Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

Archives 2001-2011

LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE (UGETSU MONOGATARI)


de Kenji Mizoguchi



PROGRAMMATION AVRIL 2007

Japon, 1953, 1h37, VOSTF
avec Machiko Kyô, Masayuki Mori

LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE (UGETSU MONOGATARI)
À la fin du XVIe siècle, le Japon est ravagé par des guerres intérieures. Dans un petit village près du lac Biwa, le potier Genjuro et le paysan Tobei rêvent de gloire et de fortune. Mais de sombres désillusions les attendent. Une parabole sur l’inconsistance des biens temporels, les vicissitudes et horreurs de la guerre...

« Les Contes de lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari), Lion d’argent au Festival de Venise 1953, appartient à la dernière période du cinéaste, celle des films historiques produits par la firme Daiei. Celle aussi de la consécration internationale. Le scénario est tiré de deux nouvelles fantastiques de d’Akinari Ueda, écrivain japonais du XVIIIè siècle qui s’inspirait de vieilles légendes, La Maison dans les roseaux et La Lubricité du serpent. Détail plus surprenant : la transformation du paysan Tobei en samouraï est la libre adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant, La Décoration. (…) Le sort des femmes – auxquelles Mizoguchi s’est toujours extrêmement intéressé – soulève, ici, une grande émotion. Miyagi et Ohama sont à la fois victimes de la guerre et des rêves de leurs maris, des hommes qui se perdent en de vains désirs et causent le malheur de leurs compagnes. La mort de Miyagi, (…), les retrouvailles, dans un bordel, d’Ohama déchue et de Tobei jouant au samouraï triomphant comptent parmi les moments les plus significatifs de la tendresse douloureuse qu’éprouvait Mizoguchi à l’égard de la condition féminine. Dans la superbe de l’œuvre, la femme morte comme la femme déchue apportent le pardon et la sagesse. Mais il a fallu passer par toutes sortes d’épreuves. Les événements historiques sont présentés, admirablement, de façon réaliste. Sans transition, le monde réel bascule dans le surnaturel. Les rêves sont fous, les séductions trompeuses, la vie et la mort intimement liées. La princesse ensorceleuse n’existait pas vraiment. Lorsque le monde réel reprend le dessus, Genjuro ne voit plus que les ruines du manoir aux sortilèges ; Tobei, faux guerrier, est saisi par le remords devant Ohama prostituée. Quel chemin fallait-il parcourir pour connaître la paix intérieure ? Un fantôme bienveillant rend à Genjuro son foyer, les yeux de Tobei se désillent, la guerre s’éloigne… (…) Ce conte moral et fantastique touche à des valeurs universelles et parle à toutes les consciences. La mise en scène, où dominent les plans d’ensemble descriptifs, et l’esthétique des images, en blanc, noir et gris, traduit souvent la vie intérieure de personnages frustes et confrontés à un destin à la fois social et métaphysique. La réalisation de Mizoguchi unit, d’une manière incomparable, le réel et le surnaturel. Elle fait passer le spectateur au-delà de l’extérieur des choses, comme pour une expérience personnelle »
Jacques Siclier, Le Monde

SEANCES

vendredi 30 mars à 20h30
lundi 2 avril à 18h30
jeudi 5 avril à 18h30
lundi 9 avril à 21h