PROGRAMMATION MAI 2009
USA-GB, 1983, 1h36, VOSTF, interdit -12 ans
Avec Catherine Deneuve, David Bowie, Susan Sarandon, Tom Haver, Bessie Love
Avec Catherine Deneuve, David Bowie, Susan Sarandon, Tom Haver, Bessie Love
Miriam est une femme-vampire née en Egypte il y a 4000 ans. Elle possède le don de l’immortalité et de la jeunesse. Elle vit, désormais, à New York, avec son compagnon John depuis 300 ans. John est alors frappé d'un processus accéléré de vieillissement. Afin de tenter de le sauver,Miriam rencontre la séduisante Sarah, docteur spécialiste des mécanismes du vieillissement, sur laquelle elle jette son dévolu...
Devenu culte, ce premier film de Tony Scott transposait dans la sociétédes années 80 les codes du film de vampires.
« Qu’est-ce qu’un film culte ? C’est une œuvre qui s’inscrit dans son époque. Elle correspond de façon plus ou moins souterraine aux mutations et aux aspirations de la société. Les Prédateurs devient culte pour deux raisons : l’une obscure et l’autre lumineuse.
La raison obscure s’avère encore plus effrayante que le film car, en 1983, un mal étrange décime la communauté homosexuelle. Cette année-là, il est nommé officiellement le SIDA. Dans ce contexte, la scène d’amour entre Deneuve et Sarandon ponctuée d’inserts de sang vu au microscope, prend un sens terrible de contamination. La partie du film où, à l’hôpital, Bowie dépérit de façon foudroyante n’est pas sans rappeler les malades d’alors. L’effarement et l’impuissance de la médecine peuvent tout à fait se traduire par la stupeur du docteur Sarah Roberts.
La raison lumineuse vient du mouvement homosexuel féminin qui plébiscite cette œuvre comme un film honorable à sa cause. Jusqu’alors l’image de la lesbienne renvoyée par le cinéma est celle d’une névrosée, refoulant ses tentations et mourant souvent dans des conditions atroces. En 1936, dans La fille de Dracula de Lambert Hillyer, Gloria Holden combat à la fois son statut de vampire et ses penchants homosexuels. En 1940, dans Rebecca d’Alfred Hitchcock, Judith Anderson campe une gouvernante fétichiste qui caresse les sous-vêtements de sa maîtresse défunte. Elle périt dans les flammes comme une sorcière.
Même si Deneuve incarne un vampire, donc une déviante, son personnage est sentimental car il ne peut vivre seul. Seul l’amour peut soulager sa condition solitaire d’immortelle. Sa séduction est renforcée par son histoire d’amour très charnelle avec Susan Sarandon. Les costumes du film traduisent la psychologie des héroïnes.
Lors de leur rencontre, Catherine Deneuve, à la fois dans la vie et dans la mort, est vêtue de noir et de blanc à l’exception de ses lèvres maquillées rouge sang. Son chapeau à voilette, son manteau de style 1940 et sa broche représentant une salamandre défient les lois du temps. Dans l'Antiquité, Pline l’ancien décrit la salamandre comme « un animal si froid que rien qu'à toucher le feu, il l'éteint comme le ferait de la glace. ».Pour le rôle de Miriam, Scott joue avec l’image très « papier glacé Saint-Laurent » de Deneuve. Sa beauté classique prend ici valeur d’immortalité. Sarandon, cheveux courts et tailleur masculin, est au contraire bien ancrée dans le XXe siècle.
Un montage parallèle montre l’innamoramento, c’est-à-dire l’amour naissant entre les deux femmes. Miriam ressemble à une araignée, une veuve noire. Elle pleure le vieillissement de son mari, mais attire aussi Sarah dans sa toile vampirique symbolisée par son voile de tulle. Face à elle, Sarah est ensommeillée, nue, sans défense face au pouvoir du mort vivant. Pourtant, sa larme montre qu’elle éprouve inconsciemment des sentiments pour Miriam.
Dans la séquence de la séduction - incroyablement téléchargée sur internet - Deneuve porte une robe noire et ses pendentifs ont l’air d’ailes de chauve-souris repliées. Reptilienne, elle hypnotise Sarandon avec de la musique, Le Lakmé de Léo Delibes interprété par deux femmes. Avec aussi du Xéres qui se transforme en gouttes de sang sur les seins de Sarah Roberts. La particularité du Xérès réside dans son vieillissement obtenu selon un système d’assemblage délicat. Les vins jeunes s’allient aux vins plus âgés et les réveillent. L’assemblage final comporte toujours une forte proportion de vins anciens. Formidable métaphore de l’union vampirique de Miriam et de Sarah. Si Miriam porte une robe et Sarah un costume d’homme, c’est pourtant Deneuve qui séduit selon l’archétype masculin et Sarandon qui joue les effarouchées. Cette opposition entre le fond et la forme jette le trouble, envoûte à son tour le spectateur.
