PROGRAMMATION MAI 2007
France, 1996, 1h28, documentaire
Cette fable politique en forme de tragi-comédie se joue pendant les élections municipales de juin 1995 à Marseille. On observe alors comment, dans les quartiers nord, la candidature de Bernard Tapie aux municipales provoque une scission de la Gauche.
« À Marseille, il n’y a rien à voir (comme autrefois à Hiroshima). Rien qui se donne pour une ville comme les autres villes. Tel est le postulat de départ, injuste bien entendu, comme tous les postulats de départ. Il me faut alors (c’est ce que je me dis maintenant, après coup) renverser la formule classique du cinéma : ''des corps dans des décors…'' Imaginer une formule plus improbable (''surréaliste'' plutôt que ''réaliste'' ?) : des décors qui seraient pris dans des corps, qui auraient disparu au dedans, qui seraient devenus le ressort, l’armature, le moteur, la structure des corps. La ville à l’intérieur des habitants. La Ville Intérieure. C’est bien celle du cinéma, la Ville dans les films. Le cinéma qui passe son temps à mettre dehors ce qui est dedans et dedans ce qui est dehors. Infatigable déménageur. Filmer Marseille à l’intérieur des têtes, à l’intérieur des corps de ses habitants. La ville incarnée, digérée par les corps des siens, devenue pensée à l’intérieur, dans l’épaisseur, dans les plis de la chair, devenue forme dans les corps. »
Jean-Louis Comolli, ''La Ville filmée'', Regards sur la ville, Ed. Centre Pompidou, 1994
« Il y avait au cœur des quartiers Nord, dans la partie la plus populaire de la ville, une association, ''Nord Ambition'', regroupant les supporters de Bernard Tapie. Ils aideraient Tapie à conquérir la Mairie de Marseille, et ils comptaient en retour sur l’appui de Tapie pour gagner, eux, la mairie des quartiers Nord. Grâce à la très grande popularité de Tapie, ils pourraient enfin faire échec, rêvaient-ils, à la domination communiste traditionnelle dans ces quartiers Nord. Mais ''le Messie'', comme ils l’appelaient, connaissait quelques difficultés. Les procès se multipliaient, les condamnations tombaient, Tapie se taisait. Les tapistes de ''Nord Ambition'' espéraient pourtant encore... Espoir déçu. Tapie finira par donner son appui à l’alliance PC - PS, c’est-à-dire aux ennemis de ses amis... Que croyez vous qu’il arriva ? Comme dit l’un de nos personnages : ''Ça recompose sec !'' La morale de la fable est double. Que des petits poissons finissent par se faire manger par les gros. Et que, bien sûr, ''il ne faut jurer de rien''. »
Jean-Louis Comolli, Michel Samson, Rétrospective de la série, Centre Pompidou, novembre 2003
« À Marseille, il n’y a rien à voir (comme autrefois à Hiroshima). Rien qui se donne pour une ville comme les autres villes. Tel est le postulat de départ, injuste bien entendu, comme tous les postulats de départ. Il me faut alors (c’est ce que je me dis maintenant, après coup) renverser la formule classique du cinéma : ''des corps dans des décors…'' Imaginer une formule plus improbable (''surréaliste'' plutôt que ''réaliste'' ?) : des décors qui seraient pris dans des corps, qui auraient disparu au dedans, qui seraient devenus le ressort, l’armature, le moteur, la structure des corps. La ville à l’intérieur des habitants. La Ville Intérieure. C’est bien celle du cinéma, la Ville dans les films. Le cinéma qui passe son temps à mettre dehors ce qui est dedans et dedans ce qui est dehors. Infatigable déménageur. Filmer Marseille à l’intérieur des têtes, à l’intérieur des corps de ses habitants. La ville incarnée, digérée par les corps des siens, devenue pensée à l’intérieur, dans l’épaisseur, dans les plis de la chair, devenue forme dans les corps. »
Jean-Louis Comolli, ''La Ville filmée'', Regards sur la ville, Ed. Centre Pompidou, 1994
« Il y avait au cœur des quartiers Nord, dans la partie la plus populaire de la ville, une association, ''Nord Ambition'', regroupant les supporters de Bernard Tapie. Ils aideraient Tapie à conquérir la Mairie de Marseille, et ils comptaient en retour sur l’appui de Tapie pour gagner, eux, la mairie des quartiers Nord. Grâce à la très grande popularité de Tapie, ils pourraient enfin faire échec, rêvaient-ils, à la domination communiste traditionnelle dans ces quartiers Nord. Mais ''le Messie'', comme ils l’appelaient, connaissait quelques difficultés. Les procès se multipliaient, les condamnations tombaient, Tapie se taisait. Les tapistes de ''Nord Ambition'' espéraient pourtant encore... Espoir déçu. Tapie finira par donner son appui à l’alliance PC - PS, c’est-à-dire aux ennemis de ses amis... Que croyez vous qu’il arriva ? Comme dit l’un de nos personnages : ''Ça recompose sec !'' La morale de la fable est double. Que des petits poissons finissent par se faire manger par les gros. Et que, bien sûr, ''il ne faut jurer de rien''. »
Jean-Louis Comolli, Michel Samson, Rétrospective de la série, Centre Pompidou, novembre 2003
SEANCE UNIQUE
vendredi 4 mai à 21h
