CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • AVRIL 2016
USA, 1951, 1h27, VOSTF
avec David Wayne, Howard Da Silva, Martin Gabel
VERSION RESTAURÉE
avec David Wayne, Howard Da Silva, Martin Gabel
VERSION RESTAURÉE
Un insaisissable tueur en série kidnappe et tue de façon abjecte des fillettes. Il est traqué et arrêté par une société désireuse d’agonir l’homme et sa perversité. Film tourné un peu à contre-cœur dans des années de chasses aux sorcières où les engagements communistes de Losey lui valent quasiment un arrêt de travail. Dans ce remake Losey, n’efface pas les ombres expressionnistes de l’original, mais il met en lumière la traque et David Wayne interprète un M qui révèle les fautes, les paradoxes et les violences d’une société qui explique en partie pourquoi un homme devient un assassin de petites filles.
"Losey ne se contente donc pas de transposer d’un monde à l’autre, d’une ville à l’autre le drame de « l’infâme » ; refaire M le Mauditi[, ce n’est pas seulement l’actualiser dans l’Amérique de l’après-guerre, c’est aussi, inévitablement, se confronter à un pur exercice de style. Losey, contraint par la censure de ne pas toucher au récit original, s’approprie la matière visuelle et dramatique que lui procure cette production américaine avec une grande liberté, et avec son génie de la mise en scène. Les extérieurs urbains de Los Angeles – tunnels, collines, volées d’escaliers, vieilles maisons de bois, mall de fêtes foraines… – et l’architecture d’un baroque à la fois rationnel et luxuriant du Bradbury building, qu’on dirait tirée d’un dessin de Piranèse, sont bien plus qu’un simple décor. Ils forment un univers mobile, aux perspectives changeantes, interchangeables : le plein et le vide, l’ouvert et le clos, l’élévation et le souterrain sont continuellement en mouvement, comme un dialogue visuel qui accompagne la traque de M et lui procure dynamique, vivacité et profondeur. Sur ce point Losey raconte sa jubilation à tourner hors studios, dans des décors « absolument fabuleux, que l’on n’avait jamais vus dans un film hollywoodien, et qu’on n’a jamais revus depuis » [4]. Mais il limite de lui-même le recours à des « décors naturels » et à un réalisme de pacotille : « Les bas-fonds américains n’ont évidemment jamais ressemblé à ceux-là, et surtout pas à cette époque. Il y avait un mélange de Los Angeles aujourd’hui, de ]iL’Opéra de quat’sous de 1920, de l’Europe de l’Est et tout cela ne pouvait pas se mélanger. » Loin d’un cinéma vérité pas encore à l’ordre du jour – et dont Losey se souciera peu –, l’inventivité visuelle dont fait preuve Losey dans ce remake porte la marque d’une mise en scène qui donne une valeur intrinsèque aux lieux traversés par les personnages : ils disent et dictent l’action.
Porté par une mise en scène implacable et une brillante direction d’acteurs, le remake du chef d’œuvre de Fritz Lang par Losey est un grand film à part entière, un film noir de la plus belle eau et une grande réalisation des débuts du cinéaste américain." Max Robin, Critikat
"Losey ne se contente donc pas de transposer d’un monde à l’autre, d’une ville à l’autre le drame de « l’infâme » ; refaire M le Mauditi[, ce n’est pas seulement l’actualiser dans l’Amérique de l’après-guerre, c’est aussi, inévitablement, se confronter à un pur exercice de style. Losey, contraint par la censure de ne pas toucher au récit original, s’approprie la matière visuelle et dramatique que lui procure cette production américaine avec une grande liberté, et avec son génie de la mise en scène. Les extérieurs urbains de Los Angeles – tunnels, collines, volées d’escaliers, vieilles maisons de bois, mall de fêtes foraines… – et l’architecture d’un baroque à la fois rationnel et luxuriant du Bradbury building, qu’on dirait tirée d’un dessin de Piranèse, sont bien plus qu’un simple décor. Ils forment un univers mobile, aux perspectives changeantes, interchangeables : le plein et le vide, l’ouvert et le clos, l’élévation et le souterrain sont continuellement en mouvement, comme un dialogue visuel qui accompagne la traque de M et lui procure dynamique, vivacité et profondeur. Sur ce point Losey raconte sa jubilation à tourner hors studios, dans des décors « absolument fabuleux, que l’on n’avait jamais vus dans un film hollywoodien, et qu’on n’a jamais revus depuis » [4]. Mais il limite de lui-même le recours à des « décors naturels » et à un réalisme de pacotille : « Les bas-fonds américains n’ont évidemment jamais ressemblé à ceux-là, et surtout pas à cette époque. Il y avait un mélange de Los Angeles aujourd’hui, de ]iL’Opéra de quat’sous de 1920, de l’Europe de l’Est et tout cela ne pouvait pas se mélanger. » Loin d’un cinéma vérité pas encore à l’ordre du jour – et dont Losey se souciera peu –, l’inventivité visuelle dont fait preuve Losey dans ce remake porte la marque d’une mise en scène qui donne une valeur intrinsèque aux lieux traversés par les personnages : ils disent et dictent l’action.
Porté par une mise en scène implacable et une brillante direction d’acteurs, le remake du chef d’œuvre de Fritz Lang par Losey est un grand film à part entière, un film noir de la plus belle eau et une grande réalisation des débuts du cinéaste américain." Max Robin, Critikat
Séances
vendredi 8/04 20:30 - - samedi 9/04 19:00 - - dimanche 10/04 14:30
lundi 11/04 20:30 - - mercredi 13/04 14:30
lundi 11/04 20:30 - - mercredi 13/04 14:30