images du conte de fées socialiste", ceux d'Eisenstein ou de Vertov. Marker filme Medvedkine pour la dernière fois en 1988. L'ami Alexandre meurt un an plus tard, dans l'euphorie de la perestroïka, sans avoir assisté au formidable écroulement du "pays victorieux" dont il s'était fait le chantre.
« Alexandre Ivanovitch Medvedkine est un cinéaste russe né en 1900. Ces entailles que les pères de famille font au chambranle des portes pour mesurer la croissance de leur progéniture, le siècle les a tracées sur sa vie : il avait 17 ans, c’était l’insurrection d’octobre - 20 ans, la guerre civile, et lui dans la cavalerie rouge avec Isaac Babel, - 38 ans, les procès staliniens, et son meilleur film Le Bonheur attaqué pour « boukharinisme » (...). Pas mal comme fil conducteur pour explorer la tragédie de notre siècle. Son énergie, son courage, ses illusions, ses désillusions, ses compromissions, ses bagarres avec les bureaucrates, ses illuminations prophétiques, ses aveuglements, volontaires ou non, son humour indestructible et la lumière déchirante que l’effondrement de l’URSS jette rétrospectivement sur toute sa vie, ce sont ceux de toute une génération, et c’est le portrait de cette génération que j’ai essayé de tracer à travers le portrait d’un ami. »
Chris Marker
En un temps où "le sport à la mode est de trouver les coupables de tant de malheurs déversés en un siècle sur la Russie", Marker rend hommage à l'un d'eux. Son ami russe a 17 ans à la Révolution d'Octobre. Sa foi en un avenir socialiste radieux va survivre aux grandes purges, aux procès fabriqués des années 1930, à l'exécution d'Isaac Babel, l'ami de toujours. Mais, comme le rappelle Marker, Medvedkine ne fut jamais un propagandiste normalisé. Ses films extravagants aux héros déphasés, aux kolkhoziens cocasses nous en convainquent aisément, tout comme les témoignages, notamment celui de sa fille. Par petites touches et commentaires ciselés, le portrait s'affine, émaillé par les autres "livres d'images du conte de fées socialiste", ceux d'Eisenstein ou de Vertov. Marker filme Medvedkine pour la dernière fois en 1988. L'ami Alexandre meurt un an plus tard, dans l'euphorie de la perestroïka, sans avoir assisté au formidable écroulement du "pays victorieux" dont il s'était fait le chantre.
« Alexandre Ivanovitch Medvedkine est un cinéaste russe né en 1900. Ces entailles que les pères de famille font au chambranle des portes pour mesurer la croissance de leur progéniture, le siècle les a tracées sur sa vie : il avait 17 ans, c’était l’insurrection d’octobre - 20 ans, la guerre civile, et lui dans la cavalerie rouge avec Isaac Babel, - 38 ans, les procès staliniens, et son meilleur film Le Bonheur attaqué pour « boukharinisme » (...). Pas mal comme fil conducteur pour explorer la tragédie de notre siècle. Son énergie, son courage, ses illusions, ses désillusions, ses compromissions, ses bagarres avec les bureaucrates, ses illuminations prophétiques, ses aveuglements, volontaires ou non, son humour indestructible et la lumière déchirante que l’effondrement de l’URSS jette rétrospectivement sur toute sa vie, ce sont ceux de toute une génération, et c’est le portrait de cette génération que j’ai essayé de tracer à travers le portrait d’un ami. »
Chris Marker
Séances
mardi 14 décembre à 20h30
dimanche 19 décembre à 18h45
dimanche 19 décembre à 18h45