Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Sirène du Mississippi


de François Truffaut



INTÉGRALE FRANÇOIS TRUFFAUT • FÉVRIER-MARS 2016

France, 1969, 2h03
avec Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Michel Bouquet
NUM

La Sirène du Mississippi
Un industriel de la Réunion décide de se marier par petites annonces. La femme qui descend du bateau ne correspond pas à celle qu’il attendait mais il est subjugué par sa beauté... Grâce à la qualité de l’interprétation et en particulier à celle de Belmondo, totalement à l’opposé de ses rôles habituels, en homme faible se livrant lucidement à sa passion destructrice, Truffaut tient à la fois l’intrigue policière du roman de William Irish et l’histoire d’amour fou, lyrique et cruelle et où la sexualité, pour n’être pas expressément filmée, est néanmoins clairement présente. Pour une fois, et malgré la lourdeur de la production, il a pu tourner le film dans l’ordre chronologique de l’action, ce qui a sans doute contribué à sa cohérence tragique.

" J'ai lu La Sirène du Mississipi au moment où je faisais l'adaptation de La Mariée était en noir. À cette époque, j'ai lu tout ce qu'avait écrit William Irish afin d'être imprégné de son œuvre et d'être, malgré les nécessités de l'infidélité cinématographique, le plus près possible du roman. J'aime bien connaître complètement l'écrivain dont je transpose le livre à l'écran. Ainsi, quand je devais affronter un "problème Irish", j'avais des chances de trouver la "solution Irish". J'avais procédé de cette manière avec David Goodis pour Tirez sur le pianiste et avec Ray Bradbury pour Fahrenheit 451. Dans "La Sirène", j'ai admiré surtout la répartition des événements, les apparitions, disparitions et réapparitions des principaux personnages. J'ai donc respecté cette construction pour le film, j'ai cherché à en conserver toutes les propositions. Irish fait partie de ces auteurs américains qui ont subi l'influence du cinéma. Cette influence m'est apparue de façon plus sensible pendant que j'adaptais "La sirène" et que je travaillais le livre à la main comme celui-ci était déjà le scénario. Dans le roman, Irish dit au détective : "Il avait le regard le plus direct que l'on eût rencontré. "C'est l'unique indication que j'ai donnée à l’interprète du rôle, Michel Bouquet, et qui lui a suffi pour faire sa composition." François Truffaut, propos recueillis par Yvonne Baby, Le Monde, 1969

"Pour acquérir les droits du roman de William Irish Waltz into darkness, Truffaut emprunte à trois amis : Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berry. A Deneuve, il écrit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fra­gile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. »
Le cinéaste délaisse la trame policière au profit de l'histoire d'amour noire. Louis, industriel du tabac, fiancé par correspondance, attend sa promise à la descente du bateau. Soudain, elle est là, déesse en capeline, aveuglante de beauté. Elle n'est pas la fille de la photo, mais qu'importe, Louis comprend, Louis pardonne. « Même si tout ça doit finir mal, je suis enchanté de vous connaître, madame », dit-il à cette sirène qui, dans leur fuite en avant, viendra à l'amour à son tour. Avec ce personnage d'un homme qui finit par gagner le coeur de celle qui lui voulait du mal, Belmondo fait l'une des plus belles compositions de sa carrière. « Ta beauté est une souffrance, dit Louis à Marion. — Hier, tu disais que c'était une joie. — C'est une joie et une souffrance. » Ce drame passionnel prend une force supplémentaire quand on l'envisage sous l'angle autobiographique, témoignage vibrant de l'amour de François T. pour Catherine D. Dix ans après, dans Le Dernier Métro, Depardieu adressera la même réplique à Deneuve, directrice de théâtre prénommée... Marion"
Guillemette Odicino, Télérama


- - dimanche 6/03 16:00 - - mardi 8/03 18:00