RÉTROSPECTIVE MARLENE DIETRICH • AOÛT-SEPTEMBRE 2013
USA, 1932, 1h20, VOSTF
avec Marlene Dietrich, Clive Brook, Anna May Wong, Warner Oland, Eugene Pallette
avec Marlene Dietrich, Clive Brook, Anna May Wong, Warner Oland, Eugene Pallette
Dans un train qui relie Pékin à Shanghaï, dans une Chine en pleine guerre civile, une jeune femme à la réputation sulfureuse, connue sous le surnom de "Shanghaï Lily", y retrouve par hasard celui qui fut son grand amour avant une rupture difficile, six ans auparavant : Le capitaine Harvey, médecin militaire. Également à bord de ce train : un Chinois, le négociant Henri Chang, homme mystérieux et raffiné, qui se révèle rapidement être un Chef des rebelles, cruel et violent.
"Plus grand succès commercial de l'association Sternberg-Dietrich, Shanghai Express devait rapporter à la Paramount environ trois millions sept cent mille dollars. C'est sans doute dans ce film qu'opère avec le plus d'évidence la magie de tous les talents conjugués, du scénario de Furthman aux images de Lee Garmes, en passant par les décors d'Hans Dreier et les costumes de Travis Banton. La notion de cliché est ici plus déterminante que jamais. Les personnages sont autant de "types" romanesques, de conventions presque, qui évoluent dans un décor conçu selon l'idée qu'on se fait de l'Orient, au gré d'une intrigue d'une parfaite linéarité. Les dialogues abondent eux aussi de clichés ("En Chine, le temps et la vie n'ont pas de valeur", "chaque train a sa cargaison de péchés"), qui achèvent de placer les personnages dans une situation d'une exemplarité affirmée. Le poids du passé pèse sur tous, en particulier sur le couple Shanghaï Lily-Doc. La célèbre phrase de Marlene-Lily, qui, après avoir dit au capitaine qu'elle a changé de nom, s'entend demander si elle est mariée et répond qu''il a fallu plus d'un homme pour changer (son) nom en Shanghaï-Lily', résume tout ce qu'est le personnage en amont du récit et définit l'image de la star et de son rapport (mythique) à l'amour. Son "sacrifice" (littéralement "pour les beaux yeux" de l'homme qu'elle aime) participe pleinement du mythe de la femme amoureuse, condamnée par son passé et son image à demeure incomprise. Cet aspect du personnage de Marlene peut indiquer peut-être à quel point le mythe était développé en direction du public féminin. Shanghai Express est sans doute aussi le film dans lequel la beauté de Marlene est le plus mise en valeur. Ses toilettes (plumes dans la première et la dernière scène, voilettes, fourrure de la fameuse scène sur la plate-forme, où elle embrasse Clive Brook, puis coiffe sa casquette de capitaine), le jeu sur les ombres, sur les cheveux, tout est d'une unité admirable. Jusqu'à la dernière scène du train, qui s'ouvre par un lent travelling avant sur elle à la porte avant qu'elle éteigne la lumière : trois gros plans fabuleux, ou l'évidence du génie."
Pascal Mérigeau (Josef von Sternberg, Édilio)
"Plus grand succès commercial de l'association Sternberg-Dietrich, Shanghai Express devait rapporter à la Paramount environ trois millions sept cent mille dollars. C'est sans doute dans ce film qu'opère avec le plus d'évidence la magie de tous les talents conjugués, du scénario de Furthman aux images de Lee Garmes, en passant par les décors d'Hans Dreier et les costumes de Travis Banton. La notion de cliché est ici plus déterminante que jamais. Les personnages sont autant de "types" romanesques, de conventions presque, qui évoluent dans un décor conçu selon l'idée qu'on se fait de l'Orient, au gré d'une intrigue d'une parfaite linéarité. Les dialogues abondent eux aussi de clichés ("En Chine, le temps et la vie n'ont pas de valeur", "chaque train a sa cargaison de péchés"), qui achèvent de placer les personnages dans une situation d'une exemplarité affirmée. Le poids du passé pèse sur tous, en particulier sur le couple Shanghaï Lily-Doc. La célèbre phrase de Marlene-Lily, qui, après avoir dit au capitaine qu'elle a changé de nom, s'entend demander si elle est mariée et répond qu''il a fallu plus d'un homme pour changer (son) nom en Shanghaï-Lily', résume tout ce qu'est le personnage en amont du récit et définit l'image de la star et de son rapport (mythique) à l'amour. Son "sacrifice" (littéralement "pour les beaux yeux" de l'homme qu'elle aime) participe pleinement du mythe de la femme amoureuse, condamnée par son passé et son image à demeure incomprise. Cet aspect du personnage de Marlene peut indiquer peut-être à quel point le mythe était développé en direction du public féminin. Shanghai Express est sans doute aussi le film dans lequel la beauté de Marlene est le plus mise en valeur. Ses toilettes (plumes dans la première et la dernière scène, voilettes, fourrure de la fameuse scène sur la plate-forme, où elle embrasse Clive Brook, puis coiffe sa casquette de capitaine), le jeu sur les ombres, sur les cheveux, tout est d'une unité admirable. Jusqu'à la dernière scène du train, qui s'ouvre par un lent travelling avant sur elle à la porte avant qu'elle éteigne la lumière : trois gros plans fabuleux, ou l'évidence du génie."
Pascal Mérigeau (Josef von Sternberg, Édilio)
Séances
Samedi 24 août 2013 à 21h
Dimanche 25 août 2013 à 19h
Mardi 3 septembre 2013 à 21h
Dimanche 25 août 2013 à 19h
Mardi 3 septembre 2013 à 21h