Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

Archives 2001-2011

NUAGES FLOTTANTS (UKIGUMO)


de Mikio Naruse



PROGRAMMATION AVRIL 2009

Japon, 1955, 2h03, VOSTF
Avec Hideko Takamine, Masayuki Mori, Mariko Okada

NUAGES FLOTTANTS (UKIGUMO)
Durant un voyage en Indochine pendant la Seconde Guerre mondiale, Yukiko fait la rencontre de Kengo, un homme marié. Celui-ci promet de divorcer à leur retour au Japon... Cinéaste très précis dans son analyse du quotidien, Naruse livre ici un drame amoureux splendide en restant collé aux faits, sans livrer d’explications sociales ou psychologiques aux comportements de ses personnages.

«Ozu fut si ébranlé par la découverte de Nuages flottants qu'il avoua, dans ses Carnets, son angoisse de ne pouvoir égaler une telle splendeur. Comme beaucoup de films de Mikio Naruse (1905-1969), il s'agit d'un mélodrame avec tous les codes propres au genre : une histoire d'amour tragique sur plusieurs années, assaisonnée d'adultère, viol, crime passionnel et maladie fatale. Mais un mélodrame sidérant de modernité par son absence de pathos (un exploit au vu des nombreux rebondissements du scénario), son réalisme social (on y voit une manifestation d'ouvriers chantant L'Internationale) et la trivialité sarcastique de ses dialogues. Les deux amants passent leur temps à se dénigrer l'un et l'autre (« Tu es fier et frivole, pourtant tu es lâche », « Je me suiciderai avec une plus belle que toi ») dans une relation de « ni avec toi ni sans toi » étonnante d'impudeur pour un film japonais des années 1950.
Les quartiers en ruine du Tokyo d'après-guerre semblent condamner par avance un amour né dans l'insouciance et le luxe de l'occupation coloniale en Indochine - les flash-back sur les jours heureux du passé accentuant par contraste la tristesse infinie du récit. Yukiko est une héroïne typique de Naruse : victime de la lâcheté et de la muflerie d'un homme, lucide sur son sort et en même temps portée par son aspiration à une vie meilleure. L'intense émotion dégagée par le beau visage de Hideko Takamine sublime le détachement apparent de la mise en scène. Ozu avait raison de douter. L'ultime séquence où Kengo tente de redonner vie à Yukiko en lui peignant les lèvres est encore plus déchirante que les dernières minutes de Voyage à Tokyo... »
Samuel Douhaire, Télérama

SEANCE UNIQUE

Dimanche 5 avril à 18h30