À la fin du film, quand Sarah devient un vampire, elle choisit l’homosexualité ce qui fait des Prédateurs un film lesbien triomphant. Par conséquent, une œuvre culte. »
Benoit Gautier, extrait du dossier de presse
Devenu culte, ce premier film de Tony Scott transposait dans la sociétédes années 80 les codes du film de vampires.
« Qu’est-ce qu’un film culte ? C’est une œuvre qui s’inscrit dans son époque. Elle correspond de façon plus ou moins souterraine aux mutations et aux aspirations de la société. Les Prédateurs devient culte pour deux raisons : l’une obscure et l’autre lumineuse.
La raison obscure s’avère encore plus effrayante que le film car, en 1983, un mal étrange décime la communauté homosexuelle. Cette année-là, il est nommé officiellement le SIDA. Dans ce contexte, la scène d’amour entre Deneuve et Sarandon ponctuée d’inserts de sang vu au microscope, prend un sens terrible de contamination. La partie du film où, à l’hôpital, Bowie dépérit de façon foudroyante n’est pas sans rappeler les malades d’alors. L’effarement et l’impuissance de la médecine peuvent tout à fait se traduire par la stupeur du docteur Sarah Roberts.
La raison lumineuse vient du mouvement homosexuel féminin qui plébiscite cette œuvre comme un film honorable à sa cause. Jusqu’alors l’image de la lesbienne renvoyée par le cinéma est celle d’une névrosée, refoulant ses tentations et mourant souvent dans des conditions atroces. En 1936, dans La fille de Dracula de Lambert Hillyer, Gloria Holden combat à la fois son statut de vampire et ses penchants homosexuels. En 1940, dans Rebecca d’Alfred Hitchcock, Judith Anderson campe une gouvernante fétichiste qui caresse les sous-vêtements de sa maîtresse défunte. Elle périt dans les flammes comme une sorcière.
Même si Deneuve incarne un vampire, donc une déviante, son personnage est sentimental car il ne peut vivre seul. Seul l’amour peut soulager sa condition solitaire d’immortelle. Sa séduction est renforcée par son histoire d’amour très charnelle avec Susan Sarandon. Les costumes du film traduisent la psychologie des héroïnes.
Lors de leur rencontre, Catherine Deneuve, à la fois dans la vie et dans la mort, est vêtue de noir et de blanc à l’exception de ses lèvres maquillées rouge sang. Son chapeau à voilette, son manteau de style 1940 et sa broche représentant une salamandre défient les lois du temps. Dans l'Antiquité, Pline l’ancien décrit la salamandre comme « un animal si froid que rien qu'à toucher le feu, il l'éteint comme le ferait de la glace. ».Pour le rôle de Miriam, Scott joue avec l’image très « papier glacé Saint-Laurent » de Deneuve. Sa beauté classique prend ici valeur d’immortalité. Sarandon, cheveux courts et tailleur masculin, est au contraire bien ancrée dans le XXe siècle.
Un montage parallèle montre l’innamoramento, c’est-à-dire l’amour naissant entre les deux femmes. Miriam ressemble à une araignée, une veuve noire. Elle pleure le vieillissement de son mari, mais attire aussi Sarah dans sa toile vampirique symbolisée par son voile de tulle. Face à elle, Sarah est ensommeillée, nue, sans défense face au pouvoir du mort vivant. Pourtant, sa larme montre qu’elle éprouve inconsciemment des sentiments pour Miriam.
Dans la séquence de la séduction - incroyablement téléchargée sur internet - Deneuve porte une robe noire et ses pendentifs ont l’air d’ailes de chauve-souris repliées. Reptilienne, elle hypnotise Sarandon avec de la musique, Le Lakmé de Léo Delibes interprété par deux femmes. Avec aussi du Xéres qui se transforme en gouttes de sang sur les seins de Sarah Roberts. La particularité du Xérès réside dans son vieillissement obtenu selon un système d’assemblage délicat. Les vins jeunes s’allient aux vins plus âgés et les réveillent. L’assemblage final comporte toujours une forte proportion de vins anciens. Formidable métaphore de l’union vampirique de Miriam et de Sarah. Si Miriam porte une robe et Sarah un costume d’homme, c’est pourtant Deneuve qui séduit selon l’archétype masculin et Sarandon qui joue les effarouchées. Cette opposition entre le fond et la forme jette le trouble, envoûte à son tour le spectateur.
À la fin du film, quand Sarah devient un vampire, elle choisit l’homosexualité ce qui fait des Prédateurs un film lesbien triomphant. Par conséquent, une œuvre culte. »
Benoit Gautier, extrait du dossier de presse
SEANCES
Mercredi 6 mai à 21h
Vendredi 8 mai à 21h30
Samedi 9 mai à 18h
Dimanche 10 mai à 21h
Vendredi 8 mai à 21h30
Samedi 9 mai à 18h
Dimanche 10 mai à 21h