NICOLAS PHILIBERT • FÉVRIER 2014
France, 2006, 1h53, documentaire
À l’origine de ce film, il y en a un autre. Celui que le cinéaste René Allio tourna en Normandie en 1975, d’après un fait-divers, avec des paysans dans les rôles principaux : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère… Nicolas Philibert, alors jeune assistant, avait été chargé de les recruter. Une aventure de cinéma singulière et forte dont le souvenir ne cessera de l’accompagner. Dans Retour en Normandie, il revient voir ces hommes et ces femmes pour les filmer, dans leurs vies d’aujourd’hui, aux prises avec le monde.
"L’originalité et la réussite de "Retour en Normandie", sans doute le film le plus personnel de Philibert – d’abord parce qu’il s’y implique directement en tant que récitant, qu’acteur même –, tiennent à diverses raisons : en premier lieu au fait que le film reste toujours ouvert, aux gens, aux aléas, aux images du monde, au sens, sans jamais tenter d’en imposer un. Les premières secondes du film, par exemple, nous montrent la naissance de porcelets : a priori aucun rapport direct avec le sujet du film… Bientôt, on assistera à un mariage, aux travaux des champs, aujourd’hui en Normandie. Philibert retrouve les carnets de René Allio, laisse témoigner les participants au film, visite les studios Eclair, où les ouvriers se sont mis en grève pour résister à une délocalisation.
Si "Retour en Normandie" parle du passé, il s’inscrit totalement dans le présent, il traite de la porosité entre les deux. Et c’est quand il semble s’écarter le plus de son sujet que Philibert en est en fait le plus proche. Si l’on devait donner une image métaphorique du film, c’est celle d’un cours d’eau qui s’imposerait : Retour en Normandie, comme la Seine, coule plutôt doucement, mais son cours est fait de multiples méandres, commet de brusques écarts qui l’enrichissent d’alluvions surprenantes, nourrissantes, peut-être même libératrices de forces insoupçonnées. S’il fallait cette fois-ci associer au film une image géométrique ou physique, c’est sans doute celle de cercles concentriques en mouvement qui serait la plus juste, tant il est agité sans cesse de mouvements centripètes et centrifuges, d’allers et retours permanents entre le passé et le présent, entre le cinéma et la vie, l’Histoire et l’histoire intime, entre la fiction et sa représentation, entre les pères et les fils. "
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
"L’originalité et la réussite de "Retour en Normandie", sans doute le film le plus personnel de Philibert – d’abord parce qu’il s’y implique directement en tant que récitant, qu’acteur même –, tiennent à diverses raisons : en premier lieu au fait que le film reste toujours ouvert, aux gens, aux aléas, aux images du monde, au sens, sans jamais tenter d’en imposer un. Les premières secondes du film, par exemple, nous montrent la naissance de porcelets : a priori aucun rapport direct avec le sujet du film… Bientôt, on assistera à un mariage, aux travaux des champs, aujourd’hui en Normandie. Philibert retrouve les carnets de René Allio, laisse témoigner les participants au film, visite les studios Eclair, où les ouvriers se sont mis en grève pour résister à une délocalisation.
Si "Retour en Normandie" parle du passé, il s’inscrit totalement dans le présent, il traite de la porosité entre les deux. Et c’est quand il semble s’écarter le plus de son sujet que Philibert en est en fait le plus proche. Si l’on devait donner une image métaphorique du film, c’est celle d’un cours d’eau qui s’imposerait : Retour en Normandie, comme la Seine, coule plutôt doucement, mais son cours est fait de multiples méandres, commet de brusques écarts qui l’enrichissent d’alluvions surprenantes, nourrissantes, peut-être même libératrices de forces insoupçonnées. S’il fallait cette fois-ci associer au film une image géométrique ou physique, c’est sans doute celle de cercles concentriques en mouvement qui serait la plus juste, tant il est agité sans cesse de mouvements centripètes et centrifuges, d’allers et retours permanents entre le passé et le présent, entre le cinéma et la vie, l’Histoire et l’histoire intime, entre la fiction et sa représentation, entre les pères et les fils. "
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
Séances
Jeudi 13 février 18h30
Lundi 24 février 20h30
Lundi 24 février 20h30