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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

MEMBRES ET PARTENAIRES

Le Serment de Pamfir (+ rencontre)


de Dmytro Soukholytkyi-Sobtchouk



WARM • NOVEMBRE 2023

Ukraine-France-Pologne-Chili-Luxembourg, 2022, 1h40, VOSTF
avec Olexandr Yatsentiouk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova
NUM

Le Serment de Pamfir (+ rencontre)
À l'occasion de la parution du livre Ciné-Ukraine, histoire(s) d’indépendance aux éditions WARM, son auteur Anthelme Vidaud présente Le Serment de Pamfir, premier long métrage de Dmytro Soukholytkyi-Sobtchouk sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2022.
Anthelme Vidaud a été attaché audiovisuel à l’Institut français d’Ukraine de 2011 à 2013. Il a ensuite rejoint le festival international du film d’Odessa, en tant que coordinateur de programmation, puis comme directeur de la programmation de 2015 à 2020. Il est aujourd’hui programmateur indépendant et traducteur de l’ukrainien et du russe vers le français.


> Des exemplaires du livre seront en vente au cinéma en partenariat avec la librairie Durance.

Le cinéma ukrainien a une riche histoire, marquée par les classiques du muet que sont L’Homme à la caméra de Dzyga Vertov et La Terre d’Olexandr Dovjenko, le film légendaire de Sergueï Paradjanov, Les Chevaux de feu, ou encore les œuvres de Youriï Illienko et de Kira Mouratova. Alors que l’indépendance politique de 1991 s’était ensuivie de vingt ans de sommeil pour le 7e art, ce dernier renaît depuis une décennie en Ukraine. L’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes a accompagné les bouleversements vécus par le pays. Depuis 2013, la révolution de Maïdan, l’occupation de la Crimée et la guerre russe ont redessiné le visage de la cinématographie ukrainienne.

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Le film
Dans une région rurale aux confins de l’Ukraine, Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfant après de longs mois d’absence. Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice. Mais devant les sommes en jeu, il n’a d’autre choix que de renouer avec son passé trouble. Au risque de tout perdre."Présenter Le Serment de Pamfir a été important pour moi, pour parler de l’Ukraine comme d’un pays et d’un peuple qui existent, qui vivent, pas seulement à travers la guerre, et qui continueront à le faire après. - Dmytro Soukholytkyi-Sobtchouk, entretien avec Anthelme Vidaud

"Centré autour de la relation père-fils entre Léonid (Pamfir) et Nazar, le film peut d’abord se lire comme un récit d’apprentissage. Le jeune Nazar admire son père et souffre de l’absence de ce dernier, qui travaille à creuser des puits en Pologne, loin de sa famille. Lorsque le père rentre au village pour un court séjour, Nazar tient absolument à ce qu’il reste pour Malanka. Devant le refus de son père, Nazar met le feu à l’église du village, forçant Pamfir à rester au village afin qu’il paie la reconstruction de l’église. Il doit donc trouver de l’argent rapidement et reprendre le trafic de contrebande, trahissant la parole donnée à sa femme, Olena (Solomiya Kyrylova). Admiratif de son père, Nazar veut suivre ses traces, jusque dans l’illégalité. (…)
En sus de la tragédie familiale,
Le Serment de Pamfir développe une trame relevant du thriller en introduisant un autre personnage, M. Oreste, le garde-forestier de la région, dont les modestes fonctions dissimulent un pouvoir presque total, sur la police comme sur la pègre locales. (…)
Le Serment de Pamfir déploie d’autres couches narratives, dévoilant une galerie de personnages qui ont tous leur importance et impose leur présence. Ainsi, au sein de la famille de Pamfir, sa relation avec Olena, est à la fois charnelle (une des premières scènes du film est une scène d’amour réunissant le couple de manière passionnée et animale), complexe et chargée de regrets. Dans une belle séquence, filmée à travers la petite lucarne d’une grange où une vache est en train de vêler, Olena évoque la solitude qu’elle a vécue au moment de la perte de leur premier enfant, indirectement provoquée par les trafics de Pamfir. Très croyante (elle est une fidèle de l’église du village), elle a accepté ce drame comme une punition divine, parvenant à convaincre son époux d’abandonner la contrebande. Les parents de Pamfir (avec lesquels il maintient également une relation trouble), son frère et ses filleuls gravitent autour du personnage principal comme autour d’un astre noir, à la force d’attraction aussi forte que périlleuse. Il est impossible de parler du film sans mentionner la performance des acteurs et notamment de l’interprète principal, Olexandr Yatsentiouk, dont c’est le premier rôle à l’écran. Il incarne Pamfir avec un mélange de force physique et de sensibilité, rare dans le cinéma ukrainien. Sa présence habite le film. - Anthelme Vidaud, "Ciné-Ukraine, histoire(s) d'indépendance", WARM, 2023.

