Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Moindre des choses


de Nicolas Philibert



NICOLAS PHILIBERT • FÉVRIER 2014

France, 1996, 1h45, documentaire

La Moindre des choses
Au cours de l'été 1995, fidèles à ce qui est désormais devenu une tradition, pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer la pièce de théâtre qu'ils joueront le 15 août. Au fil des répétitions, le film retrace les hauts et les bas de cette aventure. Mais au-delà du théâtre, il raconte la vie à La Borde, celle de tous les jours, le temps qui passe, les petits riens, la solitude et la fatigue, mais aussi les moments de gaieté, les rires, l'humour dont se parent certains pensionnaires, et l'attention profonde que chacun porte à l'autre.


"Le cinéaste regarde les patients de Laborde répéter une pièce sous la houlette d’une soignante ; processus éminemment thérapeutique, destiné à donner une cohésion au groupe, tout en permettant aux fous de s’extérioriser. Mais la démarche est aussi foncièrement ludique. C’est par ce biais que Nicolas Philibert, évitant avec bonheur le documentaire lourd sur “l’enfer psychiatrique”, nous fait pénétrer dans cet univers autre. L’angle du théâtre s’avère d’autant plus opportun que, cette année-là, la pièce choisie (par la soignante Marie Leydier) est Opérette de Witold Gombrowicz, écrivain dont on connaît le travail sur le langage et l’importance de la bouffonnerie comme arme de subversion dans son oeuvre. Dans cette comédie musicale/pamphlet aux intonations ubuesques, les malades mentaux, grimés en caricatures de figures emblématiques de la société bourgeoise (généraux, notables, matrones ou ingénues), moquent non seulement nos conventions grotesques mais, en incarnant des personnages plus loufoques qu’eux, retrouvent une dignité qu’ils semblaient avoir perdue en se désolidarisant du monde réel. Ils exorcisent en quelque sorte leur image de fous en interprétant des bouffons. Par la même occasion, ils démontrent que la société est une vaste plaisanterie. “Etre un homme, cela veut dire ne jamais être soi-même”, dit Gombrowicz."(...)On notera enfin que si "La Moindre des choses" appartient à la famille du "Pays des sourds" (1992), belle investigation de Philibert sur une autre forme de handicap, son dispositif ressemble à celui d’"Un Animal, des animaux" (1994), qui racontait également l’organisation et les répétitions d’un spectacle. Mais, différence de taille, il s’agissait alors de mettre en scène des animaux empaillés dans un musée, exercice nettement plus formaliste. Ici, l’humanité, la drôlerie, la spontanéité et parfois la difficulté à communiquer de ceux qu’on appelle les fous sont autant de remises en question de l’artificialité pathologique des prétendus sains d’esprit."
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles

Séances

Samedi 15 février 20h30
Vendredi 21 février 18h30
Lundi 24 février 18h30
• samedi 15 février • 20:30 •
Séance suivie d'une rencontre avec Nicolas Philibert