Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Femme d'à côté


de François Truffaut



INTÉGRALE FRANÇOIS TRUFFAUT • FÉVRIER-MARS 2016

France, 1981, 1h46
avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Henri Garcin
NUM

La Femme d'à côté
Dans la banlieue grenobloise, un couple s’installe. Des voisins les accueillent. La femme du premier couple et l’homme du second échangent un long regard... Durant tout le film on croise des situations de vaudeville : adultère, rendez-vous clandestins, mensonges mais on n’y pense pas un instant tant la barre est placée d’emblée très haut par les protagonistes dont le jeu très physique, regard halluciné, évanouissement, pulsions incontrôlées, disent l’évidence de la passion. Une narration très fluide intègre le flux et le reflux des sentiments, décalages et asymétries permanents des deux héros jamais en phase, illustration supplémentaire, tendue, sobre, de la définition du couple selon Truffaut : "Ni avec toi, ni sans toi". Ce fut un grand succès critique.

"Le tournage du Dernier métro était trop dur, trop absorbant pour me laisser le temps d'étudier un nouveau projet mais lorsque, à la soirée des Césars 1980, j'eus l'occasion de voir, côté à côté, Fanny Ardant et Gérard Depardieu, il me sembla que je tenais là un beau couple de cinéma, deux grandes silhouettes, le blond et la brune, un homme apparemment simple mais compliqué, une femme apparemment compliquée mais simple comme au revoir. L'idée de La Femme d'à côté était née. Elle faisait son chemin, un film nouveau s'annonçait. Avec mes collaborateurs-scénaristes Suzanne Schiffman et Jean Aurel, nous nous interrogions. Montrerions-nous la rencontre de nos amants? Non, toute leur histoire serait au passé. Avec des flash-back? non, sans flash-back, leur dialogue, seul, évoquerait leur passé, le reste de l'histoire était constitué par la tentative belle mais désespérée qui consiste à ressusciter une passion morte.
Dès le début du tournage, j'eus la confirmation que Fanny Ardant, notre femme d'à côté, était bien la femme de la situation. Après le tournage de la première scène de leur nouvelle rencontre, Gérard Depardieu me dit : "Quand Fanny m'a regardé dans les yeux pour dire bonjour, elle m'a terrifié et je vois bien ce que nous allons tourner : un film d'amour qui fera peur." François Truffaut, Unifrance Film Magazine, décembre 1981

"Un jour, François Truffaut regarde Les Dames de la côte et découvre Fanny Ardant, sa bouche démesurée, ses yeux charbon, sa féminité vibrante et tragique. C'est le choc. Elle sera sa Mathilde, sa femme d'à côté, surtout à côté de la vie, étrange et étrangère. Celle qui aima Bernard d'un amour destructeur dix ans auparavant et que la fatalité fait s'installer dans la maison voisine de la sienne. Celle qui peut s'évanouir dans un parking sous le coup d'un baiser, et dont les cicatrices sur les poignets témoignent que l'amour fait mal. Dix ans après, rien n'a changé. Les anciens amants devenus voisins ont refait leur vie, prétendent avoir mûri et être capables de devenir amis, mais leurs corps ne les entendent pas. Ils sont faits pour s'étreindre, leurs mains pour s'agripper. « Attends ! — J'attends ! » se répètent-ils lors de leurs rendez-vous clandestins. Attendre quoi ? De brûler toujours. De se blesser encore. Bernard avait dit à Mathilde, il y a longtemps, avant qu'elle ne le quitte par instinct de survie, que les histoires d'amour doivent avoir un début, un milieu et une fin. Pourtant, ils n'ont qu'à se frôler au pied d'un escalier pour savoir que ce sont des balivernes. Madame Jouve (magnifique Véronique Silver), une survivante de l'amour qui ressemble à une chanson de Piaf, l'annonce dès le générique, sur fond de sirène d'ambulance : entre Mathilde et Bernard, cela a mal fini. Face à Depardieu, colosse emporté par la colère, Ardant se consume. Ce chef-d'oeuvre de Truffaut est le sien." Guillemette Odicino, Télérama

- - samedi 13/02 14:45 - - mardi 16/02 20:30