CINÉMA D'HIER ET D'AUJOURD'HUI • SEPTEMBRE 2013
France, 2012, 1h23
SORTIE NATIONALE
SORTIE NATIONALE
En embarquant sur un chalutier pour dresser le portrait d’une des plus vieilles entreprises humaines, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor témoignent, dans un flot d’images sidérant, de l’affrontement qui engage l’homme, la nature et la machine. Tourné à l’aide d’une dizaine de caméras numériques ballottées au gré du vent et des vagues, sanglées aux corps des pêcheurs, aux cordages du bateau, gommant tous repères, et où la mer et le ciel finissent par se confondre, ce film nous avertit des menaces de la pêche intensive autant qu’il révèle la beauté foudroyante des entrailles de l’océan.
"Des thons violemment harponnés de Stromboli (Roberto Rossellini) aux déferlements de vagues de synthèse d’En pleine tempête (Wolfgang Petersen), la pêche est sans doute l’entreprise humaine la plus romantisée et la plus filmée. Mais Leviathan, de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, artistes et anthropologues à Harvard - où le premier dirige le Sensory Ethnography Lab -, c’est du jamais-vu, un film monstre.
Si le titre fait allusion à Melville qui utilisait le terme pour décrire les grands cachalots, il reprend ici son sens biblique d’un informe monstre marin, qu’aucun filet ne peut contenir.
Leviathan est un documentaire expérimental montrant la brutalité du travail en haute mer, mais c’est aussi une expérience sensorielle, un film d’art et d’horreur. "Le roman de Melville est important pour nous parce que lui-même fait exploser le genre, parce qu’il y a un engagement avec le sublime, l’horreur, avec le monde, plutôt que de s’intéresser aux petites vies privées, bourgeoises des bêtes humaines".
(…) Le film est comme une réaction physique à l’expérience en mer qu’il parvient si magistralement à restituer, entremêlant les perspectives des poissons, des mouettes, du bateau et des hommes qui ne forment plus qu’un avec l’océan. L’immersion dans ce chaos est totale, viscérale. La caméra fait corps avec le navire, charriée sur le pont glissant, ballottée par le roulis, flottant au milieu des cadavres éviscérés et décapités des poissons, asphyxiée dans les filets ou plongée dans les flots.
Comme pour la plupart des films sortis du Sensory Ethnography Lab, dans Leviathan, le son est capital : cris des mouettes, raffut du raffiot, des machines, de la mer, de l’univers qui contrastent avec le mutisme des matelots bercés de heavy metal. "Les documentaires sont trop attachés à la parole. Le discours, c’est du langage, une forme atrophiée de représentation si on la compare à la magnitude de l’expérience humaine et animale." Leviathan est un film sans parole mais un "film hurlant" disent les réalisateurs."
Marie Lechner, Libération
"Dans son flux abstrait de mouvements, Léviathan raconte bien une histoire, celle d’une crise de civilisation. Il faut voir ces plans sur la gueule creusée des marins et entendre la mer hurler dans les crépitements infernaux de la bande-son pour saisir toute la force du film, à la fois manifeste esthétique pour un nouveau documentaire et pamphlet radical contre l’exploitation suicidaire de la nature par l’homme."
Romain Blondeau, Les Inrockuptibles
"Des thons violemment harponnés de Stromboli (Roberto Rossellini) aux déferlements de vagues de synthèse d’En pleine tempête (Wolfgang Petersen), la pêche est sans doute l’entreprise humaine la plus romantisée et la plus filmée. Mais Leviathan, de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, artistes et anthropologues à Harvard - où le premier dirige le Sensory Ethnography Lab -, c’est du jamais-vu, un film monstre.
Si le titre fait allusion à Melville qui utilisait le terme pour décrire les grands cachalots, il reprend ici son sens biblique d’un informe monstre marin, qu’aucun filet ne peut contenir.
Leviathan est un documentaire expérimental montrant la brutalité du travail en haute mer, mais c’est aussi une expérience sensorielle, un film d’art et d’horreur. "Le roman de Melville est important pour nous parce que lui-même fait exploser le genre, parce qu’il y a un engagement avec le sublime, l’horreur, avec le monde, plutôt que de s’intéresser aux petites vies privées, bourgeoises des bêtes humaines".
(…) Le film est comme une réaction physique à l’expérience en mer qu’il parvient si magistralement à restituer, entremêlant les perspectives des poissons, des mouettes, du bateau et des hommes qui ne forment plus qu’un avec l’océan. L’immersion dans ce chaos est totale, viscérale. La caméra fait corps avec le navire, charriée sur le pont glissant, ballottée par le roulis, flottant au milieu des cadavres éviscérés et décapités des poissons, asphyxiée dans les filets ou plongée dans les flots.
Comme pour la plupart des films sortis du Sensory Ethnography Lab, dans Leviathan, le son est capital : cris des mouettes, raffut du raffiot, des machines, de la mer, de l’univers qui contrastent avec le mutisme des matelots bercés de heavy metal. "Les documentaires sont trop attachés à la parole. Le discours, c’est du langage, une forme atrophiée de représentation si on la compare à la magnitude de l’expérience humaine et animale." Leviathan est un film sans parole mais un "film hurlant" disent les réalisateurs."
Marie Lechner, Libération
"Dans son flux abstrait de mouvements, Léviathan raconte bien une histoire, celle d’une crise de civilisation. Il faut voir ces plans sur la gueule creusée des marins et entendre la mer hurler dans les crépitements infernaux de la bande-son pour saisir toute la force du film, à la fois manifeste esthétique pour un nouveau documentaire et pamphlet radical contre l’exploitation suicidaire de la nature par l’homme."
Romain Blondeau, Les Inrockuptibles
Séances
Vendredi 13 septembre 2013 à 18h30
Dimanche 15 septembre 2013 à 21h
Samedi 21 septembre 2013 à 15h
Mercredi 25 septembre 2013 à 20h30
Dimanche 15 septembre 2013 à 21h
Samedi 21 septembre 2013 à 15h
Mercredi 25 septembre 2013 à 20h30