L'AMÉRIQUE DES MARGES • OCTOBRE-NOVEMBRE 2016
France-Italie, 2015, 1h32, VOSTF, documentaire
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En Louisiane, Mark et Lisa vivent à la petite semaine. Leurs journées sont rythmées par la misère, la passion et la violence. Leur entourage à Bawcomville craint que leur communauté soit oubliée. Tandis qu’au Texas, une milice prophétise une nouvelle guerre civile. Roberto Minervini filme le quart-monde des États-Unis, auquel il confère une certaine grâce tout en jouant avec la frontière ténue entre documentaire et fiction, oscillant également, et sans cesse, entre horreur et douceur, violence et poésie.
"Bienvenue (si l'on ose dire) de « l'autre côté » des Etats-Unis. Le documentariste italien Roberto Minervini a partagé l'intimité de Blancs déclassés, ou redoutant de le devenir. En Louisiane, un couple de toxicomanes et leurs proches tentent de survivre entre deux shoots. Au Texas, des paramilitaires s'entraînent pour résister à une hypothétique « invasion de l'intérieur » qui menacerait leurs libertés. Deux communautés aux antipodes l'une de l'autre, mais pour qui « la famille » reste le dernier rempart contre la misère et le désespoir.
Le film est cru, éprouvant, mais aussi poignant grâce à l'empathie du réalisateur pour ces paumés. Son travail sur les cadrages (admirablement composés) et la lumière (d'une délicatesse inattendue) s'approche parfois des photographies de Nan Goldin." Samuel Douhaire, Télérama
"Après sa trilogie consacrée au Texas (le portrait d’une famille mormone), le réalisateur italien Roberto Minervini est allé en Louisiane. Il y a tissé des liens forts avec les communautés locales, des gens démunis qui ont accepté de vivre sous l’œil de sa caméra. Dealers, toxicomanes, retraités sans le sou, vétérans de guerre peuplent les images de The Other Side, centrées, après le portrait de Mark, sur une association paramilitaire. Par cette construction, le film montre le cheminement logique, inéluctable, qui mène de la pauvreté aux deux cancers de l’Amérique : la drogue et les armes.
Si une telle démarche rappelle le cinéma- vérité des années 1960, son côté embedded, immergé dans la vie des gens, résonne tout autant avec les photos intimistes de Nan Goldin et Larry Clark. Mais s’il fallait citer un seul nom, ce serait Robert Flaherty, père du film documentaire américain et pionnier du docu-fiction. En 1948, il signait Louisiana Story, l’histoire d’un gamin voguant sur sa pirogue dans un coin sauvage de La Nouvelle Orléans – auquel The Other Side redonne vie dans une très belle scène de barque sur une rivière.
Minervini ne vise pourtant pas la stricte invisibilité. Son film résulte d’une mise en scène très travaillée qui tire sans cesse les images du côté de la fiction. On va jusqu’à douter parfois de leur authenticité, tant elles semblent écrites, jouées, chorégraphiées. Exemple : dans une scène où Mark et Lisa couchent ensemble, ce qui pourrait passer pour un sommet de voyeurisme (côté caméra) ou de dépravation vaguement exhibitionniste (côté sujet) produit en réalité une scène d’amour poignante et pleine de secrets.
Débarrassé de cette question éthique, reste un grand et beau film sur l’Amérique marginale, une chronique tendre et inquiétante de ses desperados de tout poil. Vieux féministes, rednecks anti-Obama, ados désœuvrés, tous accèdent chez Minervini, comme souvent chez Bruno Dumont, à la noble stature de héros de western." Emily Barnett, Les Inrockuptibles
"Bienvenue (si l'on ose dire) de « l'autre côté » des Etats-Unis. Le documentariste italien Roberto Minervini a partagé l'intimité de Blancs déclassés, ou redoutant de le devenir. En Louisiane, un couple de toxicomanes et leurs proches tentent de survivre entre deux shoots. Au Texas, des paramilitaires s'entraînent pour résister à une hypothétique « invasion de l'intérieur » qui menacerait leurs libertés. Deux communautés aux antipodes l'une de l'autre, mais pour qui « la famille » reste le dernier rempart contre la misère et le désespoir.
Le film est cru, éprouvant, mais aussi poignant grâce à l'empathie du réalisateur pour ces paumés. Son travail sur les cadrages (admirablement composés) et la lumière (d'une délicatesse inattendue) s'approche parfois des photographies de Nan Goldin." Samuel Douhaire, Télérama
"Après sa trilogie consacrée au Texas (le portrait d’une famille mormone), le réalisateur italien Roberto Minervini est allé en Louisiane. Il y a tissé des liens forts avec les communautés locales, des gens démunis qui ont accepté de vivre sous l’œil de sa caméra. Dealers, toxicomanes, retraités sans le sou, vétérans de guerre peuplent les images de The Other Side, centrées, après le portrait de Mark, sur une association paramilitaire. Par cette construction, le film montre le cheminement logique, inéluctable, qui mène de la pauvreté aux deux cancers de l’Amérique : la drogue et les armes.
Si une telle démarche rappelle le cinéma- vérité des années 1960, son côté embedded, immergé dans la vie des gens, résonne tout autant avec les photos intimistes de Nan Goldin et Larry Clark. Mais s’il fallait citer un seul nom, ce serait Robert Flaherty, père du film documentaire américain et pionnier du docu-fiction. En 1948, il signait Louisiana Story, l’histoire d’un gamin voguant sur sa pirogue dans un coin sauvage de La Nouvelle Orléans – auquel The Other Side redonne vie dans une très belle scène de barque sur une rivière.
Minervini ne vise pourtant pas la stricte invisibilité. Son film résulte d’une mise en scène très travaillée qui tire sans cesse les images du côté de la fiction. On va jusqu’à douter parfois de leur authenticité, tant elles semblent écrites, jouées, chorégraphiées. Exemple : dans une scène où Mark et Lisa couchent ensemble, ce qui pourrait passer pour un sommet de voyeurisme (côté caméra) ou de dépravation vaguement exhibitionniste (côté sujet) produit en réalité une scène d’amour poignante et pleine de secrets.
Débarrassé de cette question éthique, reste un grand et beau film sur l’Amérique marginale, une chronique tendre et inquiétante de ses desperados de tout poil. Vieux féministes, rednecks anti-Obama, ados désœuvrés, tous accèdent chez Minervini, comme souvent chez Bruno Dumont, à la noble stature de héros de western." Emily Barnett, Les Inrockuptibles
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