Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Un Animal des animaux


de Nicolas Philibert



NICOLAS PHILIBERT • FÉVRIER 2014

France, 1994, 55 min, documentaire
NUM
À partir de 8 ans

Un Animal des animaux
La Galerie de Zoologie du Muséum National d'Histoire Naturelle était fermée au public depuis un quart de siècle, laissant dans la pénombre et dans l'oubli des dizaines de milliers d'animaux naturalisés : mammifères, poissons, reptiles, insectes, batraciens... Tourné au cours de ses travaux de rénovation de 1991 à 1994, ce film raconte la métamorphose de ce lieu, et la résurrection de ses étranges pensionnaires.


"C’est tout un bestiaire humain et scientifique que Philibert nous dévoile, des tâches les plus infimes (classement des papillons, collage d’une plume sur un oiseau…) aux travaux les plus grands (reconstruction du bâtiment et réagencement des secteurs selon la chaîne de l’évolution…), de la tête (réflexions conceptuelles des scientifiques) aux jambes (sueur des camionneurs qui transportent un éléphant), tout un travail collectif de mise en scène et de représentation ; finalement, en bon cinéaste, Philibert nous montre aussi la métaphore du tournage d’un film. Mais par-delà les hommes, les vraies vedettes ici sont leurs ancêtres et arrière-petits-cousins, tous ces insectes, reptiles et autres mammifères que l’on repeint, recoud et retape, des griffes au museau. Le tour de force d’Un Animal, des animaux consiste à redonner vie à toute une faune figée pour l’éternité dans la pose empaillée. Par l’intelligence de son regard et la force des images mouvantes, Philibert frise alors un fantastique qui évoque les plus belles heures documentaires de Franju ou Resnais : un singe nous regarde étrangement comme un vieillard saisi d’effroi, un éléphant glisse entre les platanes du jardin des Plantes, un zèbre s’envole devant les fenêtres du Muséum, un ours attend qu’on lui recolle un œil, d’autres animaux semblent prêts à bondir de leurs étagères de rangement pour sauter à la gorge de leurs geôliers (ou du spectateur qui les regarde) ­ autant de lignes de fuite surréalistes surgissant des situations les plus prosaïques. (...)En attendant, Philibert vient de nous donner une leçon de modestie (vanité de l’homme dans l’immense chaîne de l’évolution). Leçon qui a l’élégance d’être avant tout un film formidable, aux confins de la science, de l’architecture, de la poésie, du fantastique, du naturalisme et du work-in-progress."

Serge Kaganski, Les Inrockuptibles

"C'est une belle histoire, servie par un super casting international : tous les animaux du monde sont en effet réunis ici. Une girafe, un éléphant, des antilopes, des singes, un zèbre, un hippopotame et autres mammifères. Mais aussi les oiseaux, les poissons, les crustacés, les insectes, les amphibiens, les reptiles et toutes sortes de bestioles qu'on aurait bien du mal à classer dans une catégorie définie. Toute cette faune nous regarde dans les yeux en attendant le grand jour de la parade. Nous ne sommes ni dans un dessin animé de Walt Disney ni dans un documentaire animalier, mais au Muséum national d'histoire naturelle, dans la galerie de zoologie. Une institution centenaire, qui ferma en 1965 pour cause de vétusté. Au début des années 90, un vaste projet de rénovation est lancé, qui aboutit à la réouverture de la galerie, en 1994. Pour cela, il a fallu remettre à neuf les bâtiments, mais aussi leurs drôles d'occupants laissés à l'abandon : les animaux naturalisés. De gigantesques collections, estimées à quelque soixante-seize millions de "pièces". Durant trois ans, Nicolas Philibert, auteur confirmé de documentaires passionnants (La Ville Louvre, Au pays des sourds), a suivi les différentes étapes de son "toilettage" et de sa restructuration. Le résultat nous ravit d'autant plus qu'il ressemble à une visite clandestine. Un parcours libre, parfois inquiétant, toujours excitant. On sillonne les réserves et les laboratoires où des hommes en blouse blanche soignent, cousent, maquillent la peau, les yeux, les poils des spécimens. Retouches de couleurs sur le plumage d'un perroquet ou la tête d'une girafe ; brossage d'un éléphant ou d'un zèbre. Taxidermistes, muséologues et naturalistes sont concentrés sur leur tâche comme des artisans ou des chirurgiens. L'atmosphère est silencieuse. Curieux, Philibert visite les coins et les recoins, s'arrête sur tel ou tel animal. Moments fascinants où il redonne vie, à sa manière, aux corps inertes devenus objets musicographiques."
Jacques Morice, Télérama

Séances

Mercredi 12 février 16h
Dimanche 23 février 14h30