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Dmytro Soukholytkyi-Sobtchouk
Né en 1983 à Ouman, Dmytro Soukholytkyi-Sobtchouk est réalisateur, scénariste, et monteur. Il est diplômé de la faculté d’architecture de Tchernivtsi et de la faculté de philosophie et de théologie de l’Université nationale de Tchernivtsi, et aussi diplômé de l’Université nationale de théâtre, de cinéma et de télévision de Kyiv Karpenko-Karyi. Il a réalisé plusieurs films primés, dont Krasna Malanka (2013) et Weightlifter (2018), ce dernier remportant notamment le Grand Prix du festival Premiers Plans d’Angers. Son premier long métrage, Le Serment de Pamfir, a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2022. Son dernier film, le court métrage Liturgy of Anti-tank Obstacles (2022), a été sélectionné dans les festivals de Toronto, d’Amsterdam (IDFA) et de Sundance. Il a fondé une plateforme dédiée au développement du scénario, Terrarium.

Extraits de l'entretien avec Anthelme Vidaud figurant dans le livre
i["La Bucovine est une région multiculturelle, avec d’importantes influences juives, roumaines, allemandes, perceptibles surtout dans les villes, en particulier à Tchernivtsi. Dans les campagnes, c’est surtout la culture houtsoule qui domine historiquement. Cette richesse et cette diversité culturelles sont présentes dans les fêtes et les festivals locaux. (…) j’ai beaucoup appris sur la Bucovine qui est devenue comme un bagage, une partie de mon corps. Je savais que si je manquais d’inspiration, je pourrais toujours y revenir et y puiser des histoires. J’y ai tourné un documentaire, Krasna Malanka, sur les traditions festives et carnavalesques de la région. Et en me documentant sur cette fête, j’ai découvert autre chose, des zones grises, liées à la contrebande, qui m’ont donné de la matière par la suite pour Le Serment de Pamfir. Au bout du compte, cette région m’a inspiré un film sur deux."

"Pendant l’étape de la conception du storyboard, le chef-opérateur et le chef-décorateur sont présents, et nous parlons des couleurs, du cadrage, de la composition des plans, de la mise en scène. Pendant l’écriture du scénario, j’ai déjà le montage en tête, et pendant le storyboarding, nous rendons ces idées concrètes. Après cela, nous cherchons les lieux de tournage. Il arrive que le décor détermine la mise en scène et le cadrage, s’il constitue un élément-clé. Je voulais travailler avec Mykyta Kouzmenko, [directeur de la photographie du film] que je connais depuis mes années étudiantes. C’est un excellent partenaire, qui sait écouter et proposer. Il a la capacité de trouver des solutions originales et créatives pour mettre en images ce que j’ai en tête, parfois en l’améliorant. C’est pourquoi j’ai insisté pour que ce soit lui, auprès de certains de mes producteurs qui voulaient un chef-opérateur étranger."

"L’écriture du scénario est l’étape la plus libre de la conception d’un film, tout ce qui vient après est forcément contraint. Le tournage dépend d’énormément de facteurs, des producteurs, des acteurs, des techniciens, de la météo, de l’humeur. Alors que le scénario ne dépend que de ton imagination. Après, ce qui est dans le scénario peut apparaître irréalisable. Pour]i Le Serment de Pamfir, j’ai écrit trois versions du scénario avant les répétitions avec les acteurs. Après ça, j’ai rédigé la version finale et veillé à ce qu’il n’y ait rien de superflu. C’est souvent le reproche qu’on fait aux réalisateurs de premiers films : d’écrire trop, de vouloir tout mettre. Les répétitions m’ont beaucoup aidé en cela, j’ai vu ce qui, dans les dialogues, fonctionnait ou non. De fait, je n’y ai quasiment pas retouché sur le tournage."

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Séance unique

Jeudi 9 novembre 2023 à 20:30 : projection suivie d'une rencontre avec Anthelme Vidaud