CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • FÉVRIER - AVRIL 2017
France, 1967, 1h21
avec Marie Cardinal, Paul Hebert, Jean Vimenet
NUM • VERSION RESTAURÉE
avec Marie Cardinal, Paul Hebert, Jean Vimenet
NUM • VERSION RESTAURÉE
À la campagne, dans une famille pauvre, une mère mourante, un père alcoolique, une adolescente sauvage et un peu naïve apprend la vie à ses dépens... Adaptant une nouvelle de Bernanos dont un autre roman avec une héroïne du même nom inspirera aussi Pialat pour Sous le soleil de Satan, Bresson en tire un récit simple et implacable. Il y avait là tous les ingrédients du mélodrame paysan mais le style de Bresson avec ses dialogues atones, ses plans secs, tirés au cordeau d’un montage rigoureux évite cet écueil. L’héroïne elle même, victime mais décidée, porte le film dans une autre direction : ce qui la dépasse n’est pas de l’ordre du déterminisme social. Le symbolisme des scènes de chasse va dans ce sens. Une traduction de la vision chrétienne de Bernanos ?
"Tourné à Apt, dans le Vaucluse, Mouchette n’a gardé de la Provence ni ses champs de lavande, ni ses chants de cigales. Indifférent aux modes, Bresson suit, plan rapproché après plan rapproché, cette adolescente boudeuse, dont il détaille chaque geste. Il révèle ainsi la tragédie des pauvres qui ne sentent pas le ciel peser au-dessus d’eux. Dans la première séquence de braconnage, anthologique, chacun des gestes du chasseur ajustant silencieusement ses collets est composé au millimètre. Quand Bresson filme les mains meurtrières en gros plan, il prend soin de placer sa caméra à la hauteur du cœur. Toute la mise en scène de Mouchette suit ce schéma de révélation subtile, de traque intime. Le ciel reste invisible tout au long du film, jusqu’à cette question foudroyante : "Et toi, Mouchette, as-tu jamais pensé à la mort ?" Quand Bresson adapte un roman, il ne raconte pas une histoire, il adopte un esprit : c’est là qu’est la leçon de mise en scène du film. Bernanos s’est lancé dans l’écriture de La Nouvelle Histoire de Mouchette en pleine guerre d’Espagne. En 1937, depuis Palma de Majorque, il évoque dans sa correspondance la tragédie dont il est le spectateur, "l’impossibilité qu’ont les pauvres gens de comprendre où leur vie est engagée". C’est cette tragédie-là que Bresson traduit en gestes clairs. Magistral." Luc Arbona, Les Inrockuptibles
"Tourné à Apt, dans le Vaucluse, Mouchette n’a gardé de la Provence ni ses champs de lavande, ni ses chants de cigales. Indifférent aux modes, Bresson suit, plan rapproché après plan rapproché, cette adolescente boudeuse, dont il détaille chaque geste. Il révèle ainsi la tragédie des pauvres qui ne sentent pas le ciel peser au-dessus d’eux. Dans la première séquence de braconnage, anthologique, chacun des gestes du chasseur ajustant silencieusement ses collets est composé au millimètre. Quand Bresson filme les mains meurtrières en gros plan, il prend soin de placer sa caméra à la hauteur du cœur. Toute la mise en scène de Mouchette suit ce schéma de révélation subtile, de traque intime. Le ciel reste invisible tout au long du film, jusqu’à cette question foudroyante : "Et toi, Mouchette, as-tu jamais pensé à la mort ?" Quand Bresson adapte un roman, il ne raconte pas une histoire, il adopte un esprit : c’est là qu’est la leçon de mise en scène du film. Bernanos s’est lancé dans l’écriture de La Nouvelle Histoire de Mouchette en pleine guerre d’Espagne. En 1937, depuis Palma de Majorque, il évoque dans sa correspondance la tragédie dont il est le spectateur, "l’impossibilité qu’ont les pauvres gens de comprendre où leur vie est engagée". C’est cette tragédie-là que Bresson traduit en gestes clairs. Magistral." Luc Arbona, Les Inrockuptibles
Séances
samedi 25/03 19:00 - - dimanche 26/03 14:15 - - samedi 1/04 19:00
lundi 3/04 18:30 - - mardi 4/04 21:00
lundi 3/04 18:30 - - mardi 4/04 21:00