RÉTROSPECTIVE JOHN FORD • DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
FORD EVER, par Jérôme Baron
L’abondance (plus de 120 longs-métrages sans évoquer les courts ou encore l’important épisode des films d’actualités auxquels il participa en tant qu’officier durant la Seconde Guerre mondiale) et la longévité de sa carrière, un demi-siècle très exactement (1917-1967) défient toute tentative d’esquisser en quelques lignes les contours d’une œuvre qui compte parmi les plus exceptionnelles contributions à l’histoire du cinéma.
En détournant pour en faire notre titre celui d’un bref article de Serge Daney paru en 1988 dans Libération, à l’heure où le critique matait le cinéma depuis la télévision pour voir comment il passait encore par là, nous voulons tout juste rappeler, plus précisément reformuler en deux mots, une évidence. Des reliefs élevés de l’art du cinéma, les films de Ford nous contemplent, vite familiers à ceux qui les découvrent, essentiels à celui qui sait ce qu’il a pu voir et apprendre, aimer du cinéma américain depuis les hauteurs de Ford Point. Qu’est-ce à dire ? Daney le précise à sa manière : le plan fordien dure juste le temps qu’il faut au spectateur pour prendre la mesure de ce qu’il y a à voir. Il faut donc avoir l’œil vif pour saisir la portée d’une ombre, l’apparition d’un nuage, ce qui change sur un visage (d’autant que les gros plans sont rares) dans le tohu-bohu provoqué par une blague de potache, tous ces temps qui passent souvent en un instant dans le plan qui les rassemble pour peser sur tous ceux qui suivent. Le plan fordien murmure ses évidences. Il associe une assurance bien pesée à une inquiétude contagieuse, incidente. Inséparablement.
L’ouverture de La Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) en offre un témoignage, un concentré : chaque éclat (de Ford) porte ainsi en lui, contient déjà, son épiphanie. Le génie du cinéaste ne sait dès lors offrir au regard que les contradictions avec lesquelles il se débat, une succession de vues primitives, fondatrices, beautés torses où nous voyons à la fois naître et se perdre les choses. Le dessin tout entier de l’œuvre semble être suspendu à la mise en scène de ce tourment, une sorte de lutte contre l‘irrémédiable (Nathan Brittles, l’officier joué par John Wayne dans La Charge héroïque – She Wore a Yellow Ribbon, 1949 – en vient à jouer autrement de la montre qu’on lui a offerte à la veille de sa retraite) sous-tendue par une volonté de ne jamais en finir, de contempler le XIXe depuis le XXe. Comme si le cinéma avait été inventé à la jonction de deux âges pour prolonger le précédent, pour retarder l’imminence d’une catastrophe dont le cinéaste sera bientôt le témoin, de Quatre fils (Four Sons, 1928) aux Sacrifiés (They Were Expandable, 1945) du Massacre de Fort Apache (Fort Apache, 1958) jusqu’au dernier plan mémorable du dernier film Frontière Chinoise (Seven Women, 1966).
Né en 1894, John Ford aura eu toute sa vie l’âge du cinéma ou presque, à moins que nous ne soyons tentés de penser l’inverse.
> Un document d'accompagnement écrit par Charlotte Garson sera disponible à l'accueil du cinéma durant la rétrospective (retrouvé ce texte en cliquant ici).
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> Conférence de Jérôme Baron
"Ford : aussi une question de forme"
Mercredi 19 décembre à 19:00 (entrée libre)
> Écouter la conférence en ligne en cliquant ici.
> Conférence de Cécile Gornet
"Les westerns de John Ford, une réflexion sur l’écriture de l’histoire"
Samedi 12 janvier à 19:00 (entrée libre)
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L’abondance (plus de 120 longs-métrages sans évoquer les courts ou encore l’important épisode des films d’actualités auxquels il participa en tant qu’officier durant la Seconde Guerre mondiale) et la longévité de sa carrière, un demi-siècle très exactement (1917-1967) défient toute tentative d’esquisser en quelques lignes les contours d’une œuvre qui compte parmi les plus exceptionnelles contributions à l’histoire du cinéma.
