Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

Archives 2001-2011

PUNISHMENT PARK


de Peter Watkins



PROGRAMMATION NOVEMBRE 2007

USA, 1970, 1h28, VOSTF
Avec Mark Keats, Kent Foreman, Carmen Argenziano

PUNISHMENT PARK
Fable politique inspirée par l'application du McCarren Act, une loi d'exception votée en 1970 à la faveur d'une aggravation du conflit au Nord-Vietnam, autorisant à placer en détention "toute personne susceptible de porter atteinte à la sécurité intérieure". La force de la manière Watkins, c'est d'instaurer le trouble en montrant l'affaire comme s'il s'agissait d'une émission de télé-réalité. Il se présente comme une anticipation du stade critique de l'omniprésence paranoïaque des médias et du souci du contrôle politique dans lequel nous baignons quotidiennement.

« Puisque Punishment Park se rattache autant au film militant qu'au faux documentaire, on se rappellera que tout un secteur du cinéma d'exploitation avait à la même époque (Mondo Cane, 1963) investi le domaine des fausses actualités à des fins racoleuses et sensationnalistes. Recréer de façon morbide la misère et la laideur du monde telles qu'elles existent en fait est une entreprise cynique de droite ; imaginer à la place de l'Etat de nouveaux systèmes punitifs est une démarche paranoïaque de gauche. Punishment Park atteint en effet une dimension paranoïaque extrême, devenant une entreprise fascinante de perversité. Les motivations de Watkins sont claires : démontrer que le gouvernement républicain retourne à la barbarie – on pense évidemment au jugement des flèches, coutume indienne qui avait inspiré à Fuller un western génial. La paranoïa traverse donc les deux camps : Nixon et ses sbires, effrayés par quelques agitateurs inoffensifs, et les gauchistes, résignés à souffrir le martyre en se faisant courser comme des lapins. Les rêves des uns et les cauchemars des autres finissent par s'incarner dans le même film. Mais pas question pour Watkins de fouiller dans les poubelles de l'actualité. Le cinéaste préfère utiliser une phobie primitive, un tabou (le gibier humain, au centre de nombreuses oeuvres, dont la plus célèbre reste La Chasse du comte Zaroff ) pour étayer son raisonnement à propos d'une nation molochéenne dévorant ses enfants, monstrueuse anticipation de cannibalisme politique. »
Olivier Père, Les Inrockuptibles

SEANCES

Vendredi 30 novembre à 21h
Dimanche 2 décembre à 18h30
Lundi 3 décembre à 18h30