Maps to the Stars
Cette année, la programmation proposée aux élèves A1 de l’École de Design Nantes Atlantique tend un miroir au cinéma afin qu’il y observe sa propre image, plus exactement ses propres images. Celles qu’il produit, celles qui restent hors champ, celles qui construisent ses mythologies. En cela, les sept films présentés s’inscrivent dans ce qui est peut-être le sujet premier et constant du cinéma : lui-même, dans ce qui est projeté à l’écran et dans ce qui se cache derrière. Cette réflexivité rendue publique, souvent ludique ou distanciée, prendra dans ce cadre exclusivement la forme de la fiction, même si, par la mise en scène de ses propres enjeux et contradictions, le cinéma donne corps à des films comme autant de documents.
Ainsi, chaque film tracera une voie particulière dans cet exercice de mise en abyme. Un premier élan chronologique permettra d’envisager le cinéma dans ses configurations techniques fondatrices : la machinerie du cinéma muet et des actualités filmées dans Le Cameraman de Buster Keaton, puis le passage au cinéma parlant dans Chantons sous la pluie de Gene Kelly et Stanley Donen. Successivement, ces deux films alimenteront, aussi, la réflexion menée sur certains genres essentiels : le burlesque et la comédie musicale. Le Mépris de Jean-Luc Godard relancera l’idée de film dans le film déjà à l’œuvre dans Chantons sous la pluie puis régénérée, selon d’autres modalités, dans Soyez sympas, rembobinez de Michel Gondry, qui déplacera les affres liées à un tournage vers l’impulsion de créations collectives par la relecture de l’histoire du cinéma populaire contemporain. Les réalisateurs, acteurs et actrices, regardés comme personnages, sur et hors des plateaux, constitueront le fil conducteur des trois derniers films, Étreintes brisées, Le Congrès et Maps to the Stars, qui feront récit de leurs émois existentiels, leur possible devenir numérique et le déchaînement de leurs pulsions au sein de Hollywood.
Il s’agit, de film en film, de repérer ce qui se joue dans la propension du cinéma à réfléchir sur lui-même, à railler son propre fonctionnement, à questionner ses mécanismes ou à déconstruire la machine à rêves qu’il incarne depuis les origines en en dévoilant les coulisses. Si chaque film possède sa propre mise en scène, ainsi que certains effets de style et motifs relatifs aux obsessions des cinéastes, qu’il conviendra de mettre en avant (le rapport désordonné à l’espace chez Buster Keaton ou la permanence du récit gigogne dans les films récents de Pedro Almodovar, par exemple), leur mise en lien permettra par ailleurs de créer des résonances et d’établir quelques parallèles. Également d’ouvrir sur d’autres films, tant une programmation relative au cinéma représenté par lui-même suppose de mises à l’écart de films importants. Mais c’est en définitive dans le rapprochement a priori incongru entre des réalisateurs distants dans leurs époques et leurs conceptions esthétiques (Jean-Luc Godard et Michel Gondry dans la fétichisation de l’histoire du cinéma et la recréation de ses formes, Gene Kelly et Ari Folman dans la description des violences induites par les innovations technologiques, par exemple) que ce corpus prendra tout son sens.
Texte publié à l'occasion de la programmation de l'Ecole de Design pour l'année scolaire 2015-2016
Ainsi, chaque film tracera une voie particulière dans cet exercice de mise en abyme. Un premier élan chronologique permettra d’envisager le cinéma dans ses configurations techniques fondatrices : la machinerie du cinéma muet et des actualités filmées dans Le Cameraman de Buster Keaton, puis le passage au cinéma parlant dans Chantons sous la pluie de Gene Kelly et Stanley Donen. Successivement, ces deux films alimenteront, aussi, la réflexion menée sur certains genres essentiels : le burlesque et la comédie musicale. Le Mépris de Jean-Luc Godard relancera l’idée de film dans le film déjà à l’œuvre dans Chantons sous la pluie puis régénérée, selon d’autres modalités, dans Soyez sympas, rembobinez de Michel Gondry, qui déplacera les affres liées à un tournage vers l’impulsion de créations collectives par la relecture de l’histoire du cinéma populaire contemporain. Les réalisateurs, acteurs et actrices, regardés comme personnages, sur et hors des plateaux, constitueront le fil conducteur des trois derniers films, Étreintes brisées, Le Congrès et Maps to the Stars, qui feront récit de leurs émois existentiels, leur possible devenir numérique et le déchaînement de leurs pulsions au sein de Hollywood.
Il s’agit, de film en film, de repérer ce qui se joue dans la propension du cinéma à réfléchir sur lui-même, à railler son propre fonctionnement, à questionner ses mécanismes ou à déconstruire la machine à rêves qu’il incarne depuis les origines en en dévoilant les coulisses. Si chaque film possède sa propre mise en scène, ainsi que certains effets de style et motifs relatifs aux obsessions des cinéastes, qu’il conviendra de mettre en avant (le rapport désordonné à l’espace chez Buster Keaton ou la permanence du récit gigogne dans les films récents de Pedro Almodovar, par exemple), leur mise en lien permettra par ailleurs de créer des résonances et d’établir quelques parallèles. Également d’ouvrir sur d’autres films, tant une programmation relative au cinéma représenté par lui-même suppose de mises à l’écart de films importants. Mais c’est en définitive dans le rapprochement a priori incongru entre des réalisateurs distants dans leurs époques et leurs conceptions esthétiques (Jean-Luc Godard et Michel Gondry dans la fétichisation de l’histoire du cinéma et la recréation de ses formes, Gene Kelly et Ari Folman dans la description des violences induites par les innovations technologiques, par exemple) que ce corpus prendra tout son sens.
Texte publié à l'occasion de la programmation de l'Ecole de Design pour l'année scolaire 2015-2016