CINÉMA D’HIER ET D’AUJOURD’HUI • DÉCEMBRE 2011
Belgique, 1967, 1h29
avec Jean-Pierre Léaud, Catherine Duport, Jacqueline Bir, Paul Roland, Léon Dony
RÉÉDITION
avec Jean-Pierre Léaud, Catherine Duport, Jacqueline Bir, Paul Roland, Léon Dony
RÉÉDITION
Marc a dix-neuf ans. Il est garçon coiffeur. Mais il ne rêve que voitures, rallyes, courses. Il s'est inscrit, avec une Porsche, au rallye qui doit démarrer dans deux jours, en comptant « emprunter » la voiture de son patron. Il s'entraîne avec elle la nuit, ayant comme co-pilote un copain du salon. Au dernier moment, les deux garçons apprennent que le patron part en week-end avec la voiture. C'est la catastrophe. Marc doit trouver une autre voiture.
"Quatrième long-métrage de Jerzy Skolimowski, Le Départ est aussi son unique film belge. C'est donc à travers la nuit claire puis le jour noir de Bruxelles désolé que Jean-Pierre Léaud ne cesse de courir, à la poursuite du bonheur, incarné ici par une Porsche introuvable et une hypothétique participation au rallye automobile de Spa. Mais Jean-Pierre Léaud ne sera jamais Michel Vaillant.
Dès les premières images, dès qu'on reconnaît ce noir et blanc très contrasté qui suffit à dater le film (1967), on comprend que Le Départ constitue la rencontre échevelée entre deux familles de cinéastes voyous qui célébraient leur victoire. Ça ressemble à une première réunion de cousins chahuteurs, malgré le rideau de fer, Jacques Tati faisant figure d'oncle rigolard et bienveillant. Skolimowski amenait avec lui le meilleur Wajda (Les Innocents charmeurs), l'encore inquiétant Polanski (Le Couteau dans l'eau) et ses propres fulgurances de boxeur (Walkover). Avec son compère Roman, il était le meilleur représentant de la fameuse Ecole de Lodz. À l'ouest, il tombe tout naturellement sur du nouveau, sur le corps agité de l'acteur qu'avaient inventé Truffaut et Godard pour transmettre et révéler au monde leur prise de pouvoir. Il tient son medium. Et il le plonge dans ce qui s'appelait alors « la société de consommation », les bourgeoises emperruquées, les défilés de mode et les salons de l'auto. Pour que ce soit plus intéressant, il ajoute une fille douce (Catherine Duport, on exige sa filmographie complète) et nappe le tout d'une musique jazzy et d'une chanson échappée de Cléo de 5 à 7. Sans passé et sans avenir, feu follet libéré de toute contingence, le personnage de Léaud évolue sur ce fond sociétal et y introduit la perturbation nécessaire. Plus keatonien que jamais, il poursuit son idée fixe sans se soucier du danger. On a peur pour lui. Surtout quand il se couche sur les rails d'un tramway qui ne l'évite qu'au tout dernier moment. En saisissant les moindres frémissements de la grâce inquiète de l'acteur, Skolimowski parvient à rendre compte de l'agitation frénétique d'une enfance trop longtemps prolongée, qu'il faut consumer d'autant plus vite qu'on la sait en train d'expirer. Avec un argument qui peut se résumer en deux phrases, Le départ est une somme d'instantanés éclatants. Mais le film ne se laisse pas griser par sa propre vitesse d'inspiration et oppose un burlesque combatif à la tentation de l'envolée romantique. L'énergie dépensée excède beaucoup le but à atteindre, vite frappé de dérisoire. Aussi généreux et inventif que son personnage principal, Le Départ maîtrise sa fougue poétique pour montrer comment un petit garçon change de désir, comment il préfère regarder dormir une grande fille plutôt que conduire une petite voiture. Le film se termine quand les vrais ennuis commencent."
Frédéric Bonnaud, Les Inrockuptibles
"Quatrième long-métrage de Jerzy Skolimowski, Le Départ est aussi son unique film belge. C'est donc à travers la nuit claire puis le jour noir de Bruxelles désolé que Jean-Pierre Léaud ne cesse de courir, à la poursuite du bonheur, incarné ici par une Porsche introuvable et une hypothétique participation au rallye automobile de Spa. Mais Jean-Pierre Léaud ne sera jamais Michel Vaillant.
Dès les premières images, dès qu'on reconnaît ce noir et blanc très contrasté qui suffit à dater le film (1967), on comprend que Le Départ constitue la rencontre échevelée entre deux familles de cinéastes voyous qui célébraient leur victoire. Ça ressemble à une première réunion de cousins chahuteurs, malgré le rideau de fer, Jacques Tati faisant figure d'oncle rigolard et bienveillant. Skolimowski amenait avec lui le meilleur Wajda (Les Innocents charmeurs), l'encore inquiétant Polanski (Le Couteau dans l'eau) et ses propres fulgurances de boxeur (Walkover). Avec son compère Roman, il était le meilleur représentant de la fameuse Ecole de Lodz. À l'ouest, il tombe tout naturellement sur du nouveau, sur le corps agité de l'acteur qu'avaient inventé Truffaut et Godard pour transmettre et révéler au monde leur prise de pouvoir. Il tient son medium. Et il le plonge dans ce qui s'appelait alors « la société de consommation », les bourgeoises emperruquées, les défilés de mode et les salons de l'auto. Pour que ce soit plus intéressant, il ajoute une fille douce (Catherine Duport, on exige sa filmographie complète) et nappe le tout d'une musique jazzy et d'une chanson échappée de Cléo de 5 à 7. Sans passé et sans avenir, feu follet libéré de toute contingence, le personnage de Léaud évolue sur ce fond sociétal et y introduit la perturbation nécessaire. Plus keatonien que jamais, il poursuit son idée fixe sans se soucier du danger. On a peur pour lui. Surtout quand il se couche sur les rails d'un tramway qui ne l'évite qu'au tout dernier moment. En saisissant les moindres frémissements de la grâce inquiète de l'acteur, Skolimowski parvient à rendre compte de l'agitation frénétique d'une enfance trop longtemps prolongée, qu'il faut consumer d'autant plus vite qu'on la sait en train d'expirer. Avec un argument qui peut se résumer en deux phrases, Le départ est une somme d'instantanés éclatants. Mais le film ne se laisse pas griser par sa propre vitesse d'inspiration et oppose un burlesque combatif à la tentation de l'envolée romantique. L'énergie dépensée excède beaucoup le but à atteindre, vite frappé de dérisoire. Aussi généreux et inventif que son personnage principal, Le Départ maîtrise sa fougue poétique pour montrer comment un petit garçon change de désir, comment il préfère regarder dormir une grande fille plutôt que conduire une petite voiture. Le film se termine quand les vrais ennuis commencent."
Frédéric Bonnaud, Les Inrockuptibles
Séances
Jeudi 1 décembre 2011 à 18:30
Samedi 3 décembre 2011 à 17:00
Lundi 5 décembre 2011 à 21:00
Samedi 10 décembre 2011 à 14:00
Dimanche 11 décembre 2011 à 20:45
Samedi 3 décembre 2011 à 17:00
Lundi 5 décembre 2011 à 21:00
Samedi 10 décembre 2011 à 14:00
Dimanche 11 décembre 2011 à 20:45