Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

Archives 2001-2011

LE VIOLON (EL VIOLIN)


de Francisco Vargas



PROGRAMMATION JUIN-JUILLET 2007

Mexique, 2006, 1h38, VOSTF
Avec Don Angel Tavira, Dagoberto Gama, Fermin Martinez

LE VIOLON (EL VIOLIN)
Don Plutarco et son fils Genaro vivent une double vie. Fermiers et musiciens, ils font aussi partie de la guérilla qui tente de renverser le gouvernement. L'armée attaque le village. La guerilla prépare la contre attaque mais les munitions sont restées cachées dans le village. Grâce à son violon, Don Plutarco va se faire accepter par l'ennemi. Une fable à mi-chemin entre néo-réalisme et modernité formaliste..


La petite ville, il n’y va que pour gagner quelques sous en faisant de la musique. Ou pour aider son fils à récupérer des armes. Le reste du temps, Plutarco, le vieux violoniste manchot (pour jouer, il attache son poignet à l’archet avec un ruban), vit dans la forêt. Espace immense, apparemment tranquille, mais où le danger se dissimule derrière chaque buisson, chaque colline. Car la dictature règne, les militaires traquent les résistants et forcent les paysans, ces « olvidados » modernes, à fuir chaque jour un peu plus loin. A la suite d’une rafle, la bru de Plutarco et sa petite-fille disparaissent. Après avoir emprunté une mule à un propriétaire foncier faussement bonasse, il se rend sur son lopin de terre, occupé à présent par des soldats, sous le commandement d’un officier apparemment mélomane.
C’est fou ce que certains militaires aiment la musique : le rêve du capitaine, par exemple, aurait été de jouer du violon, comme Plutarco, mais un caprice du destin l’a transformé en petit chef, en séide de dictateur, en bourreau occasionnel. Impassible, le vieux violoniste se propose de lui donner des cours, alors qu’il ne songe qu’à déterrer, dans son champ, des munitions et les apporter, au plus vite, aux résistants.
C’est ce duel entre deux matois jouant aux benêts, essayant de se duper l’un l’autre – un affrontement digne d’un western épuré – qui est au cœur du premier film du Mexicain Francisco Vargas. Film où la violence n’éclate que par stridences, notamment lors d’un prologue terrifiant de sauvagerie. Le plus souvent, le jeune réalisateur mise, au contraire, sur l’angoisse sourde, le péril entrevu. Et quelques trouvailles ingénieuses de scénario et de mise en scène : ainsi la silhouette de l’ivrogne qui tangue interminablement devant l’entrée d’un bistrot – et dont on se demande longtemps ce qu’elle fait là – permet-elle à un paysan-résistant d’éviter un contrôle de police…
Le film est sombre et ardent. Entre le capitaine et Plutarco, entre la dictature et la résistance, on devine vite qui vaincra. Mais c’est le vieux violoniste qui triomphe, lorsque tout est perdu, en s’opposant au capitaine qui lui ordonne, le somme même, de jouer de son instrument une dernière fois. « Il n’y aura plus de musique », rétorque Plutarco à son oppresseur. Plus jamais ? Bien sûr que non. Alors même que le violoniste s’est tu, Francisco Vargas filme deux gamins chaplinesques, survivants magnifiques, chantant dans les rues un refrain révolutionnaire.

Pierre Murat, Télérama



SEANCE UNIQUE

mercredi 20 juin de 14h à 18h

SÉANCE SUIVIE D’UNE LEÇON DE CINÉMA DE JEAN-CHRISTOPHE BERJON, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE LA SEMAINE DE LA CRITIQUE, SUR LES CINÉMAS D'AMÉRIQUE LATINE