JOSÉ LUIS GUERIN • NOVEMBRE 2013
Espagne,1997, 1h28, documentaire
avec Jessica Andrieu, Juliette Gaultier
avec Jessica Andrieu, Juliette Gaultier
José Luis Guerin cherche les secrets que recèlent des images amateurs tournées par un certain Gérard Fleury dans les années 1920. Mystère et jeux silencieux des apparitions et disparitions, des regards, recréations et correspondances. Exercice ludique et savant sur le montage et le rapport aux archives, Tren de sombras convie les spectateurs à réfléchir sur leur propre croyance en les images filmées.
"Guerín, cherchant l'effet de réel, filme donc à la fois la trace et son anéantissement, avant de basculer (par un plan d'écoliers passant devant un cimetière…) dans l'époque contemporaine pour y représenter en couleurs les mêmes lieux, vidés de leurs habitants, mais encore hantés par leurs fantômes. Tout ici, qui est a priori plus authentique que dans les scènes d'époque reconstituées, renvoie de fait à un monde spectral, à haute teneur fantastique et fictionnelle, en vertu des jeux d'ombre et de lumière, du cadrage, des intérieurs piqués par le temps, des reliques domestiques, de la composition sonore et musicale. Fiction et document, réel et imaginaire, semblent donc absolument réversibles, d'autant plus qu'un long épilogue fait imploser et les genres et la chronologie par un transvasement expérimental des unes dans les autres. Aboutirait-il à ce seul paradoxe que le film de Guerín serait déjà un brillant exercice maniériste, révélateur de la fondamentale ambiguïté du cinéma. Mais il y a plus. C'est la manière particulièrement subtile avec laquelle le réalisateur parvient à glisser insensiblement une intrigue romanesque dans ce dispositif: l'aventure illégitime du père de famille et cinéaste amateur Gaston Fleury avec une jeune domestique, sous le regard caméra, disséqué jusqu'au vertige, de sa fille aînée. Tout le film peut être relu du coup à cette aune, sous le signe d'une trahison qui désigne la vérité de l'image."
Centre Pompidou
"Guerín, cherchant l'effet de réel, filme donc à la fois la trace et son anéantissement, avant de basculer (par un plan d'écoliers passant devant un cimetière…) dans l'époque contemporaine pour y représenter en couleurs les mêmes lieux, vidés de leurs habitants, mais encore hantés par leurs fantômes. Tout ici, qui est a priori plus authentique que dans les scènes d'époque reconstituées, renvoie de fait à un monde spectral, à haute teneur fantastique et fictionnelle, en vertu des jeux d'ombre et de lumière, du cadrage, des intérieurs piqués par le temps, des reliques domestiques, de la composition sonore et musicale. Fiction et document, réel et imaginaire, semblent donc absolument réversibles, d'autant plus qu'un long épilogue fait imploser et les genres et la chronologie par un transvasement expérimental des unes dans les autres. Aboutirait-il à ce seul paradoxe que le film de Guerín serait déjà un brillant exercice maniériste, révélateur de la fondamentale ambiguïté du cinéma. Mais il y a plus. C'est la manière particulièrement subtile avec laquelle le réalisateur parvient à glisser insensiblement une intrigue romanesque dans ce dispositif: l'aventure illégitime du père de famille et cinéaste amateur Gaston Fleury avec une jeune domestique, sous le regard caméra, disséqué jusqu'au vertige, de sa fille aînée. Tout le film peut être relu du coup à cette aune, sous le signe d'une trahison qui désigne la vérité de l'image."
Centre Pompidou
Séances
Samedi 9 novembre à 19h
Dimanche 10 novembre à 20h30
Dimanche 10 novembre 2013 • 20:30 • séance suivie d'une rencontre avec José Luis Guerin, réalisateur, animée par Répliques.