En détournant pour en faire notre titre celui d’un bref article de Serge Daney paru en 1988 dans Libération, à l’heure où le critique matait le cinéma depuis la télévision pour voir comment il passait encore par là, nous voulons tout juste rappeler, plus précisément reformuler en deux mots, une évidence. Des reliefs élevés de l’art du cinéma, les films de Ford nous contemplent, vite familiers à ceux qui les découvrent, essentiels à celui qui sait ce qu’il a pu voir et apprendre, aimer du cinéma américain depuis les hauteurs de Ford Point. Qu’est-ce à dire ? Daney le précise à sa manière : le plan fordien dure juste le temps qu’il faut au spectateur pour prendre la mesure de ce qu’il y a à voir. Il faut donc avoir l’œil vif pour saisir la portée d’une ombre, l’apparition d’un nuage, ce qui change sur un visage (d’autant que les gros plans sont rares) dans le tohu-bohu provoqué par une blague de potache, tous ces temps qui passent souvent en un instant dans le plan qui les rassemble pour peser sur tous ceux qui suivent. Le plan fordien murmure ses évidences. Il associe une assurance bien pesée à une inquiétude contagieuse, incidente. Inséparablement.
L’ouverture de La Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) en offre un témoignage, un concentré : chaque éclat (de Ford) porte ainsi en lui, contient déjà, son épiphanie. Le génie du cinéaste ne sait dès lors offrir au regard que les contradictions avec lesquelles il se débat, une succession de vues primitives, fondatrices, beautés torses où nous voyons à la fois naître et se perdre les choses. Le dessin tout entier de l’œuvre semble être suspendu à la mise en scène de ce tourment, une sorte de lutte contre l‘irrémédiable (Nathan Brittles, l’officier joué par John Wayne dans La Charge héroïque – She Wore a Yellow Ribbon, 1949 – en vient à jouer autrement de la montre qu’on lui a offerte à la veille de sa retraite) sous-tendue par une volonté de ne jamais en finir, de contempler le XIXe depuis le XXe. Comme si le cinéma avait été inventé à la jonction de deux âges pour prolonger le précédent, pour retarder l’imminence d’une catastrophe dont le cinéaste sera bientôt le témoin, de Quatre fils (Four Sons, 1928) aux Sacrifiés (They Were Expandable, 1945) du Massacre de Fort Apache (Fort Apache, 1958) jusqu’au dernier plan mémorable du dernier film Frontière Chinoise (Seven Women, 1966).
Né en 1894, John Ford aura eu toute sa vie l’âge du cinéma ou presque, à moins que nous ne soyons tentés de penser l’inverse.
> Un document d'accompagnement écrit par Charlotte Garson sera disponible à l'accueil du cinéma durant la rétrospective (retrouvé ce texte en cliquant ici).
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> Conférence de Jérôme Baron
"Ford : aussi une question de forme"
Mercredi 19 décembre à 19:00 (entrée libre)
> Écouter la conférence en ligne en cliquant ici.
> Conférence de Cécile Gornet
"Les westerns de John Ford, une réflexion sur l’écriture de l’histoire"
Samedi 12 janvier à 19:00 (entrée libre)
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// WESTERN
La Chevauchée fantastique (Stagecoach)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 17/12 20:30 * - - samedi 22/12 15:00 - - mardi 25/12 16:30 - - samedi 29/12 14:00
* Séance Vidéodrome, suivie d'une analyse filmique et d'un débat proposés par Antoine Bourg (à écouter en cliquant ici)
La Poursuite infernale (My Darling Clementine)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - jeudi 3/01 20:30 - - mercredi 9/01 16:45 - - dimanche 13/01 14:15 - - vendredi 18/01 18:45
Le Fils du désert (Three Godfathers)
35 mm
- - mercredi 2/01 16:30 - - mercredi 9/01 14:00 - - dimanche 13/01 18:30
La Prisonnière du désert (The Searchers)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - dimanche 16/12 16:00 - - mardi 25/12 20:30 - - lundi 31/12 18:00 - - vendredi 11/01 14:15 (VF)
Les Deux cavaliers (Two Rode Together)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - samedi 5/01 20:45 - - lundi 14/01 18:45 - - vendredi 18/01 16:30
// L'OMBRE DE LA GUERRE
Rio Grande
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 24/12 18:15 - - lundi 31/12 20:30 - - mardi 1/01 18:30 - - samedi 5/01 15:00
Les Cheyennes (Cheyenne Autumn)
35 mm
- - vendredi 21/12 18:30 - - dimanche 30/12 20:30 - - vendredi 4/01 16:00
Frontière chinoise (Seven Women)
35 mm
- - mardi 25/12 14:30 - - vendredi 28/12 21:00 - - dimanche 6/01 16:30
// GOING WEST
Vers sa destinée (Young Mister Lincoln)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - dimanche 23/12 14:15 - - jeudi 27/12 21:00 - - vendredi 4/01 18:45
Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - samedi 22/12 20:45 - - mardi 1/01 14:00 - - lundi 7/01 18:15
Le Soleil brille pour tout le monde (The Sun Shines Bright)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - dimanche 23/12 16:15 - - dimanche 30/12 16:00 - - mercredi 2/01 20:30
L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 24/12 16:00 - - mardi 1/01 20:30 - - jeudi 3/01 18:15 - - lundi 7/01 20:45
// DREAMLAND
Qu'elle était verte ma vallée (How Green Was my Valley)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - vendredi 4/01 20:30 - - vendredi 11/01 17:45 - - mercredi 16/01 20:45
L'Homme tranquille (The Quiet Man)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 7/01 16:00 - - jeudi 10/01 20:30 * - - mercredi 16/01 18:30
* Jeudi 10 janvier à 20:30 : suivi d'une leçon de cinéma de Willy Durand (éditions WARM)
Mogambo
35 mm
- - jeudi 10/01 16:15 - - dimanche 13/01 16:15 - - jeudi 17/01 20:30
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La Chevauchée fantastique (Stagecoach)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 17/12 20:30 * - - samedi 22/12 15:00 - - mardi 25/12 16:30 - - samedi 29/12 14:00
* Séance Vidéodrome, suivie d'une analyse filmique et d'un débat proposés par Antoine Bourg (à écouter en cliquant ici)
La Poursuite infernale (My Darling Clementine)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - jeudi 3/01 20:30 - - mercredi 9/01 16:45 - - dimanche 13/01 14:15 - - vendredi 18/01 18:45
Le Fils du désert (Three Godfathers)
35 mm
- - mercredi 2/01 16:30 - - mercredi 9/01 14:00 - - dimanche 13/01 18:30
La Prisonnière du désert (The Searchers)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - dimanche 16/12 16:00 - - mardi 25/12 20:30 - - lundi 31/12 18:00 - - vendredi 11/01 14:15 (VF)
Les Deux cavaliers (Two Rode Together)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - samedi 5/01 20:45 - - lundi 14/01 18:45 - - vendredi 18/01 16:30
// L'OMBRE DE LA GUERRE
Rio Grande
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 24/12 18:15 - - lundi 31/12 20:30 - - mardi 1/01 18:30 - - samedi 5/01 15:00
Les Cheyennes (Cheyenne Autumn)
35 mm
- - vendredi 21/12 18:30 - - dimanche 30/12 20:30 - - vendredi 4/01 16:00
Frontière chinoise (Seven Women)
35 mm
- - mardi 25/12 14:30 - - vendredi 28/12 21:00 - - dimanche 6/01 16:30
// GOING WEST
Vers sa destinée (Young Mister Lincoln)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - dimanche 23/12 14:15 - - jeudi 27/12 21:00 - - vendredi 4/01 18:45
Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - samedi 22/12 20:45 - - mardi 1/01 14:00 - - lundi 7/01 18:15
Le Soleil brille pour tout le monde (The Sun Shines Bright)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - dimanche 23/12 16:15 - - dimanche 30/12 16:00 - - mercredi 2/01 20:30
L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 24/12 16:00 - - mardi 1/01 20:30 - - jeudi 3/01 18:15 - - lundi 7/01 20:45
// DREAMLAND
Qu'elle était verte ma vallée (How Green Was my Valley)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - vendredi 4/01 20:30 - - vendredi 11/01 17:45 - - mercredi 16/01 20:45
L'Homme tranquille (The Quiet Man)
NUM • VERSION RESTAURÉE
- - lundi 7/01 16:00 - - jeudi 10/01 20:30 * - - mercredi 16/01 18:30
* Jeudi 10 janvier à 20:30 : suivi d'une leçon de cinéma de Willy Durand (éditions WARM)
Mogambo
35 mm
- - jeudi 10/01 16:15 - - dimanche 13/01 16:15 - - jeudi 17/01 20:30
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